OS5-Le voleur de corps-4

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Deux semaines passent sur ce rythme. Malgré plusieurs averses sur les trajets, je ne regrette pas mon choix de me déplacer en vélo. Au lycée, les gens m'ignorent plus qu'ils ne me malmènent et Celia mange avec moi à la cantine. Nous sommes devenus amis, j'ai eu envie de lui parler du vol et puis je me suis dégonflé à quoi bon ! Elle ne me croira pas !

Elle m'a avoué qu'elle déteste sa pauvreté, et souffre beaucoup de la méchanceté des autres. Ils se moquent d'ailleurs beaucoup de nous deux, avant de se lasser. En journée, nous n'avons pas du tout les mêmes horaires puisqu'elle est en seconde et moi en première.

De loin, je vois Barnabé qui s'amuse avec mes anciens amis, qui ne se sont rendus compte de rien. Je n'ai jamais aimé les boissons gazeuses, lui en boit dix par jour. Je me sens trahit par leur aveuglement, le même que celui de mes parents. Finalement, la seule personne attentive, c'est Maria, la tante d'Alistair.

Elle est sympa et a tenu parole en récupérant les invendus de fruits du supermarché.

Mon uniforme flotte, ce qui ne m'arrange pas spécialement, car je n'ai pas d'argent pour une nouvelle tenue. Après des essais au centre social, j'ai la confirmation que j'ai perdu plusieurs tailles. Par chance, j'ai trouvé d'autres pantalons et d'autres chemises blanches.

La nouveauté, étrange et bien agréable, c'est le regard de Damian, que j'ai l'impression de voir sur moi souvent.

Est-ce parce qu'il déteste les gros ?

En tant que Barnabé, je n'avais jamais croisé son regard.

J'ai fait des recherches internet sur le père d'Alistair, un scientifique surdoué, qui a été admiré puis critiqué pour ses théories farfelues de voyage dans le temps. Je ne sais pas s'il a vraiment trouvé le voyage dans le temps, mais il a trouvé le moyen de voler des corps. Le cauchemar serait que le scientifique soit bien vivant lui aussi, occupant le corps d'un autre. J'ai essayé d'obtenir des copies de ses travaux, sans réussir.je n'ai rien trouvé pour l'instant.

Avec Joseph nous avons bricolé et réparé les grandes portes de la résidence. Je suis motivé, car ensuite je disposerais d'un terrain de basket pour m'entrainer.

Les semaines passent encore, et j'ai eu ma première paye du centre social.

***

Barnabé est dans ma classe, pour l'instant il se contente de m'ignorer. Tout comme Damian d'ailleurs. Mais les choses se sont gâtées aujourd'hui, nous sommes en sortie scolaire et j'ai surpris Barnabé qui fouille dans le sac de Gladys. J'ai protesté, sans réfléchir, refusant que mon corps se comporte mal. Il m'a tiré dans les buissons, brutal, il est bien plus fort que moi. Il me serre le col de la chemise et me soulève furieux.

─ Tu voulais quoi gras-double ?

─ Tu as de l'argent de poche, pourquoi voler Gladys ?

─ Ta conne de mère m'a coupé les vivre, car je ne range pas. Tu sais quoi je viens d'avoir une idée géniale. Je vais te faire accuser demain, tu en penses quoi ?

─ Je dirai la vérité et peut être qu'on me croira. Je ne me laisserai pas faire !

Nous sommes en pleine bagarre et je sors en courant du buisson terrifié, pour heurter un mur qui me rattrape. Barnabé s'est arrêté penaud, face à Damian qui m'a retenu et me dévisage surpris. Je ne l'avais jamais vu d'aussi près. Malgré l'horreur de ma situation je suis heureux malgré moi.

─ Vous faites quoi tous les deux ?

Il s'est attardé sur mes traits, qu'est-ce qu'il a vu ?

J'ai foncé aux toilettes des homme pour me rafraichir et oublier la menace de Barnabé. Je me détaille dans le miroir, qu'est ce qu'il a vu ? Je trouve que la peau claire d'Alistair et ses cheveux dru c'est pas mal. Je n'avais jamais remarqué, mais il a un visage en cœur mignon, moins bouffi et pour une fois je ne suis pas couvert de sueur.

OS DE SF - L'univers des Markalan et autres histoires- BLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant