La prof

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Le lieu est sombre et louche et la pluie s'amène. Je me dépêche. Pour un film, l'ambiance ne peut être meilleure. Je ne suis pas surpris de l'endroit mais légèrement anxieux.

SMS de mon amie Josée : Pis? Ça ressemble à quoi?

Je lui réponds : Assez louche, je sais pas trop dans quoi je me suis embarqué. Au pire t'as l'adresse s'il m'arrive quelque chose...

SMS de Josée : Arrête de m'inquiéter là!

Moi : Mais non, ça va être correct. J'arrive là. Y'a quelqu'un, à plus!

Une très jolie femme aux cheveux aux couleurs de l'arc-en-ciel m'accueille à l'entrée, devant la porte d'une grande clôture verrouillée. Elle porte une camisole blanche et un short de jeans très court. Je remarque tout de suite ses belles jambes bronzées. Elle n'a rien d'une productrice de films, que je me dis dans ma tête.

Faut dire que je me doute un peu de ce que je viens faire. Quand j'ai répondu à l'annonce «cherche cameraman pour film particulier», j'ai subi une sorte d'interrogatoire téléphonique testant mon ouverture d'esprit et mes tabous. C'est un peu l'idée que je vais peut-être filmer quelque chose de sexy ou peut-être du XXX qui m'a amené jusqu'ici. Un fantasme refoulé depuis longtemps.

Elle me tend la main: «Salut je suis Judith, c'est moi la prof et c'est à moi que tu as parlé au téléphone.»

Je la regarde un peu surpris et en même temps charmé par sa voix et ses yeux bleus. Je lui demande : «La prof? Je viens filmer un cours?...»

- «Oui!» répond-t-elle. «C'est un projet dans le cadre d'un cours oui, c'est vraiment du sérieux, j'enseigne la psychologie de la sexualité le jour, et le soir, disons que certaines de mes meilleures élèves viennent ici et participent à un projet que j'ai baptisé Hangar 69. T'inquiète pas, j'enseigne à des adultes, tout le monde est majeur et vacciné.» ajoute-t-elle avec son beau sourire.

Elle entre un code et la porte de la clôture s'ouvre tranquillement.

«Suis-moi» me dit-elle. «Oh, mais avant...»

Elle stoppe net et me tend la main : «Ton téléphone.»

J'ai un petit frisson qui passe et j'hésite... elle le remarque.

«Écoute, tu dois me laisser ton téléphone, et je te le redonne à la fin de la soirée. T'inquiète pas, tu verras où je vais le déposer, personne ne va y toucher. Mais c'est pour être certaine que tu ne prennes aucune photo de mon projet sans permission.»

Je lui donne mon téléphone et la suis, plutôt curieux.

On passe devant plusieurs hangars, l'endroit semble désert. On contourne deux gros camions et complètement à l'arrière, nous arrivons devant un hangar de taille moyenne, avec une grande porte de garage fermée, et une petite porte ordinaire sur le côté près de laquelle on peut lire, en rouge, le numéro du hangar : 69.

La pluie tombe de façon un peu plus soutenue au moment où nous entrons à l'intérieur. De l'intérieur, on entend la pluie tomber comme une douce musique qui remplit l'endroit. En guise d'éclairage, une multitude de chandelles sont disposées un peu partout. Une classe avec quatre chaises et une grande table à l'avant y a été aménagée. Ou le décor d'une classe puisque j'ai du mal à croire qu'un prof puisse venir enseigner ici réellement.

Judith se retourne et sortant de l'ombre, je remarque deux jeunes femmes, blonde et brune, assises sur deux des chaises.

«Les filles, voici Rick, c'est lui qui va filmer mon projet.»

«Salut!» qu'elles me disent. La blonde prend la parole : «Moi c'est Sarah» et «Moi c'est Émilie», me dit la brune. Et elle ajoute «eille, tu vas tripper solide, toi!!»

Hangar 69Où les histoires vivent. Découvrez maintenant