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Alice

Ses fines lèvres qui m'avaient tant manqué m'arrachent la parole et la pensée. Je goûte la terrible envie de ne jamais s'arrêter et de l'embrasser jusque dans la nuit des temps. Ce baiser délicieux où je partage plaisir, désir, salive et oxygène avec Benjamin m'apporte bonheur et douleur.

Ma main froide se pose sur sa joue et d'un mouvement de tête langoureux il me fait basculer en arrière et son torse sublime surplombe mon corps tremblant et chaleureux. Il me regarde un instant et ses yeux devient sur ma bouche encore bouleversée, mouillée et chaude.
Je me mords la lèvre inférieure et j'incline la tête en entendant son souffle dans sa gorge qui suit lentement la peau lisse de mon visage jusque dans mes clavicules. Il entrelace ses doigts dans les miens avant de dé-crocheter les boutons de sa chemise.

Là, un frisson parcourt mon corps et je sais qu'il est temps d'arrêter avant que les choses n'aillent trop loin.
Je pose ma main sur son torse visiblement bouillant.

- Ben...je...j'ai...
Je bafouille et les mots ne sortent pas comme je voudrais.

Il se rhabille en vitesse comprenant la situation, enfin je crois...

- Euh, je suis désolé Alice, j'ai compris t'inquiètes.

Il se retourne troublé et déçus de moi semblerait-il.
Je repose ma main sur la sienne.

- Non, Benjamin, c'est pas toi...oui, je t'aime vraiment beaucoup. C'est juste que j'ai...

L'idée d'exprimer ma chasteté m'angoisse, je n'ai jamais pu trouver une personne avec qui je me sentais assez à l'aise. Je n'y suis jamais parvenue.

Ses yeux pleins d'incompréhension me supplient de poursuivre. Il ne peut imaginer...

- J'y arrive pas. C'est tout.

- T'inquiètes, c'est ma faute.

Quelle imbécile je suis ! Pourquoi ? Pourquoi moi ?

- Non, Benjamin c'est pas ta faute c'est juste que...je...je suis...je suis...

J'hésite un moment puis me décide à vomir les paroles difficiles qui gâchent les relations que je tentais d'entretenir avec les autres hommes. Et mon incapacité à leur apporter ce qu'ils voulaient me portait toujours préjudice. «pourquoi je ne peux pas ?» me demandais-je à chaque fois. Et puis «tout est de ma faute» c'était sûr...

- C'est que j'aime pas...enfin...les mots se bousculent encore. C'est la première fois...

- Hein ? répond-il un rictus nostalgique au coin du visage.

Mes ongles se plantent dans la peau de mes cuisses puis sa paume rassurante me prend la main et il me la tient tendrement.

- Je crois que je me suis dis que je devais attendre le bon. continué-je embarrassée mais prête à me confier à cœur ouvert (certainement à cause des quelques verres de vins...).

- D'accord. répond-il ce qui m'étonne au plus haut point.

Je crois que jamais je n'avais rencontré un homme aussi respectueux de ma vertu et près à ne pas me voler ma virginité simplement pour assouvir ses désirs. Je le remercie tant pour me comprendre et ne pas partir vexer comme tant d'autres ont fait auparavant.

- Merci.

Des paillions volent dans mon ventre et mon regard se pose à nouveau sur ses lèvres engageantes. Je repose ma main sur sa joue douce et rosée.
Je l'embrasse langoureusement et colle ma tête à la sienne. Nous continuons cette folle action jusqu'à ce que je me retrouve à califourchon autour de sa taille. De là, je tente de
re-déboutonner sa chemise mais il me stop net.

- T'es sûre ? demande-t-il. Je croyais que tu voulais attendre le bon...

- Oui.
Je souris naïvement.

Je reprends sa tête et je continue d'entremêler ma langue à la sienne tout en retirant le surplus de tissu qu'il porte sur lui.

«c'est le bon» hurle à en mourir mon cœur dopé à la dopamine et à l'endorphine naturelle.
Je me libère et laisse tomber les écailles de feu qui me collaient à la peau ainsi que son vieux t-shirt.
Je profite de la minute qui passe, puis des suivantes car je sais que ce moment ne reviendra jamais...

Il a la beauté d'un soleil, le corps d'Apollon, les paroles d'une balade, la peau d'un lingot, les yeux d'un démon, le sourire d'un ange.
J'écoute le son du moment, je sens les odeurs du moment, je respire le moment et je bois des shots de désir et de plaisir.
Ce précieux instant est délicieux pour ma langue et mes yeux.

Benjamin tu es la meilleure chose de ce monde.

Par la suite, je voudrais seulement faire une balade romantique sur la plage, et je la ferai cette balade, mais seule. Sans toi.
Je veux faire n'importe quoi avec toi.
Je veux faire n'importe quoi pour toi.
Le repousser n'était qu'un prétexte pour échapper au bonheur de l'aimer. Il est beaucoup plus facile d'admettre qu'on est malheureux plutôt que d'admettre qu'on est amoureux.

Est-ce normal ? C'est la première fois que je tombais amoureuse. C'est magique.
C'était merveilleux, c'était parfait dans mes yeux. C'était le chaos et l'enfer paradisiaque dans ma tête quand tu me regardais.

«C'était le bon» finit de répondre ma tête à mon cœur égoïste et puéril. «Et tout ça c'est de ta faute...»

- Ça va ? demande-t-il me prenant la main des étoiles dans les yeux.

- Oui.

Je lui caresse la tête et je souris. Je profite car je sais que ce ne sera plus que le plus merveilleux de mes souvenirs.

- Tu t'es coupé les cheveux ? le questionné-je allongée à ses côtés après ce doux et brutal acte d'union.

- Oui, Klé...enfin...apparemment c'est mieux comme ça.

- Moi je te préfère les cheveux longs Jeff Tuche. dis-je doucement pour le charrier.

Il relève la tête et me sourit si simplement, c'est un sourire d'enfant. Un sourie d'heureux, un sourire véritable comme on a plus trop l'habitude d'en voir.

Il pose sa tête sur ma poitrine et il s'endort après ce moment doux, bestial, caniculaire, aphrodisiaque et voluptueux, en bref : après que nous ayons fait ce que nous avions à faire sur son canapé...

Pour ma part, songer au sommeil est impossible. Nous sommes deux amants diaboliques qui avons certainement détruit plus d'un espoir.
Je m'en veux mais je le veux à souffrir. Je l'aime à en mourir. Il m'asperge de plaisir, d'amour, de bonheur, de vie, brûlure, de volonté, de douceur et de bonté à chaque fois qu'il me touche. Je vis à la seconde pour que cette minute ne se termine jamais.

«Rien n'est plus sérieux que le plaisir»
Jean Cocteau.

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