Chapitre VII

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JUN

« Davis. Ce gamin me donne froid dans le dos, il me glace le sang avec son regard. S'il ose toucher un seul cheveu de Saemi, il le payera cher. »

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Davis. Depuis le retour du boulot, son nom ne cesse de me hanter. Depuis une heure, j'essaie de me le sortir de la tête et je me prépare à l'arrivée de Saemi. J'ai fini plus tôt aujourd'hui, et je compte bien la surprendre. Je m'active. Je nettoie l'appartement de fond en comble, du plafond au plancher. Je m'occupe des chambres, de la salle de bain, du salon et range même la cuisine.

Je regarde l'horloge murale. Plus qu'une heure avant l'arrivée de ma tendre amie. Stressé, je me mets aux fourneaux.

J'espère que ce que je prépare lui plaira.

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SAEMI 

« Ce n'est pas de chance, j'ai la tête qui tourne et ce fichu rhume s'annonce mauvais. J'ai hâte de voir Jun, ses bouillons de poulet sont toujours excellents. »

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Aussitôt que je rentre, une odeur alléchante m'enveloppe. La cuisine de Jun. J'enlève mes converses trempées et je vais lourdement m'asseoir à la table de la cuisine. Je lâche un soupir et Jun me fait un vague signe de main. Un vague signe qui fait tressauter mon cœur. Mon tendre ami reste toujours le même.

Je lui rends son signe et cours me terrer dans ma chambre le temps de ranger mes affaires. Du même coup, j'enfile un jogging gris ainsi qu'un chandail volumineux. Je mets mes vêtements délavés dans le panier de lavage. Je reviens quelques minutes plus tard, un bol fumant m'attend à ma place.

Pendant tout le repas, Jun me jette des regards lourds de sous-entendus. Il va me passer à l'interrogatoire, je le sens. On discute un peu de notre journée et je vais faire la vaisselle, en faisant bien attention d'éviter le sujet.

Mais alors que je finis la vaisselle, deux bras m'enlacent la taille. Je me cabre.

- Expliques-toi, m'ordonne Jun, contrarié.

Sur ce, il me soulève du sol et me fait tournoyer. Je fus tellement surprise que je me mis à tousser violemment. La tête qui tourne, je sens Jun me déposer sur le sol tandis que je me plie en deux. La gorge en feu, je tousse pendant quelques secondes tandis que Jun me frictionne le dos en murmurant des paroles rassurantes.

Je tente de me redresser, mais je perds l'équilibre. Rapide, Jun m'attrape avant que ma tête ne touche le sol. Il me soulève et me pose en douceur sur ma chaise de cuisine.

-        Saemi?, m'apostrophe Jun d'une voix inquiète. Tout va bien?

Je tente de répondre mais une nouvelle quinte de toux me freine dans mon élan. Fidèle à lui-même, Jun continue à me frictionner le dos jusqu'à ce que mes spasmes cessent. Sans pouvoir m'en empêcher, je lâche un sanglot. Des braises semblent être allumées dans ma gorge et je ne voie plus que des points noirs dans mon champ de vision.

-        Saemi?, m'apostrophe à nouveau Jun. Tu as attrapé froid?

Incapable de parler, je hoche la tête. Le feu aux joues, je sens les doigts frais de Jun se poser sur mon front. Puis il déclare d'une voix ferme :

-        Tu fais de la fièvre. Ne t'ai-je pas souvent répété de porter des vêtements chauds lorsque tu sors par un temps pareil? Tu souhaites tant que cela attraper la mort?

Sur ce, il se lève d'un bond et va enfiler son manteau et ses converses. Je le suis en titubant. Je me raccroche au mur, soudainement prise de faiblesse.

-        Où vas-tu, Jun?, je demande d'une voix rauque.   

-        À la pharmacie, il me répond, d'une voix tendre. Je reviens bientôt avec des médicaments. Reposes-toi.

Sur ce, il descend les escaliers au pas de course et sort en verrouillant la porte. Je reste figée quelques secondes et me dirige d'un pas chancelant vers le salon, où je m'étends sur le plus long des divans. Je pousse un soupir et frissonne. Il fait un de ces froids. Je prends une grande courtepointe, celle que la mère de Jun lui a offerte pour Noël, et m'étend de nouveau, au chaud.

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JUN

« La voir si mal en point me chagrine. Elle ressemble à un chaton détrempé et désemparé. Son sourire s'est fané et son corps s'est vouté. Elle semble détruite. Je le suis, en tout cas. »

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À mon retour, je trouve mon amour couché sur le canapé du salon. Son corps frêle entouré de ma vieille courtepointe, elle frisonne légèrement. Ses cheveux sont encore trempés, elle doit être frigorifiée. Doucement, je la soulève et vais l'a posé dans son lit, sous les couvertures. Je prends un ruban de soie qui repose sur la commode et revient lui nouer les cheveux en chignon lâches. Je suis agréablement surpris, même malade et faible : elle reste toujours la plus belle de toutes.  

Je me redresse pour aller me coucher à mon tour mais, une main vient soudainement s'accrocher à la mienne. Saemi.

-        Reste avec moi, grand frère, elle murmure dans son sommeil.

Levant les yeux au ciel, je viens me glisser dans les couvertures. Aussitôt, elle vient se blottir contre moi : la seule source de chaleur à proximité.  

Je souris intérieurement et m'endors en quelques minutes. Heureux.

Un amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant