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Benjamin

Elle est là, sur le trottoir, grelottante de tous ses membres. Les yeux vides et le regard fuyant. Elle ne dit plus rien. Elle ne me dit pas non plus où elle va. Le taxi arrive. Je lui ouvre la porte, mais là, encore une fois elle n'y prête pas attention. Je ne la reconnais pas. Il faut dire que je ne l'ai pas bien connue, mais j'ai l'impression de la connaître depuis toujours.
J'indique mon adresse au chauffeur et je vois Alice qui se loge collée à la fenêtre recroquevillée sur elle-même.

Je la sens tellement faible et troublée. Quelques minutes plus tard, je l'entends enfin ouvrir sa bouche.

- Merci Benjamin...

Je lui souris et je remarque que sa jambe gauche tremble.
Pour tenter de la rassurer (uniquement) je pose  sensiblement ma main gauche sur sa cuisse droite. D'un geste brusque de la main, elle m'arrache la peau en plantant ses ongles rudes sur mes doigts et se renferme craintivement sur elle-même. Comme un petit animal fragile martyrisé par des enfants féroces.

Je n'en reviens pas. La voir ainsi m'arrache le cœur. C'est la deuxième fois que je ressens une douleur pareil. La première fois c'est lorsque je l'ai vue éclater en sanglots par mon idiotie. Par ma faute...

- Mais enfin Alice, qu'est-ce qu'il t'arrive. Dis moi ! Je peux t'aider.

- Non, tu ne peux pas. J'ai seulement trop bu.

Elle se frotte les yeux de fatigue. Puis, j'aperçois ma maison.

- Vous êtes arrivés. m'annonce le chauffeur.

Je le remercie. Je le paye. Alice est à moitié endormie.

- Tu viens, on est arrivé.

- Hmm... marmonne-t-elle au lieu de répondre correctement et distinctement.

Je l'aide à sortir de la voiture mais elle ne tient plus sur ses jambes. Je me décide donc à la porter.
Je la prends dans mes bars et lui fais traverser le hall. Je l'emmène ensuite dans ma chambre où je lui enlève ses chaussures et où je la cajole.
En quittant la pièce (évidemment je ne manquerai jamais de respect à ma future femme), une force inconnue et incontrôlable me retient. Comme si ce que je faisais était normal : accueillir la fille qui a tournoyé dans mon monde pendant si longtemps chez moi.
Je la regarde s'assoupir. Elle semble adorable et innocente. Je ne comprends pas comment une personne pourrait briser son monde parfait. Je ne comprendrai jamais ce qu'il m'a pris et je ne comprends pas pourquoi elle se met dans des états pareils alors qu'elle est si jolie quand elle sourit.

- Merci Benjamin. chuchote-t-elle divinement.

- Dors bien Alice.

Je la regarde une dernière fois et souris de toutes mes dents avant d'aller chercher un plaid pour me mettre à dormir sur le canapé.

«dring!!» mon réveil sonne et me réveille brutalement. Je tente de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller la belle au bois dormant qui annexe une partie de la maison que je lui prête volontiers. Il ne faut juste pas que Kléo l'apprenne. Car même si je n'ai rien fait, peut-être pensé, mais rien fait, elle est très jalouse.

Je me rends à l'entraînement le cœur léger contrairement à hier.
En courant, Lucas me rejoint pendant que je discute avec Joshuah.

- Eh t'es là dis donc ! dit-il semblant inquiet.

- Bah oui. Tu veux que je sois où ?

- Hier tu t'es volatilisé au club. Je t'ai attendu genre 30min puis je t'ai appelé au moins 10 fois ! C'est super sympa de me laisser en plan comme ça !

Only one thing was missing Où les histoires vivent. Découvrez maintenant