Chapitre 23 :

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Je me réveillais quelques heures après la tête sur le torse à Connor. Il dormait toujours. Je baillais généreusement et je le sentis bouger. Je me redressais sur un bras et admirais son visage, ses traits fins et les lignes somptueuses de ses lèvres. Je secouais la tête. Non, je ne pouvais pas, je ne devais pas. Je me souvins alors de la phrase d'hier. « On aura une discussion, demain, mon Steven. ».
De un, il voulait me parler, ce qui m'inquiétait légèrement même si je ne voyais pas de quoi on pouvait discuter. Ah si, peut-être que je savais. De nos moments charnels, mais je n'avais rien à me reprocher ! C'était lui, et lui seul qui avait commencé, je n'avais que suivi son plaisir qui faisait aussi le mien. Mais si ce n'était pas cela, je ne voyais pas ce que ça pouvait être d'autre.
Et de deux, il avait utilisé le mot « mon ». Comme si je lui appartenais. Je souris alors comme un dégénéré. J'adorais l'idée de n'être qu'à lui mais je ne savais pas si il pensait comme moi. Je doutais de plus en plus de ses sentiments, si il en avait car au final, je n'en savais rien. Je ne savais pas pour ses sentiments et ni pour les miens. Un coup de blues stoppa directement mes pensées. Je commençais à trembler légèrement de tristesse et les larmes montèrent lentement. Comment pouvais-je savoir si je l'aimais ? Je me mettais dans des états minables à chaque fois que je me torturais sur ses sentiments qu'il pourrait avoir pour moi mais dès qu'il était avec moi, qu'il me parlait ou qu'il me touchait, une joie intense insufflait en moi et j'étais juste heureux d'être à ses côtés. Mais je ne saurais dire quel sentiment était exprimée. Et comme jamais je n'avais aimé, je ne pouvais pas savoir si c'était cela. L'amour était une chose indéchiffrable. Mais si c'était cela, que deviendrais-je ? Peut-être que Connor ne m'aimait pas et qu'il s'amusait juste avec moi... Ça serait bien son genre. Mais alors pourquoi me regardait-il avec autant d'intensité certaines fois ? J'étais complètement perdu dans mes pensées quand des lèvres se pressèrent dans mon cou. Je hoquetais de surprise. Je levais mon regard en direction de Connor et son regard rencontra le mien. Il me fit un sourire d'ange. C'était bien le moment. Je le lui rendis et me levais, je ne voulais pas l'affronter alors que deux minutes avant, je doutais de tout.

-Attend, me dit-il en me rattrapant par la main et me rasseyant. On devait parler...
-Là ? Maintenant ? demandais-je surpris.
-Oui, c'est le mieux.

Je me mis face à lui et il s'assit en tailleur. Il ouvrit la bouche plusieurs fois mais ne laissa passer aucun son. Il passa sa main dans ses cheveux et se massa la nuque, il paraissait stressé. Je posais ma main sur son épaule.

-Allez, lance toi.

Il pouffa légèrement et rougit. Je ne comprenais strictement rien à la situation mais ne pressais pas plus les choses. Il leva alors son regard et l'encra dans le mien.

-Tu sais, cela fait trois ans que nous sommes dans la même classe. On ne se parlait jamais avant enfin si mais ça s'est vite arrêter... murmura-t-il. Mais je t'ai toujours admiré. Tu es intelligent, tous les profs t'adorent, tu as pleins d'amis et tous les gens que tu croises veulent le devenir. Moi, je n'ai connu qu'une personne en qui j'ai vraiment eu confiance, c'était quand je ne vivais pas ici. Il s'appelait Théo. Nous avions fait notre primaire ensemble, nous avions vécu des choses épouvantables ensemble, mais nous rigolions énormément. Mais il jouait avec moi. Il se servait de moi pour accomplir ses vengeances. Il savait que j'étais borné et que je n'avais peur de rien, alors il en profitait. Quand je m'en rendis enfin compte, c'était trop tard. La police me rattrapa et me mis en cellule pendant quelques mois. Je te jure, ça a vraiment été un coup dur. Mon meilleur ami m'avait trahi alors que j'avais une confiance aveugle en lui. Il s'était joué de moi. En prison, j'ai eu beaucoup de problèmes mais je les affrontais. Ma colère contre Théo se calma petit à petit mais une vengeance indéchiffrable commençait à apparaître. Les gardiens me firent un jour sortir. Mon père avait payé la caution. Il me récupéra et me sermonna. Mais il m'annonça qu'on déménageait dans ce petit village tranquille. Je n'y croyais évidemment pas, c'était impossible. J'avais vécu là-bas toute ma vie ! Il me disait que c'était pour mon bien, et tout le reste. Mais je refusais, je voulais retrouver Théo et me venger. Mais il avait déménagé. Il était parti deux trois jours après mon entrée en prison. J'étais plus qu'énervé, c'était qu'un putain de lâche. Je frappais tout ceux qui m'approchaient. Mon père a finit par craquer, et il est partit vivre dans un autre pays, me laissant seul avec un peu d'argent. J'appris vite à vivre seul. Je suis assez débrouillard et je pus gagner assez d'argent pour arriver à payer le loyer et manger. Mon père m'appelait quelques fois, toujours pour avoir des nouvelles et savoir si j'allais mieux. C'était toujours la même conversation mais ça me faisait du bien de savoir que mon père ne m'oubliait pas. Mais il y a une semaine, il est revenu vivre avec moi. Ça allait très bien au départ mais lentement, ça se dégradait entre nous. On se prenait la tête pour rien, on s'insultait mais jamais on en venait aux mains. Il y a deux jours, il est venu me récupérer devant le lycée. Nous étions dans la voiture quand il explosa de rage. Je venais de lui annoncer que je n'étais pas celui qu'il voulait. Il s'est garé soudainement et s'est tourné vers moi. Il m'a fait cette entaille. J'étais terriblement choqué... Comment mon propre père pouvait me faire ça ? Je sortis de la voiture comme une furie et t'es attendu chez toi. Je savais où tu habitais pour t'avoir vu plusieurs fois entré dans cette bâtisse. J'ai cherché les clés de la porte mais ne les trouvant pas, je me suis laissé tomber contre le sapin. Et je t'es attendu. Je savais que dans mon sac se trouvait ma cagoule et mes gants, c'était grâce à ça que j'amassais de l'argent pour survivre... Je les ai enfilés et tu es arrivé. C'est comme ça que tu m'as vu. Complètement perdu. Je ne voulais pas t'embêter mais tu m'as accueilli, tu m'as soigné et tu as pris soin de moi. Je pensais que tu allais me viré de chez toi, mais non. Tu as un grand cœur et tu ne m'as pas laissé mourir... Je m'en veux tellement de t'avoir embarqué dans ce bordel ! J'ai eu des passes affreuses et j'ai souvent eu envie de me suicider. Mais jamais je ne l'ai fais, car je ne me suis toujours pas venger. Mais je le ferais. Je me vengerai... Je suis désolé Steven, je dois te paraître misérable maintenant. Mais il faut me comprendre, au moins essayer... Il s'est tellement foutu de moi, tu m'as tellement aider et moi, en contre-partie, je t'embarque dans ma vie et mon histoire de merde, je suis désolé...

Alors, c'est oui ? ✯Où les histoires vivent. Découvrez maintenant