Chapitre 14

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Partie VI : « Tout vient à point à qui sait t'attendre » 

- Officier, au rapport ! exige le capitaine Ullers, aux commandes des unités amassées sur le parking du lycée. Du nouveau sur le coup de feu ?

- Pas encore. Par contre, on sait que le suspect s'appelle Harold Mildred, c'est un élève de Terminale 1, un gamin sans histoire. Il a attiré les otages ici en usurpant l'identité du photographe Bart Olsen.

- Le salopiot, il avait tout prévu.

Devant le grillage du lycée Euzhan Rhimes, Richard Ullers et la trentaine d'agents postés devant l'établissement sont en pleine effervescence. Arrivés en urgence sur les lieux, les patrouilles se coordonnent en fonction des ordres de leur capitaine - plus sourcilleux que jamais. En moins d'une demi-heure, l'homme a fait quadriller le périmètre sur trois pâtés de maisons et a mandé la réquisition de toutes les unités en poste afin d'agir vite, de frapper fort et de capturer l'inconscient qui a commis l'erreur de s'en prendre à son fils.

- Bordel, quand vont arriver les commandos d'intervention spéciale ?

- Ils arrivent capitaine.

- Ils ont plutôt intérêt, mon fils est dedans.

- On le sait tous capitaine, on... on est là pour vous. On ne vous lâchera pas, assure son second.

- À toutes les unités : j'ai pas besoin que vous me léchiez le cul, seulement que vous fassiez votre travail, bougonne le capitaine en pressant son talkie-walkie.

Pas du genre à craquer sous la pression, Ullers se fait un devoir de garder la face. Il doit honorer sa réputation de meneur, et s'oblige pour ça à ne pas penser aux risques que son fils encourt s'il échoue, au fait que leur dernière discussion ait été une dispute, et à toutes ces pensées qui parasitent sa prise de décision. Au moment même où il se reconcentre sur la tactique de l'offensive à l'aide de grandes claques sur les joues, une voix vient le sortir de sa réflexion.

- Rick !

- Colline ? Qu'est-ce que ? Pourquoi tu es là chérie, s'étonne-t-il en prenant sa femme apeurée dans les bras.

- Charlie m'a appelé, c'est vrai qu'il est dedans ? Rick, qu'est-ce qu'on va faire ? Dis-moi que tu as un plan, dis-moi que tu vas sortir notre fils de là. Promets-le-moi.

En pleurs, Colline Ullers cède à la panique. Elle s'effondre contre son mari qui n'a d'autres choix que de demander à ses officiers de l'emmener loin de la scène – et de lui.

- Richard, sauve Charles ! Jure-le-moi, implore-t-elle, escortée derrière le ruban de sécurité.

- Prenez soin de ma femme, mais ne la laissez plus entrer. Ne laissez plus entrer personne, ordonne-t-il, la voix secouée par l'émotion.

Entre son fils à sauver et sa femme à rassurer, Richard Ullers se sent dangereusement perdre pied – et il n'est d'ailleurs pas seul à le remarquer.

- Capitaine, vous allez bien ? s'inquiète un réserviste.

- Mon fils et ses amis sont dans ce lycée, donc bof, remue-t-il en reniflant. Bon, que disent les gars de la balistique ?

- Ils cherchent la douille pour déterminer le calibre, la trajectoire et si... la balle a touché quelqu'un.

- Bien. Dites aux intellos de la scientifique de se bouger. Ces mioches ont besoin de nous.

Contrairement à ce que croit le capitaine Ullers, personne à l'intérieur n'a besoin d'eux. Si dehors les policiers s'activent pour agir, dans la salle 113, l'intervention des secours n'est plus souhaitée, car il n'y a plus rien à sauver. En écrasant la révolte des élèves, Harold Mildred a exterminé le dernier germe d'espoir de la classe. Voilà près de cinq minutes qu'il a fait feu en direction de Malcolm McDevin, et voilà près de cinq minutes que l'homme est inerte.

La persona non grata - FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant