Écorchés Tome 1 (Correction)

28. Partir pour se retrouver soi-même

Anabel

Dimanche fin de matinée,

J'attendais dans l'entrée, mes deux valises à côté de moi. J'avais eu un peu de mal à les trainer jusque-là, elles étaient légèrement imposantes et surtout extrêmement lourdes.

Je m'étais réveillée seule dans son lit, je n'en avais pas été surprise. Je ne l'avais pas vu de la matinée, je ne l'avais pas cherché non plus. Je préférais que les choses se passent comme ça. Cela rendait mon départ moins difficile en quelque sorte.

Cette maison allait me manquer. Il allait me manquer, tout de lui allait me manquer. Je ne le connaissais pas vraiment bien, il n'y avait seulement qu'une semaine qu'il était entré dans ma vie avec fracas. Malgré tout il avait marqué chaque fraction de ma peau et de mon cœur comme personne avant lui.

Je ne regrettais rien. À sa façon il m'avait rendu mon corps en réparant une partie de moi qui avait été brisé. J'aurais aimé moi aussi le réparer un tout petit peu, mais on ne peut pas réparer une personne qui ne souhaite pas l'être. Je venais d'apprendre cette leçon qui me laissait un goût amer.

J'essuyai des larmes qui coulaient sur mon visage, quand Ryan ouvrit la porte. Il me prit dans ses bras, cette fois mon corps ne se crispa pas.

-- Anabel, ça va ? me demanda-t-il en souriant.

Je lui rendis son sourire en reniflant légèrement.

-- Oui, on peut y aller.

-- Tu sais, j'aurais aimé te connaitre un peu plus. J'espérais que les choses entre toi et Josh se passeraient autrement, je suis désolé, dit-il en prenant mes valises avant de sortir de la villa.

-- Je t'assure que tout va bien. Les choses n'auraient pas pu être différentes et je suis ok avec ça, le rassurai-je.

Je le suivis jusqu'à son pick-up, un Dodge Ram gris métallisé. Il accrocha mes valises dans la benne avec des sangles pour les maintenir. Et nous montâmes à l'intérieur, prêt à partir.

Je regardai une dernière fois la façade de sa villa en m'attachant, je l'imaginai assis derrière son bureau à pianoter sur son PC. Je vérifiai quand même s'il n'était pas là à guetter devant une de ses immenses vitres pour me regarder partir, comme dans les comédies romantiques que je lisais habituellement.

Il n'y avait personne, pas âme qui vive, peut-être qu'il n'était même plus là. J'eus tout de même une pointe de déception en ne le voyant pas. Ryan commença à nous faire sortir de la propriété et cette demeure s'éloigna doucement dans mon dos.

Je me forçai à fixer un point imaginaire au loin pour ne pas laisser mes larmes couler de nouveau. Je ressentis une imperceptible déchirure dans ma poitrine, tout était fini. J'aurais dû me réjouir de retrouver ma vie d'avant l'ouragan Joshua Bennett, je ne le pouvais pas. J'avais l'impression de laisser une partie de moi, ici avec lui.

Tu me manques déjà.

-- Alors on va où ? me demanda Ryan en me faisant revenir à la réalité.

-- Ton frère ne t'as pas donné mon adresse ? Curieux, ça ne ressemble pas au monstre d'anticipation et de contrôle qu'il est, répondis-je en riant péniblement, ce qui fit rire Ryan par la même occasion.

-- Si, il me l'a donné, me confirma-t-il.

Je ne pouvais pas rentrer chez moi, je ne pouvais pas retrouver mon petit appartement qui me paraissait être un lieu si étranger pour moi à présent. Je voulais fuir loin de lui, loin de L.A. J'avais le coeur brisé, mais plus que tout, j'avais besoin d'elle.