Sanvisage ~ Le Détenteur

5. Bienvenue à Antyk

PDV Korzan

La vie change à des moments inopinés.

Je n'aurais jamais pensé sortir un jour de prison. Encore moins me débarrasser du roi. Enfin, pour l'instant. Les Sanvisage sont facilement sortis de la capitale malgré le nombre de soldats à ma recherche. C'est en partie garce à leur magie de téléportation. Néanmoins, ils ont une organisation et des techniques très professionnelles concernant la fuite et le passage des frontières maritimes. D'après ce que j'en ai vu, leurs titres de commerçants les aident dans leurs transactions. Les marins parlent pendant que d'autres fouettent les voiles avec le vent. Trane Manolys serait marié avec la sœur de la reine d'Antik. Ce qui explique sa popularité auprès de la Haute. Cette famille regorge de mystères. Depuis combien de temps le clan Sanvisage existe-t-il ? Qui sont au courant de leur véritable identité ? Et pourquoi cherche-t-il le Mearystol ? La raison est-elle avare ou alors cache-t-elle une véritable cause ?

J'inspire une bouffée d'air salé et expire longuement.

Cette vaste étendue d'eau devant moi me paraît irréelle. Le soleil se lève à l'horizon, aux teintes orange puis rouge comme les mutilations vermeilles de mes poignets autrefois enchaînés.

Les secousses du navire m'empêchent de dormir. Les vagues s'échouent sur la coque, elles continuent leur chemin dans la mer. Elle est si pâle. J'aperçois des bancs de poissons, l'attroupement ressemble à un nuage aquatique. Puis, l'eau devient plus vivante, presque verte. Les cordes des voiles claquent.

- Attention ! prévient un matelot.

Quelqu'un m'attrape par le chemise et me tire de la rambarde. Je tombe sur le pont, sitôt la bôme passe au-dessus de ma tête. J'aurai pu passer par-dessus bord ! Je me lève en lançant un regard noir au marin.

- Préviens plus tôt la prochaine fois ! hurlé-je.

Le fautif s'enfuit vers le gaillard arrière abandonnant son poste. Quel con !

- Tu n'as pas le sens du danger. Pour l'homme qui est considéré comme la plus redoutable arme de guerre, un bôme t'aurait eu si je n'étais pas intervenue, ricane une voix.

Nélya cache son sourire avec sa main. Ses cheveux volent au vent, à l'unisson de sa robe brune. C'est elle qui m'a sauvé ? Encore ? Je me racle la gorge embarrassé.

- Merci, bafouillé-je.

Je me dirige vers le pont principal. Il y a Freus, assis au milieu du remue des marins.

- Il médite, me souffle une voix.

Je tourne la tête et à quelque centimètre, je rencontre un regard Hazel. Une odeur de fleur et de miel, m'entoure. Elle se recule et éloigne ce parfum. Nélya me fixe espiègle, les bras croisés.

- Il fait ça tous les matins.

- Il maîtrise allègrement son énergie dans ce cas. Et vous ? Vous ne vous exercez pas ?

- Les soirs, ça m'arrive. Mais, mon cousin est imperturbable. Personne ne peut le déconcentrer. Il resterait assis là des heures et des heures sans bouger. Sans que les battements de son cœur n'accélèrent.

Elle pose une main douce sur mon torse. Et d'un coup, elle me pousse contre la barrière.

- Je suis curieuse. Qu'a bien dit mon cousin hier soir pour que tu arrêtes de me tutoyer ?

Freus m'a expliqué ce que prévoit Trane pour l'avenir de sa fille. Tout le monde sait ce qu'elle deviendra, sauf la principale concernée. Son paternel veut la mettre sur le trône de Lorlys. Ainsi, il pourra avoir un contrôle sur le royaume à partir d'elle. Cet homme est comme le roi Lodrum, un manipulateur et un gros connard. Malheureusement pour lui, Nélya ne semble pas se laisser marcher dessus. Quand elle sera reine, il aura du mal à appliquer son plan. Néanmoins, connaissant les vices de la Haute, j'ai peur qu'elle perde à leur jeu de pouvoirs. Qu'est-ce que je raconte ? Je ne la connais pas. Et puis, qu'est-ce que ça peut me faire ? Ce n'est pas ma vie. Vie qu'elle a sauvé... alors que je mérite pas de vivre après les horreurs que j'ai faites. Elle n'est pas au courant, sinon, elle ne m'aurait pas sauvé. Quoique, j'oublie presqu'ils ont besoin de moi.