La persona non grata - FR

Chapitre 13

Partie VI : « Tout vient à point à qui sait t'attendre » 

- Mildred, ça fait une plombe qu'on est là, je peux aller aux chiottes ?

- Darius, je t'ai déjà dit non les deux premières fois.

- Ça devient vraiment urgent mon pote, s'il te plait !

- Je m'en fous. Fais dans un coin comme le chien que t'es. AH ! En parlant de chien, s'exclame-t-il satisfait, en voyant entrer le professeur de philosophie.

Baruche pousse les portes de la salle 113 en trainant sa captive par le poignet, mais aussitôt qu'il s'avance avec Kya Oda au lieu de Charles Ullers, celui qu'il devait pourtant appréhender, Harold devient furieux. Les signatures sur la fiche d'appel confirmaient la présence de Charles et Connor, mais elles ne renseignaient pas celle de Kya qui n'est en fait rentrée que tardivement dans l'établissement, peu après Brooklyne et Cassiopée, elles aussi absentes du recensement. Quelle était donc la surprise du ravisseur lorsqu'il découvrit que non pas deux, mais trois élèves avaient échappé à sa surveillance.

- Pourquoi t'es là toi ?

- C'est ce que je me demande aussi là tu vois, rétorque Kya, armée de son cynisme à toute épreuve.

- T'étais avec qui ? Vous mijotiez quoi dehors pendant tout ce temps ?

- J'ai rien à te dire.

- T'en es sûre ? Tu ferais mieux de changer de discours si tu ne veux pas finir comme eux.

Battue au duel d'égo, Kya détache son regard d'Harold pour observer les dégâts qu'il a causés et supporte à peine cette vue d'horreur tant l'état de sa classe est pénible à constater. L'odeur de renfermé mixée à celle de transpiration lui a sauté au nez dès son premier pas dans la pièce, mais ce qui l'ébranle maintenant, ce sont les terribles conditions de détention des élèves que l'intoxication tord de souffrance.

- Qu'est-ce qu'ils ont ? Qu'est-ce que tu leur as fait ?

- Tu vas vite le découvrir si tu ne me dis pas MAINTENANT ce que tu fabriquais.

Forcée à répondre, elle cherche une parade afin de garder secrètes les actions de ses complices, mais tout juste se met-elle à envisager une échappatoire, qu'un bruit lointain retentit et accapare toute l'attention. En un sursaut d'espoir, les détenus de la salle 113 se redressent, stupéfiés par cette mélodie familière qu'ils reconnaitraient entre mille.

- Plus un bruit, taisez-vous, ordonne le ravisseur.

Dans la seconde, un silence total s'installe. L'écho raisonnant de plus en plus près des enceintes du lycée leur offre une confirmation indiscutable ; ce qu'ils entendent là sont les chants des sirènes de police. Harold se décompose. Il comprend soudainement que les véhicules en approche ne sont pas des patrouilles de passage : ils sont là pour lui. En effet, il fait bien de craindre, car toutes les unités du secteur ont reçu l'ordre de se rendre au lycée Euzhan Rhimes. L'opération est une priorité absolue décrétée par le capitaine Richard Ullers dont le fils, Charles, est à l'intérieur. Sa détention est la plus grosse erreur que le preneur d'otage aurait pu faire, pas seulement parce qu'il est le fils du plus redoutable capitaine du district, mais bien parce que Charles Ullers est une terreur à lui-seul.

- C'est la flicaille ça ? s'étonne Connor aux bruits perçus depuis le bureau de la CPE.

- Pas n'importe laquelle, se félicite Charles. C'est celle que mon père a envoyée.