Chapitre I

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SAEMI


- Réveilles-toi!, s'élève une voix. Matsumoto! Tu vas te réveiller à la fin?

Un bruit de fracas me réveille soudainement de ma torpeur. Froissée, je vois le visage d'un ange se penser vers moi, le regard amusé. Je le fixe et, sans aucune hésitation, lui lance mon oreiller a la figure. Je me renfonce dans mes couvertures et j'entends distinctement le rire cristallin de l'être le plus diabolique qu'on ait mis sur ma route. 

- Jun!, je m'écris en me levant soudainement, enragée, tu vas me le payer cher! Il n'est que deux heures du matin! 

Encore une fois son rire me parvient, mais cette fois en provenance de la cuisine. 

- Maeda! Tu es foutu.

Je me plante violemment devant lui, et lui arrache sa paume des mains. 

- Hey!, il s'écrie en arrêtant de rire. C'est MA pomme!

Eh bien, lui et ses pommes. Il ne changera définitivement jamais. Le fruit sacré. Ça va lui apprendre à me réveiller si tôt le matin. Je lui fais un clin d'œil et prends une grosse bouchée de sa si précieuse pomme. Aussitôt, il s'élance vers moi tandis que je prends la fuite en rigolant.

- Rend-la-moi!

- Rêve toujours!, je me réécris en riant de plus belle.  

Alors que je cours vers ma chambre, il m'attrape par les hanches en me faisant virevolter dans les airs.

- Je t'ai eu, mon cœur!, il me chuchote à l'oreille, victorieux. 

Il me pose sur le sol et je lui tends sa pomme. Mais pas sans en avoir pris une autre bouchée bien sûre. Il la prend, mécontente, et repart en direction de la cuisine. En même temps, je me dirige vers ma chambre dans le but de m'effondrer dans mon lit douillet. 

- Où vas-tu comme ça, sweety?, il me demande, en fronçant les sourcils.

- Dormir, dans ma chambre, n'est-ce pas évident?

- Ah c'est vrai!, il s'écrit en claquant des doigts. J'ai changé l'heure de ton réveil, ajoute-t-il avec un clin d'œil. Il est sept heures et nous partons dans une heure. 

Je jette un cri de rage et m'élance dans la salle de bain. Je prends la douche la plus rapide de ma vie et cours dans ma chambre m'habillait comme il se doit, un premier jour d'école. Un simple pull blanc ligné bleu, un short de jeans délavé, et le tour est joué. Je me sèche les cheveux à la allée et me noue les cheveux en chignon las. J'aplatis ma frange au fer et enfile mes lunettes à monture noir.  J'arrive en courant dans l'entrée, enfile une paire de Converse de la même couleur que mon pull. J'accroche mon sac en bandoulière de couleur beige sur mon épaule et y mets mon portable et mon IPod. 

- J'y vais!, je crie dans l'appartement pour que Juin m'entende.

- Tu ne veux pas qu'on y aille ensemble?, me demande-t-il, préoccupé.  

 - Ça va aller, je lui souris tandis qu'il vient me rejoindre dans le hall. Je vais prendre mon vélo.
Son regard devient pensif et il regarde dehors par la fenêtre du petit salon. Il semble peser le pour et le contre. Il craint certainement de me laisser voguer en plein cœur de Londres en vélo. Il est rigolo, toujours à s'inquiéter pour moi. 

- D'accord dans ce cas, accorde-t-il en plongeant son regard dans le mien. 

Il a les yeux couleur de charbon. Il a de magnifiques yeux dans lesquels je pourrais me perdre des heures, si je n'avais pas cours, bien sûre. 

Bon j'y vais, on se voit là-bas, j'imagine.

- Hum, il marmonne en m'embrassant sur la joue. Fais attention, et ne t'attire pas d'ennuis.
Par les mots « Ne t'attire pas d'ennuis », il voulait évidemment dire « Ne NOUS attire pas d'ennuis » . Si le fait que nous cohabitons ensemble devait se savoir, nous serions foutus. Il se retrouverait sans travail avec une réputation d'homme qui profite de ses élèves. Et moi je trouverais dans une famille d'accueil pour les deux ans à venir.

- Ne t'inquiète pas, je suis une grande fille maintenant, je n'ai plus cinq ans. 

Et sur ce, je descends dans la cage d'escalier en vrai tornade et m'élance dans la rue. Je vais sur le côté de l'édifice ou j'ai attaché mon vélo, le détache et l'enfourche d'un bond.

Et avec un grand sourire, je commence à pédaler à toute vitesse. 

Un amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant