Sous Le Sapin ? Une Fausse Fiancée! - [ &H Edition ]

Chapitre 46 - "ANOTHER LOVE"

Riley

La nana sans gêne se cale à côté de moi, s'étant sur mon canapé en prenant presque toute la place, vole mon café comme si nous étions de vieilles amies. Des amies tout court. Je reste stoïque, interdite face à son passé, ces révélations qui m'obligent à voir la situation sous un nouvel angle. Inattendu. Cette fille a une histoire compliquée, une tragédie dont elle se serait bien passée. Mais est-ce qu'elle se rend compte qu'à vouloir se sauver, elle a détruit une âme qui n'avait rien demandé de plus que le bonheur, la franchise, la vérité ? Je n'en suis pas certaine. On ferait n'importe quoi pour nos proches, elle en est parfait l'exemple. Mais elle n'a pas hésité à mentir, trahir, briser un homme, dommage collatéral malgré lui de deux êtres que les scrupules n'ont pas vraiment frôlés.

Clémence frôle mon bras et me sort de mes pensées, son odeur vanillée me donne la nausée : trop parfumée. Elle se mouche bruyamment, renifle et reprend, plus timidement.

— Je ne savais pas que j'avais des penchants ... formule-t-elle, gênée.

— Lesbienne. Ce n'est pas un gros mot, la rassuré-je. Tu as le droit de le dire, la Terre ne va pas s'arrêter de tourner, et aucune maladie mortelle ne va s'abattre sur toi.

Je crois que je l'ai touchée. Du moins, elle ne réplique pas. C'est presque un miracle, je crois. L'ex à la langue bien pendue souffle sur le café brûlant, fait valser la fumée dans ma direction. La chaleur de l'arabica vient s'étaler sur mon front.

« Riley chaton, c'est Todd... ».

Mon téléphone vibre, la voix de mon ex-faux-fiancé mais vrai voisin-amant s'élève de nouveau dans la cuisine, sciant le silence qui s'est imposé. Je grimace, néanmoins soulagée de ne pas être surprise par cette sonnerie en pleine rue. Todd et ses idées... J'imagine d'ici la mine choquée des passants. Déjà que la plupart doivent me fixer quand ma canne tapote le sol pour me guider, alors là, ce serait le pompon !

— Tu devrais décrocher... Sauf si tu aimes les fessées, se marre l'intruse. Je file. C'était un plaisir, Riley !

Pas forcément partagé, pensé-je.

Clémence tapote mon épaule, aspire d'une traite son jus âpre puis quitte mon chez-moi en me souhaitant une bonne journée. L'intonation grave de la voix de Todd fait déferler une vague de frissons sur ma peau. Nous avons passé trois jours dans son appartement, son lit, sous sa douche... Merde, je n'avais jamais fait autant d'activité physique de toute ma vie !

— Salut chaton.

— Hey toi ! le salué-je à la fois enjouée de l'entendre et perturbée par ma rencontre avec son ex.

Dois-je lui dire que Clémence était ici il y a moins d'une minute ? Je doute qu'il ait envie de parler de ça par téléphone. Je garde cette information pour moi, pour le moment. Peut-être qu'un jour j'oserai lui en toucher un mot. Mais pour l'instant, je ne sais même pas ce que nous sommes réellement l'un pour l'autre.

Y-a-t'il un « nous », d'ailleurs ? Humm, trop tôt pour les questions compliquées, Riley.

— Nous sommes arrivés il y a environ une heure et là... Putain John ! Arrête de faire ça avec ta langue, ça me file la gerbe !

Leurs rires mêlés me parviennent à travers le combiné, comme si j'y étais. La chanteuse leur lance ensuite un joyeux « santé les gars ! », puis j'entends les verres s'entrechoquer. Ils s'amusent, profitent de leur moment ensemble.

— Nous sommes en pleine dégustation d'un énorme plateau de fruits de mer avec des huîtres, directement de chez l'ostréiculteur.

— Je pense qu'on retournera dans le coin cet été pour profiter des vagues, surfer et faire de la plongée aussi ! crie John, la bouche pleine. Tu as déjà fait un cunni à une huître ?