- Clay !
Je suis incapable de bouger, mon corps se consume de l'intérieur. J'ai l'impression qu'un incendie a élu domicile dans mon cœur. La totalité de mon corps est tendue, je serai capable de compter mes muscles un à un. Mes mains forment un étau sur le comptoir. Je sers les dents en attendant que ma colère passe. C'est insupportable pour moi de la voir partir avec ce mec qui n'a rien pour lui. Hanna a besoin d'un biker, d'un homme un vrai, pas d'un petit-fils à papa qui croit que tout lui est du. Je resserre une fois de plus mes mains sur le comptoir pour tenter de ravaler ma colère. J'ai à peine le temps de tenter de me remettre les idées en place qu'une gifle monumentale me fais vriller la tête. Je me remets sur mes deux pieds et je me retourne vivement, cherchant qui a oser faire ça. Je découvre Léna un index accusateur lever vers moi. Elle bout littéralement de colère. Je tente de reprendre pied avec la réalité quand le son de sa voix me parvient enfin.
- Tu vas la laisser tranquille.
Je n'ai pas le temps de surenchérir qu'elle m'arrête en armant à nouveau sa main, prête à m'en coller une seconde.
- Crois-moi, tu vas le faire, sinon je me chargerai de toi personnellement.
Léna est en rage. Elle a les mâchoires serrées et les muscles tendus. Elle bout et je sais que si je dois l'arrêter, elle m'en décochera une nouvelle. Pourtant, à cet instant précis, c'est le vide dans ma tête, j'entends ces mots et tout ce dont elle m'accuse, mais je n'arrive pas à être percuté par ça. Mon esprit est encore préoccupé par Hanna et ce foutu rencard auquel je n'aurais jamais dû assister. Je plonge à nouveau dans le regard de Léna. La lionne est de sortie.
- Tu as choisi de l'abandonner, tu l'as laissé seule dans sa détresse parce que tu es incapable de penser à quelqu'un d'autre que toi. Parce que tu es un connard d'égoïste qui croit qu'il n'y a que toi qui es capable de souffrir. Tu sais ce qu'elle a vécu, tu le sais, mais non... Tu as choisi de réagir une fois de plus comme tu le fais d'habitude. C'est un miracle que Léanna est réussi à te faire confiance.
J'allais ouvrir la bouche, mais Léna ne m'en laisse pas l'occasion, elle continue de décharger sa haine.
- C'est facile, Hein, Dude', il est facile d'oublier à quel point elle est brisée. Elle sourit en permanence, elle est forte, mais tu le sais, tu le sais quand tu la regardes que plus jamais elle ne sera la même qu'avant. Plus jamais tu l'entendras rire comme avant, plus jamais tu verras ses yeux s'éclairer comme avant, plus jamais tu l'entendras parler de ses rêves, parce qu'elle croit qu'elle n'y a plus le droit. Plus jamais tu verras cette flamme s'allumer quand elle monte sur sa bécane, puisqu'il lui ont tout pris. Ils lui ont tout enlevé. Ils se sont donné le droit de tout lui enlever, ils se sont donné le droit de la briser. Alors Dude' si tu n'es pas là pour l'aider, passe ton chemin et cesse d'essayer de l'approcher. Elle n'a pas besoin d'un énième connard qui brille par sa lâcheté.
Je ravale difficilement ma salive lorsque Léna arrive à la fin de sa tirade. Elle a raison sur beaucoup de choses. Je ne peux lui enlever que notre première dame sait être observatrice. Je sais que je ne devrais pas m'approcher d'Hanna mais c'est plus fort que moi. Je n'arrive pas à maitriser ce qu'il se passe en moi quand je la vois. Je frappe le comptoir d'un point rageur ce qui a pour fonction de remettre tout le monde en ordre de marche. Nath pose un shot sur le comptoir devant Léna qu'elle avale d'un trait sans même sourciller. Speedy continue le service des quelques personnes encore présentent dans le bar et je n'ose même pas bouger. Nath s'approche de moi et pose une main sur mon bras, délicatement, elle me fait pencher vers elle. Elle dépose un baiser sur ma joue avant de me chuchoter :
- Dude, c'est bon rentre. Je gère avec Speedy.
Je hoche la tête comme simple réponse. Je me retourne et parcours le couloir de nos anciens bureaux. Instantanément, les souvenirs de cette nuit-là me reviennent en tête. Je ne me laisse pas envahir par cette vague de nostalgie. Je sais que je n'ai pas le droit de prétendre à quoi que ce soit. Hanna était le miracle que je n'attendais plus. Assez forte pour gérer notre monde, assez impétueuse pour ne pas avoir peur, mais tellement indépendante. Pourtant, je l'ai laissé filer. Je n'ai pas le droit de prétendre à quoi que ce soit, ces putains de rencard vont me rendre dingue, néanmoins, je sais que je n'ai pas le droit de prétendre à quoi que ce soit. Elle n'est pas mienne, elle n'est pas ma propriété, elle n'est pas ma régulière. Léna a raison, je lui fais plus de mal qu'autre chose. J'attrape mon casque dans l'ancien bureau de Math et je fonce à ma bécane. La seule chose dont j'ai besoin, c'est de rouler. Je sors du StreetRide et enfourche ma Softail. Je fais vrombir son moteur et instantanément, ce son me fait un bien fou.
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Tome 4 // Angels Of Hell : Phoenix
RomanceHanna : On sait tous ce que ça nous coute de mettre les pieds dans ce monde. Certains y laisse leur part d'humanité, d'autre y laisse une partie d'eux même, et d'autre, comme moi, y laisse tout. La seule question que je me pose, c'est comment me r...