Connais-tu la différence entre un héros et un vilain ?

Un joli sourire.

Une odeur de pain fraîchement sorti du four. Le bruit d'une coquille d'œufs se brisant au contact du saladier. Le fouet s'agitant énergiquement pour mélanger la préparation. Une voix aussi douce qu'une brise de printemps fredonne quelques paroles.

De ses mains blanches, le verdâtre prépare comme chaque matin le petit-déjeuner. Ses pupilles émeraudes ne quittant pas son colocataire qui semblait dormir, Izuku remarque les marques de lèvres qui s'accrochent vainement au corps de Toya. A cette vue, son cœur continua de se déchirer malgré le masque rayonnant de son visage. Il laisse la préparation cuire pour s'approcher de l'être de ses envies avant de caresser avec amour la tignasse charbonneuse du plus âgé. Ses lèvres tentatrices l'appelant, Izuku frôla ces dernières du bout du pouce avant de jouer distraitement avec. Il ne remarque pas le regard saphir l'observer doucement, ni même la main rugueuse s'approcher de son visage potelé. Et il ne sent encore moins l'odeur de la nourriture commençant à brûler.

L'esprit ailleurs, Izuku semblait dans un autre monde, sûrement bien plus heureux que dans celui dans lequel il vit. Un rayon lumineux l'aveugle durant un quart de secondes avant qu'une personne ne se matérialise devant ses yeux. Une femme. Elle semble fatiguée. Ses pieds ne touchent pas le sol. Elle est assise sur une chaise à bascule. Ses cheveux sapin relâchés, ils encadrent son visage rond tout en cachant la couleur de ses prunelles. La femme regarde vers l'horizon, comme inquiète d'une chose.

Le verdâtre s'approche avec prudence et remarque qu'à chaque pas qu'il fait l'environnement autour de lui change afin de créer un paysage beaucoup trop familier à son goût. La voix de l'inconnue s'éleva également à chaque pas mais, avant d'atteindre son objectif, il tomba dans un trou sombre et sans fin.

La réalité l'ayant rattrapé, le plus jeune rencontre avec surprise le regard de Dabi qui devait le scruter depuis un moment. Son torse dénudé était découvert du drap blanc du lit tandis que sa chevelure de jais retombaient sur son visage. Un sourire carnassier, quoique doux et empli d'amour, encadra son sourire. Sa main triturant les boucles rebelles du verdâtre, il l'observe avec douceur s'éveiller de son absence mentale.

– Je ne sais pas ce que tu étais en train de préparer Izu, mais ça sent le cramé maintenant.

Cette remarque fait tiquer le plus jeune qui, dès l'information en tête, se précipite vers ses préparations lâchement abandonnées. S'agitant dans tous les sens pour sauver de quoi remplir leur estomac, il ne remarque pas les prunelles saphirs du plus âgé le scruter avec tendresse, quoique agrémenté avec malice, ni même le sourire niais illuminant son visage. 

Un joli sourire, pourtant si rare sur le visage habituellement fermé du brûlé. Agrémenté d'un fin rougissement gêné.

Un cœur battant la chamade à l'idée d'avoir pu toucher cette touffe verdâtre, d'avoir frôlé la peau laiteuse du plus jeune. Il était fou de lui, oui. Et il fera tout pour le protéger.