Sanvisage ~ Le Détenteur

4.1 Le mage de Lumière

PDV Nélya

L'évadé a dormi toute la journée.  Nous attendons qu'il se réveille.
Korzan ouvre brusquement les yeux et se redresse. Il s'affole et analyse l'endroit avant de se calmer.

- Vous avez fait un malaise, lui expliqué-je. La lune ne tardera pas à se lever. Vous avez dormi toute la journée. Il appuie sa tête contre sa main.

- Vous devez avoir faim. Suivez-moi. Il faut que vous mangiez. Je ne voudrais pas que vous retombiez dans les pommes.

Nous arrivons vers la table. Il y a mon oncle. Il écrit sur son carnet. Ses yeux moroses et son visage terne semblent concentrés.
À quarante ans, il a vécu plusieurs vies, assassin, espion. Il a travaillé pour de mauvaises personnes. Puis, il a rencontré ma tante et il s'est assagi.
Sa robe mage bleue nuit contraste avec sa fatigue extrême tatouée sur sa peau. Il ne parle pas beaucoup, constamment perdu dans ses pensées.

— Tu as entendu les caisses ?

J'attrape une casserole de soupe froide tout en ne laissant pas paraître ma nervosité. Mentir ne servirait à rien mais avouer que j'avais fais tomber une marchandise pour créer une diversion, serait suicidaire.

— Oui, dis-je calmement. J'ai vu que tu étais vers les dégâts... ce n'est pas toi qui les a lâché ? 

Je pose une question bête pour ne pas devenir suspecte... Je verse le reste du liquide dans un bol en sentant le regard de mon oncle braqué sur moi.

Le plat posé, Korzan me remercie et touille la mixture avec sa cuillère. Il n'a pas faim ?

— Désolée, c'est froid...

Il secoue la tête.

— Ce bol de soupe est bien plus décent que les morceaux de pains moisi ou la bouillasse qu'on me jetait en cage.

Je déglutis et m'assois en face de lui.

- As-tu découvert quelque chose ? Lui demande Cassius.

Korzan reste silencieux.

- Si tu ne parles pas, mon beau-frère se fera une joie de te torturer pour obtenir des informations.

- Oncle Cassius. Laisse-lui du temps. Il vient de sortir de prison.

- Vos conseils voilés de menaces ne m'atteignent pas, monsieur, dit soudain Korzan.

Il boit sa soupe d'une traite.

- Je vous expliquerai en temps voulu ce que je sais. D'abord, sortez-moi de la ville.

- C'est prévu, lance une voix dure.

Mon père vient se poster devant nous. Il apparait de nul part. Je me lève de table avec appréhension tandis que Korzan reste placide.

- Dès que minuit sonne, nous partons. Notre capitaine a rassemblé son équipage. Nous avions bien fait de le choisir pour la traverser.

Cassius prend l'information en marmonnant.

Soudain, mon père m'attrape par le bras et nous téléporte sur le toit. Il me lâche. Freus est aussi là. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai appris certaines choses sur cet homme. L'empereur Lodrum le considère comme son plus cher trésor, donc j'ai dû mener l'enquête. Il détient Egalion depuis sa naissance et l'a entraîné au combat pour en faire une machine de guerre. Ce gamin est surpuissant. Et dangereux, ajoute mon père.

- Il n'a jamais été libre donc ça en fait quelqu'un d'imprévisible, commenté-je. Voyons le positif. S'il était enfermé, il n'a aucune loyauté envers Lodrum.