⌖ 𝔡𝔢𝔞𝔡𝔰𝔥𝔬𝔱 ⌖

Back in hell.

( SONG : Dream by Imagine Dragons)

*************************************

Je suis dans le jet privé de la famille. On arrive dans une petite heure. Depuis que je suis montée dans la voiture, j'en peux plus. Le trajet s'est déroulé exactement comme je l'ai décrit. Alec et ses avertissements, Emilio et ses remarques et enfin Diego et ses recommandations à la con. Et depuis qu'on est dans l'avion, ils se sont mis à jouer au poker et à boire aussi. Ils ont l'air tellement heureux de partir, ça sonne comme des vacances pour eux, je crois.

Mais de mon côté, je suis à la limite de la crise d'angoisse. Je serai bientôt sur le même territoire que les monstres de mon passé. Je n'ai pas hâte du tout. Je suis sur un siège, éloigné de mes frères, leur joie de vivre me casse la tête. Je préférerais presque être à l'école que dans cet avion. Enfin, c'est pas peut-être, c'est sûr ! Je regarde les nuages par le hublot, en bas, on voit les lumières de la côte ouest des Etats-Unis. Il est 22 heure, on arrive dans 50 minutes.

Alors que j'essayais d'éloigner la crise, je sens une présence, je tourne la tête pour regarder qui vient de se mettre sur le siège en face de moi. C'est Aaron.

- Déa ? Pourquoi t'es triste ? Pourquoi tu ne viens pas faire la fête avec nous ? Il me demande avec une bouille adorable tel un enfant. Ah non, il est juste bourré.

C'est vrai ça pourquoi je me tracasse sur des choses du passé ? Pourquoi tu as peur Andréa ? Pourquoi tu es faible comme ça ? Je ne pourrais pas être courageuse et arrêter de laisser le passé me submerger de cette manière.

- Aaron, je ne suis pas d'humeur, s'il te plaît.

- Tu gâches tout là Andréa, c'est dingue. Pourquoi tu ne peux pas faire comme nous tous ici et être heureuse un peu. On retourne dans un des endroits de ton enfance, où il y a tous tes amis d'avant, ta meilleure amie et toi, tu fais la gueule ? Tu veux juste l'attention sur toi, en te mettant à l'écart, tu veux que quelqu'un se préoccupe de toi, mais Andréa dans cet avion, on a tous réussi à vivre plusieurs années sans toi. Ta présence ou ton absence cela nous préoccupe plus. Il s'était levé et il me balançait tout ça à la gueule en parlant assez fort ce qui attira l'attention des autres. Et moi, j'encaisse, du moins j'essaye. Ma crise est là, je me lève, les larmes aux yeux. Je pousse les autres pour me rendre aux toilettes, mes poumons ne veulent déjà plus fonctionner correctement.

Et dire que ce n'est que le commencement,

Je m'enferme dans la pièce, et m'assois par terre. Je bouche les oreilles ne voulant pas entendre les cris derrière la porte. J'ai déjà trop entendu.

Il est bourré, il dit vrai. Souvent, l'alcool est comme une potion de vérité sur les gens. Alors dans ces moments-là, ils en profitent pour sortir toute la vérité qu'il cache. Ce fut le cas d'Aaron aujourd'hui.

Je suis en trop dans cette famille, elle le disait toujours. J'ai gâché la vie de mon père, de ma mère et celle de mes frères. Sa voix dans ma tête résonne, j'ai plus d'air. Je n'arrive pas à faire entrer l'oxygène. Je me sens oppressée, comme si on sautait sur ma poitrine pour ne pas que je respire. Ma vue se trouble, les larmes dévalent à toute allure mes joues, ce qui me procure déjà un mal de tête intense.

Je ferme mes yeux, j'essaye de me projeter ailleurs, de m'imaginer sur la plage avec mes amis. Mais tout s'assombris et Aaron arrive vers moi en criant. À chaque phrase, il m'envoie une lame dans le corps.

Soudain, la porte des toilettes vole, ce qui me sort de mon imagination. Juan accourt directement, il se met à ma hauteur. Ses mains sur mes joues, il me parle, mais je ne l'entends pas. Ces mots ne parviennent pas à mes oreilles. Je maintiens mes mains dessus, je ne veux pas que ses paroles blessantes m'atteignent. Celles d'Aaron m'ont suffi.