Vers de nouveaux horizons (Ukyo Saionji x OC)

Chapitre 9

Quand je me réveille, une couverture est posée sur mon corps, et un feu a été allumé près de ma personne. Quelques braises en témoignent. Je ne me demande même pas comment cette fichue couverture et ce feu ont pu atterrir ici, que je me lève, range le peu d'affaires qui sont sorties, et redescend en direction du pied de la montagne. 

Je déteste cette sensation de ne rien décider de mon propre chef, je ne peux rien faire du tout. 

Le soir je continue de marcher, et ne m'arrête même pas pour dormir. C'est donc au petit matin que j'arrive au village d'Ishigami, mon corps tout aussi épuisé que mon mental. J'ai passé deux jours à marcher sans me reposer, et lorsque j'arrive au village, je me dirige d'abord vers l'observatoire de Chrome, qui est aussi celui de Senku. Je viens le prévenir de mon retour, sûrement. Je ne vois pas ce que je viendrais y faire sinon. 

Je grimpe à l'échelle, et monte dans la cabane. Je toque sur la porte en bois, et c'est un Senku déjà réveillé qui m'ouvre. 

- Ah tu es enfin de retour, ça fait quatre jours que tu es partie tu sais. 

Je voudrais répondre, mais ma bouche ne s'ouvre pas. Je ne peux rien dire ni faire, il n'y a rien de plus frustrant. 

- C'est pas grave, dit le scientifique. On t'attendais justement. On a créé une carte, et tu vas pouvoir nous donner des détails. 

Le vert commence à rentrer dans la petite cabane, pour aller réveiller son ami brun. Il en ressort rapidement, et me fait signe de le suivre. Je m'exécute sans réelle conviction, ou du moins, elle ne se montre pas sur mon visage. Je suis intérieurement curieuse de voir cette carte, et à quel point elle ressemble à ce que j'ai moi-même pu observer. J'avoue que l'idée d'en créer une m'a déjà effleuré l'esprit, mais je ne suis jamais arrivée à un résultat correct, peut-être à cause du fait que je n'ai jamais vraiment pu avoir de vision d'ensemble. 

Allez ! Souris, ne serait-ce qu'un tout petit peu ! Montre à Chrome que tu es intéressée par son travail ! Montre lui que tu es fière de lui ! Il en a besoin après tes absences ! 

Mais non, rien de tout cela. Je n'arrive pas à parler, je n'arrive pas à sourire. Ma bouche est comme scellée. Il m'est impossible de l'ouvrir, ne serait-ce que pour respirer. 

La carte devant moi est vraiment intéressante, et très détaillée. Elle correspond parfaitement à tout ce que j'ai pu observer de mes propres yeux, du troupeau de moutons au gisement de l'or noir. 

- Alors Hana, ça correspond à ce que tu as exploré ? 

J'hoche doucement la tête, incapable de sortir le moindre son. Je sens une main sur mon épaule, et tourne lentement mon visage vers le propriétaire de ce membre. Son visage est soucieux, il fronce fortement les sourcils. 

- Hanami. Est-ce que tu es sûre que ça va ? 

Ukyo. Tu n'aurais pas dû venir, ma rage, ma haine et ma colère sont toutes tournées vers toi, tu vas en prendre plein la figure. 

- T'as ruiné ma confiance, dis-je simplement en dégageant violemment sa main de mon épaule. 

Puis je tourne les talons, sortant de la petite cabane où se trouve la carte, en entendant un léger "C'était à prévoir" de la part de Gen. Puis Chrome vient rapidement me rattraper en me disant que l'on partirait demain aux aurores vers "L'ancien Empire de Tsukasa". Ils parlent souvent de lui, mais je ne sais absolument pas qui c'est. 

Je m'étonne moi-même. Ma voix était rauque d'avoir tant hurlé il y a deux jours, puis n'avoir sorti aucun mot depuis, mais je pensais que j'allais lui crier plus de choses blessantes. Ukyo, si tu savais à quel point je ne pense pas un seul mot de tout ce que j'ai pu te dire ces derniers jours, je te suis en réalité tellement reconnaissante d'avoir voulu veiller sur moi. 

Mais ces mots ne voudront pas sortir avant un long moment. Je me dirige vers ma cabane, et je monte pour aller m'étendre dans ma "chambre". S'en est pas vraiment une, mais elle joue le même rôle. C'est plus un dépôt de fourrures dans lequel je dors. 

Je m'assoupis rapidement, pour plonger dans un très profond sommeil. 

Les flammes m'entourent, et font barrière entre le lionceau et moi. Je ne peux pas concevoir le fait qu'il finira carbonisé si je n'intervient pas. Je rassemble tout mon courage, et prend un peu d'élan pour sauter à travers les flammes. Une fois de l'autre côté, je soupire un long moment en me disant que j'ai été idiote, je ne pourrais pas repasser ce mur brûlant avec l'animal dans mes bras. 

Enfin, c'était ce que je croyais. Je me dis que quitte à mourir brûlée, autant tenter le tout pour le tout. Alors je saute quand même, et traverse le mur de feu. Je perd conscience pendant un moment, puis je lâche un hurlement de douleur. Mon bras me fait horriblement mal, c'est insupportable. 

J'ai mal, j'ai mal, j'ai mal... 

Ces mots tournent dans ma tête pendant le long moment où je continue d'hurler ma douleur. 

- Hana ! 

J'entends des voix. C'est mon prénom, mais qui peut bien m'appeler ? 

- Hana ! Hana regarde moi ! 

Mon bras semble enlevé du feu, puis je me sens portée pour être éloignée de la source de chaleur. Je suis loin du feu. Puis quelqu'un verse de l'eau sur mon bras, ce qui m'apaise un moment. 

- Hana ! Hana réveille toi ! 

J'ouvre subitement les yeux, et fait face à Chrome penché au dessus de ma tête. 

Nounouch.