46. Le complot

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PDV Nélya

Après une longue réflexion, je sais que je ne peux plus ignorer l’invitation d’Orion. L’envie de découvrir ce qu’il a à me dire prend le pas sur mes doutes et mes craintes.

Ce rendez-vous, au milieu de la nuit, résonne comme un piège habilement tendu.
Je reste longuement face au miroir, les traits tendus par l'hésitation. La petite fiole de potion dans ma main dégage un parfum âpre, presque métallique. Ma décision risque de me mettre en danger, mais j'en ai assez de rester confinée à mes appartements, de jouer le rôle de la jeune noble docile, surveillée en permanence par sa gardienne et les gardes.

Orion a demandé à me rencontrer et, j'irai à sa rencontre sans qu’il puisse déceler mes intentions. Même moi je ne les connais pas. C'est de la folie que de le rejoindre. À quoi ça va me servir à part prendre un risque sûrement inutile ?

La nuit est tombée. Les étoiles s’accrochent au ciel, et offrent juste assez de lumière pour se repérer dans les allées silencieuses.
Je jette un dernier coup d’œil à la porte, écoutant attentivement les bruits de pas dans le couloir. Les patrouilles des gardes sont régulières, et ma gardienne devait sans doute somnoler quelque part, pensant que je suis en sécurité pour la nuit.

Sans perdre de temps, je dévisse la fiole et avale la potion d’une seule gorgée. Le goût amer me brûle la gorge, mais je serre les dents, sachant que c’est un mal nécessaire. Les effets sont presque immédiats : une sensation de froid envahit mon esprit, comme si une barrière invisible se dressait autour de mes pensées, me protégeant de toute intrusion.

Je me concentre alors sur la destination : le chantier. Je ferme les yeux, imagine les contours du lieu, les échafaudages, la lueur pâle de la lune sur les pierres. Je me sens glisser, mon corps se fond dans l’énergie éthérée de la magie de téléportation. Un léger vertige me saisit, comme à chaque fois que je traverse les voiles de l’espace.

Le chantier se dessine devant moi, ses contours imposants. Les ouvriers ont quitté les lieux depuis longtemps, laissant derrière eux les ombres mouvantes des échafaudages et des structures inachevées.

Je scrute l’obscurité à la recherche de la silhouette d’Orion. Je n'ai pas à attendre longtemps. Une ombre se détache des piliers massifs, ses pas résonnant sur le sol rocailleux. Orion apparait, son visage éclairé par la pâle lumière lunaire, ses yeux étincelant de cette lueur énigmatique et troublante. Il porte une tenue sombre, simple, qui contraste avec la prestance de la Haute, comme s’il a voulu rappeler qu’il ne se considérait pas tout à fait comme l’un des leurs.

— Impressionnant. Il n’est pas courant de voir une mage de téléportation se déplacer avec autant de discrétion. Je ne savais pas si vous viendriez, dit-il doucement, sa voix se perdant dans la brise du désert.

Je croise les bras, prenant soin de masquer mon trouble derrière une façade impassible. Une alchimie palpable flotte dans l'air entre nous, une tension que je n'avais pas anticipée. Mon cœur s'emballe alors qu'il avance mais je ne recule pas.

— Et pourtant, vous m’avez tendu cette invitation. Quel est votre but, Orion ? Pourquoi m'attirer ici, au milieu de la nuit ?

Il ne répond pas immédiatement. Il laisse le silence s'étirer entre nous. Je cherche à déchiffrer la véritable nature de son sourire au coin. Se moque-t-il de moi ? Je sens une pointe de colère monter, je la maîtrise en serrant le poing.

— Si vous êtes un espion, vous êtes vraiment lamentable.

Maîtriser ? Je me ment à moi-même.
Orion éclate d'un rire doux, presque inaudible. De ce fait, je ravale ma colère.

Sanvisage ~ Le DétenteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant