Prologue

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JUN

« Ses yeux. Dès que je les ai croisés, je sus. Maintenant et à jamais. Jusqu'à la fin

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J'ai rencontré cette gamine il y a de cela douze ans. À l'époque elle en avait cinq et moi dix. J'accompagnais ma mère chez Mme. Matsumoto, l'unique blanchisseuse du village dans lequel je suis né.

Tandis qu'elles étaient en pleine discussion, je me suis aventuré dans le petit boisé derrière la demeure familiale. Et c'est à cet instant que je l'ai aperçue. Cette petite fille aux longs cheveux noirs et aux grands yeux bruns chocolat bordés de longs cils. Cette même petite fille avec qui j'ai eu mon premier baiser, quelques années plus tard. Elle était en pleine contemplation devant un cerisier en fleur. 

Je me suis approché discrètement en ne la lâchant pas des yeux. Une fois derrière elle, j'ai enlevé un pétale rosé de sur sa tête. Àmon contact, elle a levé brusquement la tête vers moi, ses beaux et grands yeux écarquillés de surprise. 

- Moshimoshi, j'ai murmuré, fasciné par ses yeux magnifiques. 

- Moshimoshi . . ., elle m'a répondu, tandis que ses traits se radoucissaient, la surprise passée.
Elle laissait échapper un petit rire nerveux, un petit rire qui sonnait comme une clochette à mes oreilles.

- Watashi no namae Juin Maeda, j'ai annoncé avec un sourire. 

- Watashi no namae Saemi, a-t-elle annoncé en me souriant à son tour. Saemi Matsumoto. 

Effectivement, a l'époque nous ne parlions que le japonais. Une langue bien différente de celle que nous employons aujourd'hui.

Après ce jour, un étrange lien nous a uni. Nous n'allions nulle part l'un, sans l'autre. Mais à part l'école, bien entendu. Notre écart d'âge était grand, au prix du fait que jamais nous ne nous sommes retrouvés dans la même école. Elle commençait l'école, alors que je changeais de niveaux scolaires. À l'âge de dix ans, j'étais déjà considéré comme un génie aux yeux de mes professeurs et des membres de ma famille. À dix-septs ans j'étaisdéjà de niveau Universitaire, tandis que Saemi, à douze ans, était de niveau secondaire.   

 C'est à peu près à cette époque que notre amitié fut secouée par le pire des évènements possibles. La mort des parents de Saemidans un terrible accident de voiture. Ce jour la fut bien difficile.Saemi ne cessa de pleurer pendant des jours et des jours sans que je ne puisse rien dire ou faire pour l'aider. Déchirant. C'est le mot que j'emploierai pour décrire ses jours funèbres.

N'ayant plus aucune famille, Saemi fut confiée à la mienne. Nos mères étant de bonnes amies, elle fut vite accueillie. 

Quelques mois plus tard, mon père, un grand traducteur littéraire, eu droit à une promotion et fut transféré, avec la famille en Angleterre. Nous avons donc laissé tous ces mauvais souvenirs derrière nous et avons commencé une nouvelle vie. 

Saemi a vite appris l'anglais et a été inscrite dans un lycée superbe en plein coeur de la ville. Pendant ce temps, j'ai passé les examens finaux me permettant de devenir enseignant. Le plus jeune enseignant que la ville de Londres n'est jamais connue, en fait.  

C'est donc à l'âge de vingt et un ans que j'emménageais dans mon propre appartement, en plein cœur de Londres. À courte distance de mon lieux de travail et à bonne distance de la demeure familiale. 

Mais bien sûre, rien ne dure éternellement. Près d'un an après mon déménagement, la santé de mon père se détériora de façon déplorable. Il prit sa retraite et ma mère arrêta de travailler pour pouvoir s'occuper de lui. Ils déménagèrent dans une demeure plus conventionnelle à l'état de mon père.

Et les ennuis ont commencé. 

Mes parents, n'étant plus en mesure de s'occuper d'elle, Saemi déménagea avec moi, de façon à ce que je puisse prendre soin d'elle. 

Elle changea donc d'école pour intégrer celle où je travaillais. 

Et le cauchemar commença doucement à prendre la place de la réalité. 

Voici notre histoire.  

Un amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant