Chapitre 41

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Riley.

Respire. Calme toi. Ne montre pas ton stress.

Ces mots là, je me les répète depuis que Sebastian a accepté de venir dîner chez mes parents.

Pas que j'aurais préféré qu'il refuse. Mais plutôt que j'aurais aimé avoir le temps de m'y préparer.

Ce n'est pas du côté de mon père que je me fais du soucis, non, lui il va être égal à lui-même et d'une gentillesse sans faille car je sais que Sebastian va lui plaire. Il est tout ce qu'il voulait pour moi : quelqu'un qui me laisse être qui je suis et qui aime cette partie de moi sans essayer de me brider.
Je crois qu'il aurait préféré que je reste seule toute ma vie plutôt que de me voir être avec quelqu'un qui me fait des remontrances en permanence.

Et c'est peut-être pour ça que j'ai toujours pensé que je ne pourrais jamais finir ma vie avec quelqu'un. Je pensais que cette personne n'existait pas. Et puis Sebastian est entré dans ma vie aussi vite qu'une formule 1 lancé à pleine puissance.

Les exigences de mon père à l'égard de l'homme qui pourrait partager ma vie est un secret entre nous. Il ne voudrait pas que ma mère sache ça car elle penserait aussitôt qu'il regrette de l'avoir épousé. Et c'est faux. Il regrette simplement d'avoir perdu une partie de lui pour vivre avec ma mère.
La vérité, c'est qu'il ne voulait pas d'enfant. Il pensait que sa vie serait plus belle sans mais... il ne voulait pas perdre "la meilleure femme qu'il n'ait jamais trouvé", comme il me l'a souvent dit. Alors il a accepté de revenir sur sa position pour faire d'elle une femme comblée.

Mais il ne regrette pas de nous avoir eu, au contraire. Et même dans mes rêves, je n'aurais pas imaginé un meilleur père que lui.

Alors, vous voyez, j'ai toujours été plus proche de mon père. Même dans mon comportement et ma façon de penser.
Ce que ma mère a toujours pris pour de la rébellion. Le plaisir d'emmerder le monde, comme elle disait.

C'est donc sa réaction à elle que je crains parce-qu'elle va essayer de tout foutre en l'air. Pas forcément consciemment mais elle va mettre Sebastian en garde sur la difficulté de vivre avec quelqu'un comme moi. Elle le sait, puisque elle l'a vécu.

Mon père était celui qui me faisait sortir en douce quand ma mère refusait; celui qui m'a emmené à un concert auquel je mourrais d'envie d'assister pour mes douze ans alors que ma mère me l'avait interdit; celui qui a donné son autorisation pour mon premier piercing sans consulter ma mère; celui qui, le jour de mes seize ans, m'a payé le tatouage que je lui demandais depuis des semaines; celui qui m'a aidé à déménager à Londres alors que ma mère désapprouvait complètement.

À un moment donné dans mon adolescence, j'ai même cru qu'ils allaient se séparer à cause de moi. C'est la période où j'ai été la plus dure et où mon envie de vivre m'a dévorée. Et mon père, en parfait voyou qu'il était dans sa jeunesse, ne voyait rien de mal à ce que je faisais tant que je ne me retrouvais pas derrière les barreaux. Ma mère en était malade, elle avait peur pour moi mais lui, il avait peur de ne pas me voir vivre.

- Je reviens, je vais acheter quelque chose pour tes parents.

Sebastian me sort de mes pensées en entrant dans la salle de bain pendant que je me maquille.

- Ce n'est pas la peine. Sourié-je.

- Je ne vais pas arriver les mains vides ! Je suis un garçon bien élevé. S'amuse t-il. Ta mère aime les fleurs ?

- Oui mais que celles qui continuent de vivre. Donc évite les bouquets.

- Une fleur à planter, ok. Se répète t-il en soufflant.

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