Chapitre 16

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Partie VIII : « Une multitude est sans doute plus facile à leurrer qu'un seul homme » 

- Marie, ce carnet, c'est bien Hercule ? cherche à élucider Harold, à cran.

- Oui, oui c'est...

- ALORS POURQUOI IL N'Y A QUE DES PAGES BLANCHES ?

Tout aussi outrée par la supercherie, la classe de Terminale fusille du regard la jeune femme. Doivent-ils déduire que pendant toutes ces années, Hercule n'était qu'un leurre ? Depuis l'école primaire, Marie De Lacroix se plait à menacer ses petits camarades en faisant glisser la bille de son stylo à pompon sur les pages de son carnet. Une activité qu'elle a commencée petite, et qu'elle n'a pas délaissé depuis - puisqu'il lui arrive fréquemment de s'y adonner. Mais s'ils l'ont tous vu faire, s'ils l'ont tous entendu répandre les ragots prétendument contenus dans Hercule, où conserve-t-elle donc ses véritables informations ?

- Je peux tout expliquer.

- Fais-le vite, j'ai atteint les limites de ma patiente, la menace-t-il de son revolver.

- Hercule existe, c'est juste que... ce n'est pas ce journal. Les infos ne sont pas dedans.

- Elles sont où alors ? Parle et parle vite !

Orgueilleuse, Marie déteste devoir obéir aux ordres d'un garçon comme Harold Mildred, mais le canon qu'il colle sur son front l'oblige à réprimer sa vanité. En vérité, le mythe d'Hercule a grandement été entretenu par la peur des élèves. Elle ne s'est en fait servie du carnet qu'en primaire, car plus tard, l'éventualité qu'on le lui dérobe est devenue évidente. Aujourd'hui, à l'heure du numérique, la majorité des dossiers en sa possession sont en fait des photos ou des textos compromettants qui ne peuvent être conservés que d'une manière ; sur clé USB.

- Où est cette clé ?

- Dans mon stylo à pompon, l'embout se retire.

- Où est ce stylo ?

- C'est là que j'ai un trou de mémoire, je... je ne me souviens plus de ce que j'en ai fait. Je pensais qu'il était avec le journal, c'est toujours là que je le range d'habitude !

- T'aurais égaré Hercule ? Tu te fous de moi ou quoi ?

- Du calme mon pote, intervient Darius. Ça me dit un truc cette histoire de stylo. Hier soir, à ta soirée, j'étais complètement défoncé, mais je me souviens que t'avais organisé une sorte de compète pour le gagner.

Hercule aurait été mis en jeu ? Ça lui parait dur à croire, mais puisqu'il a été tenu à l'écart la veille, Harold ne peut pas démentir les dires de Darius et doit donc se fier à ce que racontent ces deux-là. Pour trouver la clé USB dissimilée dans le stylo, il a besoin que Marie retrace les événements de sa soirée – mais encore faut-il qu'elle s'en souvienne.

De leur côté, Brooklyne, Cassiopée, Charles et Connor ont quitté le hall après la livraison du carnet, pour se réfugier dans leur premier QG, le cagibi sous-terrain, d'où ils se félicitent de n'avoir pas eu à tenter de stratagèmes contre le preneur d'otage - les pages vierges étant un frein suffisant à ses planifications.

- Les gars, c'est la meilleure des nouvelles, si Marie bluffait avec Hercule, ça veut dire qu'elle n'a plus rien à cracher sur nous, ou sur tous ceux qui avaient peur d'elle.

- Et si les lignes étaient écrites à l'encre invisible ? soumet Connor, certain qu'ils n'en ont pas fini.

- C'est vrai qu'on n'y a pas pensé.

La persona non grata - FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant