Chapitre 3

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- Je vois, finit la voix de Senku. De notre côté, on a entamé la construction d'une machine pour voler dans le ciel. On aura fini d'ici quelques jours. 

Je ne sais pas vraiment ce qui est passé par la tête de Chrome, mais à ce moment là, il a commencé à hurler tout en sortant de l'observatoire. Il s'est mit à courir, vers je pense l'endroit où était Senku. Oui, ça me semble logique. Je sais maintenant à quel point il est intéressé par tout ce que ce type fait. 

Perdue, je demande à Ukyo de m'expliquer. 

- Senku veut trouver du pétrole pour alimenter un bateau. 

- C'est quoi du pétrole, comment ça pourrait alimenter un bateau, et pourquoi est-ce qu'il veut fabriquer un bateau ? 

- Ah... excuse-moi. Le pétrole est un combustible, et on a besoin d'un bateau pour trouver la source du rayon qui a pétrifié l'humanité il y a 3 700 ans. Je ne suis pas scientifique, je ne peux pas te donner plus de détails désolé. 

Je reste pensive un instant, avant d'opiner du chef. Je crois que je saisis peu à peu ce qu'il se passe, mais je pense avoir besoin de discuter avec Senku pour tout clairement comprendre. J'ai comme l'impression d'être une étrangère, alors que je viens de rentrer dans mon village ! Je descend de l'observatoire, et remarque que Aki n'est plus là. Il y a deux explications possibles. Soit il a accompagné Chrome pour qu'il arrive plus vite à destination, soit il a trouvé une copine en chaleur. Ou alors c'est les deux en même temps. Dans les deux cas, je ne le reverrais pas avant plusieurs jours. 

- Ca va ? me demande la voix douce de Ukyo derrière moi. Tu pleures. 

J'ai oublié qu'il était encore là. Comment ça je pleure ? Je porte mes doigts à mon visage, et constate qu'en effet, j'ai le visage plein de larmes. Ca fait quatre ans que je n'ai pas pleuré, et depuis ce matin, ça n'arrête plus. 

- Quelque chose ne va pas ? Tu peux le dire, ça fait toujours du bien de parler. 

- Non, tout vas bien, je répond après un instant d'hésitation. Je vais rentrer chez moi faire le ménage et dormir. Ca doit être plein de poussière haha. 

Je finis avec un rire forcé, je suppose que Ukyo l'entend. J'en ai tellement marre de ma faiblesse mentale, la solitude est vraiment mon seul échappatoire. Je saute les dernières barres de l'échelles et retourne dans ma petite cabane, qui n'est vraiment pas loin. Ca n'a pas changé. On dirait bien que personne n'est venu depuis mon départ. 

J'ai fabriqué moi-même ma cabane dans les arbres, et j'en suis plus que fière. Elle aussi m'a beaucoup manqué. Elle a été très complexe à construire, mais Kaseki m'a beaucoup aidé en ce qui concernait l'escalier. Il tourne autour du tronc, et monte jusqu'aux branches solides de l'arbres. Mon habitation est constituée de deux pièces. L'une où je dors, plus petite, et remplie de différentes peaux de bêtes que j'ai moi même tannées. Il n'y a rien de plus confortable. Dans l'autre pièce, je conserve toutes les plantes que j'ai amassées dans des pots en terre cuite remplis de terre que j'arrose d'habitude tous les jours. 

Je suis étonnée qu'elles soient toujours en vie, elles auraient dû mourir depuis longtemps, puisque je suis partie. Mais non, elles se portent très bien. Tout est comme je les avais laissées, elles sont juste plus développées. En revanche, ce qui a bien prit la poussière, ce sont toutes les peaux qu'il y a dans l'autre pièce. Je n'ai pas d'autre choix que de toutes les sortir et les mettre sur ma petite terrasse pour leur faire prendre l'air frais, ainsi que le soleil. 

J'ai toujours été attristée que Aki ne puisse pas venir avec moi en haut de la cabane, mais ça n'a jamais semblé le déranger. Je lui ai fabriqué de quoi s'abriter lors des intempéries, et il s'en contente. Il faudra un jour qu'il arrête de m'être aussi reconnaissant, j'ai presque l'impression de l'exploiter. Il fait sa vie, certes, mais il me protège, me porte, chasse pour moi... et c'est énorme. 

Je descend de la cabane, et me rend jusqu'à la rivière toute proche, celle qui se jette dans le lac du village Ishigami. Je puise de l'eau, et me lave la figure. Je suis fatiguée, ma pauvre petite tête a du mal à suivre. D'autant plus que mentalement, je pète vite les plombs. Et quand je pète les plombs, je m'enfuis. C'est comme ça que je fonctionne, et il faut que ça s'arrête. Peut-être que Ukyo a raison, qu'il faut que je parle aux autres de mes problèmes ? 

Je chasse ces idées, et rempli la deuxième bouteille avant de remonter en haut. 

Je secoue encore les peaux une par une, et les remet à leur place, pour enfin m'allonger sans perdre de temps dessus. Je m'étale de tout mon long, en écartant grand les bras. Je profite de l'instant laissant les derniers rayons filtrés par les feuilles de l'arbre en hauteur caresser ma peau bronzée. Je n'ai pas remarqué à quel point le temps a filé, la fin d'après midi est bien présente. Je me relève et brosse mes cheveux, ceux-ci sont complètement emmêlés. J'en ai marre, ils sont bien trop rebelles. 

Alors que je m'apprêtais à me coucher, une petite voix se fait entendre d'en bas : 

- Hana ? Je suis désolée de te déranger si tard, mais est-ce que tu as faim ? J'ai des ramens. 

A partir du moment où elle m'a demandé si j'avais faim, j'ai relevé la tête. je ne sais pas ce que sont des "ramens" mais si Suika me les propose, c'est forcément bon. Je sors de ma cabane, et invite la petite pastèque à me rejoindre. Son bol fumant entre les mains, elle monte jusqu'à moi, et me le tend une fois sur la terrasse. Je le prend et l'invite à rentrer. Au lieu de ça, elle s'accroche à ma taille me serrant fort dans ses petits bras. 

- Tu m'as manqué, Hana. 

Je pose le bol sur la table en bois, et m'abaisse à sa hauteur. Je ne vois pas ses yeux, mais je regarde chaque éraflure de son casque. 

- Toi aussi Suika. Je te le promet à toi aussi. Je ne partirais plus jamais aussi longtemps, tu as ma parole. 

La petite fille me lâche et commence à redescendre. Elle me regarde encore une fois, et me dit ces mots qui achèvent mon pauvre petit cœur que je maltraite : 

- C'est Iwa qui s'est occupée de tes fleurs, j'ai pris le relais quand elle me l'a demandé. 

Une larme dévale ma joue, et je la remercie du fond de mon cœur meurtri. Une fois qu'elle est partie, je m'attaque au bol fumant et dégageant une délicieuse odeur. Je goûte et trouve ça superbement bon. C'est de loin la meilleure chose que j'ai jamais mangée, j'en perd mes mots. 

Ce Senku a vraiment changé nos conditions de vies, Chrome ne mentait pas. 

Ayant fini ma dégustation, je pose le bol à un endroit au hasard, me disant qu'il faudra que je me rappelle demain qu'il faudra que je le rende à Suika, puis je me couche cette fois-ci définitivement. 


Nounouch. 

Vers de nouveaux horizons (Ukyo Saionji x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant