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Benjamin

Un rayon de soleil traverse la pièce. Je suis allongé sur le canapé et je m'attends à me réveiller main dans la main de boucles d'or, mais j'ai beau tapoter autour de moi, je ne sens rien. Ni sa main, ni son corps, ni ses cheveux, ni son souffle, ni son odeur...

La panique s'empare de mon corps qui se lève en sursaut. Je regarde instantanément l'heure. Je remarque qu'il est 10h.

- Ok...marmonné-je seul.

Elle a sûrement dû partir pour prendre son train.

- Merde !

Je me rappelle qu'à midi Lucas et son fils viennent pour déjeuner, puisqu'ils ne pourront pas être là le jour du mariage...
Ils partent en Espagne, c'est le premier jour des vacances, ça me reboost un peu sachant que je suis dans une merde noire : je viens de tromper ma compagne avec la fille de mes fantasmes et de mes rêves que j'aime plus que ma propre famille et que ma propre vie (je pense que je n'ai pas besoin de développer plus...)

- Bon, chaque chose en son temps !
me re-motivé-je

Je commence par ranger le bazar dans la cuisine, puis je vais me doucher, me changer et je remarque qu'Alice a oublié les vêtements qu'elle portait avant-hier en boîte.
Ensuite, je m'attaque au salon et aux plaids et coussins qui traînent autour du canapé après la soirée quelque peu mouvementée d'hier...

Je remarque soudainement un petit bout de papier blanc plié en deux qui était tombé de la table basse.
«c'est certainement le petit mot d'Alice» je pense...
Et, j'ai raison. C'est effectivement un mot d'Alice. Mais pas celui auquel je m'attendais...
Plus je lis, plus mon monde s'effondre. Plus les larmes montent. Plus je hais ce que j'ai fait. Plus je redoute le retour de Kléo. Et plus je redoute la suite de ma vie, sans elle...
Je cligne plusieurs fois des yeux. Pour être sûr que ce que je lis n'est pas qu'une hallucination de mon cerveau qui tente de me faire une blague. J'y crois, je crois que jusqu'au dernier mot que je verrais «PRANK » écrit en gros. Mais non. Le dernier mot est juste «Adieu.»

Une larme chaude interdite et morte tombe sur le papier que je replis en vitesse avant de m'effondrer sur ce canapé qui renferme l'un des plus beaux sourires que j'ai vu et l'un des plus beaux souvenirs que j'ai vécu.

Voilà qu'il est 11h45. Longtemps que je me lamente. Que je ne sais plus quoi faire.

- Et c'est tellement chiant parce que je savais cette fois ! J'en étais sûr putain !

Je glisse la lettre dans ma poche et m'en vais mettre la table puisque je n'ai plus que ça à faire.

Une petite demi-heure plus tard, Lucas sonne accompagné de son fils Martìn. J'inspire pour bloquer la gorgé de sanglots contre mes amygdales, puis je baisse la clanche et...

- Hey ! Lulu !

Il entre avec des bouteilles et des tonnes de mots douillets et gentils à l'égard de mon mariage qui est une «bénédiction» et qui sera «le plus bel événement de ma vie». Si seulement il savait...

Après le repas, je m'isole un moment pour «digérer». Ils doivent se demander ce que j'ai car les laisser en plan comme c'est assez mal placé et c'est assez inhabituel de ma part. Aussi, Lucas me rejoins dans le jardin, il sait. Il sait que ça ne va pas.

- Alors frérot ! C'est le mariage qui te met dans cet état ?

- Oui...enfin non, c'est compliqué.

- Dis moi. Je suis ton pote, je suis là pour t'écouter quand ça va pas. dit-il en mettant sa main sur mon épaule.

- Écoute Lucas ! Je veux pas me marier ! PUTAIN JE VEUX PAS ME MARIER ! répété-je plus fort.

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