Chapitre 5

138 21 7
                                    


Stiles était livide. Blanc comme un linge. Pâle comme un mort. Aucun mot ne pouvait décrire avec exactitude la blancheur de sa peau tant celle-ci l'était. Les mains tremblantes, il attrapa péniblement quelques feuilles de papier toilettes et s'essuya la bouche.

- Fils, tout va bien ? Entendit-il.

Stiles se remercia intérieurement d'avoir pensé à fermer la porte des toilettes à clé. Il avait au moins droit à cela... Un semblant d'intimité. Un rideau derrière lequel il pouvait encore se cacher, dissimuler ses mensonges les plus flagrants. Car si sa voix pouvait tromper, ce n'était pas le cas de son visage. Et il avait deux jours pour acquérir les compétences nécessaires pour faire illusion devant ses amis. Autant dire que c'était mission impossible. Dans sa chambre, il avait essayé, vraiment. S'était entraîné, avait répété des phrases toutes faites, des sortes d'excuses à servir à ses amis si ceux-ci avaient des doutes. Mais rien ne marchait. Il tremblait, pleurait et... Chaque fois, les images de ce que lui avait fait subir Théo revenaient en force et martelaient sa psyché brisée.

Alors au bout d'un moment, il en avait eu les tripes si remuées qu'il s'était précipité aux toilettes pour les vomir. Sortir cette saleté incrustée en lui jusqu'à la moelle.

- Ouais je... J'ai mal digéré un truc.

Oui, sa voix faisait illusion, mais c'était tout. Les tremolos qui la parasitaient étaient justifiés par son acte involontaire. Sa faiblesse ? Idem. Ce qui était paradoxal, c'est que son état sauvait les apparences.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis en bas, fit Noah d'un ton inquiet. J'ai des médicaments contre...

- T'inquiète, le coupa Stiles, c'est bon...

Il y eut un silence derrière la porte, puis des bruits de pas. Et Stiles se sentit seul, horriblement seul. Parce qu'il l'était. S'il y avait bien quelque chose qu'on ne pouvait reprocher à Noah, c'était bien la confiance qu'il accordait à son fils : elle était totale. Stiles lui avait prouvé à de si nombreuses reprises qu'il pouvait se fier à lui que le shérif ne doutait plus de sa fiabilité depuis des lustres. Il savait son fils aussi responsable que suicidaire et aussi futé que maladroit. Mais voilà, il l'aimait. Et Stiles aimait aussi son père.

Alors, il abusait de sa confiance. Sciemment. Parce qu'il ne pouvait pas faire autrement. Noah était le seul parent qu'il lui restait alors... Il était hors de question de le mettre en danger de quelque manière que ce soit. Il était sa raison... L'unique raison pour laquelle Théo avait autant de pouvoir sur lui. Parce que Stiles pourrait n'en avoir rien à faire et l'empêcher d'avoir la moindre influence... Au détriment de son père, ce qui était impensable. L'exposer même à de simples révélations n'était pas une chose envisageable. Noah avait une vie difficile et bien remplie malgré tout. Son addiction ? Il s'en était sorti il y a peu, au final. Alors ce n'était pas le moment de tout gâcher. Si Stiles devait garder sa situation secrète pour pouvoir le protéger, alors... Il le ferait.

L'hyperactif sortit du cabinet une dizaine de minutes plus tard après avoir régurgité jusqu'à n'avoir plus rien d'autre que de la bile à donner. Au moins, il ne risquait plus de tâcher la moquette de sa chambre. La mort dans l'âme, il partit s'allonger dans son lit tout en sachant que Théo viendrait le rejoindre d'ici peu de temps, histoire de lui rappeler qui dirigeait les opérations. Stiles ne le voulait bien évidemment pas et l'idée même de simplement le revoir le terrifiait, néanmoins... La chimère ne le laisserait pas tranquille. L'hyperactif avait droit à deux jours, oui. Mais il ne les passerait pas seul.

xxx

Stiles passa les portes du lycée avec une appréhension certaine qu'il dissimula au mieux... Comme tout le reste. Son excuse pour avoir manqué deux jours de cours ? Maladie. Cette seule explication avait suffi à son père et ses amis. Personne n'avait insisté pour en savoir plus, personne n'avait cherché à creuser plus loin. Et même là, lorsqu'il salua sa bande avec un sourire des plus factices, on ne lui posa aucune question. Son odeur ? Sans doute n'alerta-t-elle aucun des loups puisqu'aucun n'émit la moindre interrogation à ce sujet. Était-ce parce qu'il avait l'impression d'être mort ? De moins ressentir les choses ? Ou juste parce qu'on n'y faisait pas attention ? Stiles ne chercha pas à savoir. Seul le résultat comptait.

Support isn't always where you think it isOù les histoires vivent. Découvrez maintenant