Chapitre VI

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JUN

« Qu'ai-je donc fait? Pourquoi ce regard fuyant et ces paroles nerveuses? Je dois savoir. »

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Le lendemain je fus tiré du sommeil, par les pas légers d'une lycéenne en faute. Celle-ci faisait visiblement très attention à ne pas me réveiller. Bizarre. À bien la connaître, je suis sûr qu'elle aurait tenté de me réveiller avec un grand sceau d'eau froide depuis déjà longtemps. Et comme à mon habitude je l'aurai poursuivi dans l'appartement en riant pour finalement la faire virevolter dans les airs. Et tout ça aurait fini par elle, partant sur son vélo et moi dans ma voiture.

Pourtant...

- Saemi? , je demande en me postant derrière elle, curieux de voir ce qu'elle fabrique. Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure?

L'horloge murale affichait bel et bien 5h du matin... Je m'étire, le dos courbaturé d'avoir passé la nuit sur le divan du salon, à peine éclairé à cette heure par les rayons du soleil levant.

- J-je me prépare pour aller en cours..., répond-t-elle, visiblement nerveuse.

- Menteuse, je m'exclame, tel un gamin. Les cours débutent dans presque deux heures. Et tu es tout habillée. D'habitude tu ne te réveillais pas avant 6h30 et déjà tu paniques à l'idée d'être en retard. Où vas-tu petite menteuse? Et avec qui? Et pourquoi? E-et...

Eh bien, mon côté possessif vient de reprendre le dessus on dirait. Déjà je l'a voit se crisper et se retourner face à moi. Aïe. Ça va faire mal.

- Je ne vais nul part, avec personne et pour aucune raison!, elle commence à me crier dessus, son beau visage ravagé par la colère. Et de quel droit tu me dis quoi faire? J'aurai bien le droit de partir tôt le matin sans t'en parler, avec un quelconques garçon pour faire une balade ou je sais pas! Je ne t'appartiens pas Jun Maeda! Et je peux faire ce que je veux, sombre crétin dégénéré!

Oh. Que. Non. Pas question que cette idiote parle comme ça à moi, son tuteur. Pour qui elle se prend tout d'un coup!? Quelle mouche l'a piquée? Être de si mauvaise humeur n'est pas son habitude. Elle est plutôt du genre jovial, même lorsqu'elle ne va pas trop bien. En y réfléchissant, je remarque qu'elle est négligée ce matin. Ce qui ne l'empêche pas de resplendir, mais qui se remarque tout de même.

Ses longs cheveux bouclés tombent en cascade sur ses épaules, son léger maquillage est dérisoire et ses vêtements sont dans les teintes de gris. Ma Saemi, celle que j'aime, aurait noué ses long cheveux en tresse française par ce mauvais temps, elle aurait mis un léger fond de teint et un peu de gloss plutôt que de mettre du mascara et du rouge à lèvres d'une couleur écarlate, et pour finir elle aurait mis des vêtements colorés pour égayer cette journée pluvieuse.

Aussitôt, ma colère retombe. Elle ne va pas bien. Pas bien du tout. Et à cette pensée, je fais la chose la plus Maeda qui soit. Je l'enlace étroitement contre mon torse.

- Tu veux en parler?, je lui murmure à l'oreille, comme si les murs avaient des oreilles.

Elle répond ouvertement à mon étreinte et soupir tout doucement.

- Je vais bien, elle me dit à voix basse. Juste un peu patraque, c'est tout. Pas de quoi faire un drame.

Je rigole légèrement en lui caressant les cheveux, petite menteuse. Je vois bien la lassitude et la tristesse dans sa petite voix enfantine. Elle ne va pas bien du tout. Quelque chose la bouleverse. Et pour illustrer mes pensées, elle s'écarte maladroitement de moi. Elle évite mon regard. Elle me fait salut de la main et cours se cacher dans sa chambre jusqu'au départ pour les cours.

Un amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant