La persona non grata - FR

Chapitre 12

Partie V : « Tel est pris qui croyait prendre » 

- Police secours, officière Madeline Briard à l'appareil, quel est votre urgence ?

- Oui, bonjour, toussote Charles afin d'éclaircir sa voix. Je souhaiterais parler au capitaine Rick, euh... Richard Ullers.

- Charles ? demande la standardiste qui a reconnu la voix du fils de son collègue.

- Je t'avais dit que c'est toi qui aurais dû parler, reproche-t-il tout bas à Cassiopée. Hum... Non, vous devez faire erreur, pourriez-vous me passer le capitaine Ullers ?

- Charles, combien de fois je t'ai répété de ne pas appeler sur les lignes publiques !

- Tu sais bien que mon père éteint son téléphone quand il est en service.

- Je ne veux pas le savoir. Cette ligne est réservée pour les urgences.

- Madeline, C'EST une urgence. Je te promets que c'est sérieux cette fois.

Parfaitement au courant qu'il n'aura pas droit à une seconde opportunité de la convaincre, le garçon débite son histoire d'une traite, au point de complètement perdre l'attention de la pauvre standardiste qui ne démêle pas un traitre mot de ce qu'il bafouille à l'autre bout du fil.

- Quoi ? Reprends plus doucement. Qu'est-ce que tu as dit qu'il se passait ?

- On est pris en otage ! crie Cassiopée à bout de nerf, en accaparant le téléphone de son coéquipier.

- Qui êtes-vous Mademoiselle ? Une amie qu'il veut impressionner avec cette blague ?

- Je ne suis ni une amie, ni d'humeur à faire une blague. Je suis Cassiopée Léonard, née le 17 juin et bientôt morte le 3 janvier si vous n'envoyez pas illico presto l'armée au lycée Euzhan Rhimes !

Épuisée par les multiples démarches superflues, Cassiopée s'emporte. D'un autoritarisme qu'elle n'adopte que lorsqu'elle tient à se faire écouter, elle se lance à son tour dans un abrégé de la situation. Que peu préoccupée par l'accueil de ses informations derrière le combiné, elle déballe sans prendre d'inspiration ni de pause un récapitulatif complet de l'assaut d'Harold. Malgré toute sa bonne volonté et toute son éloquence, l'officière ne prête aucun crédit aux élèves retardataires – encore moins avec les commentaires intempestifs de Charles qui complètent à tort et à travers les dires de Cassiopée.

- C'est encore un de tes « pranks » Charles ?

- Je te promets que non. Et je te promets aussi que t'entendra plus parler de moi sauf en dehors des bals ennuyeux organisés par le comico. Pour l'instant, je t'en supplie, passe-moi mon père.

- Tu sais qu'il va pas aimer que tu le déranges.

- Je sais et crois-moi, je le ferai pas si c'était pas urgentissime.

Au ton de sa voix, l'agent Madeline Briard comprend que l'affaire est peut-être sérieuse. Elle n'a jamais vu le garçon si implorant, encore moins pour parler à son père – et, même si l'histoire parait incongrue, elle a malgré tout l'impression qu'elle doit y donner suite. La standardiste hésite un temps, ignore si ce qu'ils disent est vrai ou encore, si leurs récits ont du sens, mais elle finit par statuer en leur faveur et cède à la demande.

- Je te transfère sur la ligne de ton père, mais, il est en réunion donc il ne va pas te récupérer dans la minute.

- Oh putain yes !