Écorchés Tome 1 (Correction)

19. Avoir besoin de quelqu'un d'autre

Anabel

Tard dans la nuit,

" ...il passa sa langue sur sa lèvre supérieure en me tripotant au-dessus de mes habits, j'avais le goût du métal dans la bouche. Ce gros porc me soufflait sur le visage, en faisant monter une boule de dégoût dans ma gorge.

J'étais coincée, je ne pouvais pas bouger, j'avais peur, je voulais hurler que je ne voulais pas tandis qu'il riait.

C'est là que je vis ses deux yeux bleus, le gros porc avait disparu. À la place il n'y avait plus que Joshua qui me regardait. Il me prit dans ses bras, je me sentis mieux, j'étais tellement bien près de lui.

Et puis mes doigts se recouvrirent de sang, il y en avait partout sur lui, il avait un énorme trou dans son front dont le liquide rouge s'échappait. Il tomba au sol sans vie, je me retrouvais seule, j'hurlais de toute mes forces..."

J'ouvrai les yeux dans le noir total, où étais-je ? Où était Joshua ? Je ne discernais rien autour de moi, j'étais en nage. Je me précipitai pour allumer la lumière. Je venais encore de faire un cauchemar mais cette fois-ci il était différent.

Je descendis me chercher un verre d'eau tellement ma gorge était sèche, quand tout à coup l'obscurité et le silence qui régnaient dans cette maison m'effrayèrent. Je me mis à allumer toutes les lumières frénétiquement pour me rassurer mentalement.

Ma tentative pour garder le contrôle sur mes peurs échoua, au bout de quelques minutes je me mis à l'appeler.

-- Joshua... Joshua...

Je n'eus que le silence pour unique réponse. J'étais à l'affût du moindre bruit. J'avais l'impression d'entendre des pas qui faisaient craquer le parquet au-dessus de moi. Ma peur augmenta, ma poitrine se resserra.

Je perds la boule, il faut que je me calme, il n'y a rien et je suis seule.

Je mis de la musique pour me rassurer et ne plus entendre les bruits de cette maison, mais cela n'eut pas l'effet escompter. J'avais la sensation que quelque chose ou quelqu'un se cachait dans un recoin en attendant le bon moment pour m'attaquer.

Je devenais complètement irrationnelle. Alors j'entrepris de contrôler toutes les pièces pour m'assurer que j'étais seule. Je vérifiai également que toutes les issues étaient fermées et que personne n'avait pu entrer.

Rien, ni personne ne peut entrer, je dois me reprendre.

La panique me submergea brutalement malgré mes efforts pour la repousser. J'étais prise au piège dans cette maison qui me paraissait effrayante tout à coup. J'eus de plus en plus de mal à respirer, j'étouffai, je suffoquai. Je ne savais pas quoi faire, mon corps me lâchait.

Dans un regain de désespoir, en ultime recours, je pris mon portable. Je m'envoyai un message. Il le verrait, il le fallait.

[Moi_ SOS]

Mon portable sonna aussitôt, je priai intérieurement pour que ce soit lui. Je décrochai mais je fus incapable de parler. Il n'y avait que mon souffle bruyant qui traduisait de ma difficulté à respirer.

-- Anabel ? l'entendis-je m'appeler.

Je ne pouvais pas lui répondre, je n'y arrivais pas. Mes mots restèrent bloqués, mes poumons me brûlèrent, l'air me manqua. J'eus l'impression que j'allai mourir seule ici.

Comme s'il avait compris la situation sans que je ne doive lui expliquer, il continua.

-- Anabel écoute-moi. Tout va bien. Je serai là dans dix minutes. Il faut que tu respires calmement.