Croix de bois, croix de fer...

Un phallus qui se balance est-ce-que ça hypnotise ?

Il fulmine.

Je ne sais pas pourquoi, je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, pourtant je le ressens dans tout mon corps. Cela résonne dans ma tête depuis des jours maintenant. Caym est énervé, mais vraiment énervé ! Mais cette fois je sais que ce n'est pas ma faute, du moins j'en suis presque certain. Quelque chose se passe depuis qu'il m'a abandonné dans cette fichu boutique où j'ai dû partir avec mon achat involontaire qui est toujours dans son sac, caché au fond d'un de mes tiroirs, là où j'espère ne jamais remettre la main dessus. Un jockstrap... Non, mais sérieusement, ce démon a vraiment un souci s'il pense que je vais me trimballer avec ça pour séduire qui que ce soit.

Bref, ce n'est pas le sujet du moment. Non, le problème c'est que, comme Caym est sur les nerfs, je suis sur les nerfs. Et ça, je crois que ça commence à emmerder tout le monde autour de moi. À commencer clairement par Noël qui s'est barré chez ses parents il y a deux jours pour « prendre l'air ». Mon cul ouais, prendre l'air dans une des villes les plus pollué du pays alors que l'on vit à la campagne. Du gros foutage de gueule si on veut mon avis. Mais ça, ce n'est rien comparé à la deuxième personne qui n'en peux plus de mon humeur de chien. Enfin si on peut appeler ça une personne...

Je fixe le sexe nu qui se balance devant moi à chaque mouvement de son propriétaire.

— Il faut que tu fasses quelque chose ! Je n'en peux plus moi, de me retrouver à bouffer la salade de Turlutte ! Appelle Caym une bonne fois pour toute, oblige-le à se montrer et régler le problème pour que tout redevienne comme avant.

Je n'écoute pas vraiment les paroles de Popol, trop occupé à me demander si tous les démons sont munis d'un engin aussi... comment dire ? Inhumain ? Ouais ça doit être le mot approprié.

Je ne sais pas comment j'ai fait ces derniers jours pour oublier que Popol, ou devrais-je dire Appolyon, est en réalité un démon, mais tout m'est revenu sans grande difficulté quand ce dernier s'est retransformé devant moi alors que je m'énervais légèrement sur sa boite de conserve de bouffe pour chat qui pue. Bon, légèrement est un petit mot, j'ai peut-être —ok, c'est même sûr— pris un marteau pour frapper dessus à plusieurs reprises quand toutes mes autres options se sont envolées. Et peut-être aussi que ce n'est pas le premier jour que cela arrive.

L'agacement de Popol est légitime quand, depuis plusieurs repas de suite, je me suis rabattue sur la laitue et autres légumes de Turlutte pour lui. Mais je plaide non coupable sur mon état, si je n'arrive pas à ouvrir ces fichues boîtes c'est que je suis tellement une boule de nerfs que tout ce que je touche, se pète ! Les petits trucs de merde au-dessus des boîtes, qui servent d'ouverture et dont personne ne connaît le nom, se sont toutes arraché en essayant de les ouvrir et l'ouvre boîte qui se trouvait depuis je ne sais combien de temps au fond d'un placard n'a tenu qu'une dizaine de secondes avant de se casser entre mes doigts. Le marteau m'a semblé la meilleure solution aujourd'hui ! Après avoir testé le rouleau à pâtisser, une casserole, un livre de recette... Enfin tout ça pour dire que rien de fonctionne ! Et que j'ai aussi eu la flemme de sortir faire des courses et d'acheter quelque chose de beaucoup plus simple à ouvrir. Vu mon état je serais capable d'insulter une petite vieille qui voudrait me passer devant à la caisse du supermarché — une fois ça suffit, je préfère ne pas être de nouveau bannie d'un magasin.

Donc pour en revenir à l'anatomie du démon qui me sert d'animal de compagnie quand celui-ci daigne rester en chat...

— Appolyon !

Le grondement résonne dans toute la maison avant que le propriétaire de la voix n'apparaisse, dos à moi, me coupant la vue et également les pensées que j'avais sur le sexe de Popol. Ce dernier jure d'ailleurs quand Caym se montre. Il voulait que je l'appelle, certes, mais clairement quand il serait loin de moi, probablement caché sous mon lit.