Chapitre 8

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« Je suis arrivé. »

Théo lut et relut le message, qu'il avait demandé à Stiles de lui envoyer une fois que celui-ci serait au loft, prêt à assister à la réunion organisée par sa meute. Evidemment, l'hyperactif avait obéi. Il se soumettait à la moindre de ses demandes, tel l'esclave qu'il était devenu en un temps record. Un être humain qui avait tout perdu, jusqu'à sa dignité. Théo se rappela de son caractère, de cette ténacité qui, chez lui, l'avait toujours impressionnée. Il ne restait plus rien à Stiles... Sauf l'amour. Celui qu'il portait à son père et qui rendait toute cette machination morbide possible. S'il n'avait pas décidé d'inclure Noah dans l'équation, nul doute que l'hyperactif n'aurait jamais cédé. Il n'aurait jamais été à lui.

Ce fait, au lieu de provoquer un sentiment de satisfaction chez Théo, lui donna la nausée. Parce qu'il ne voulait pas... Il était allé trop loin. Le pire, c'est qu'il le savait. Il en avait putain de conscience. Mais la peur le paralysait, l'empêchait de faire autrement. L'habitude, aussi. Celle d'être un connard de la pire espèce, celui qui répandait le mal autour de lui depuis sa naissance. Celui dont Stiles s'était toujours méfié – à raison. Au final, l'hyperactif avait très vite vu qui il était et... S'il était devenu son allié par la force des choses, il restait son pire ennemi. Celui qui pouvait le faire tomber à la moindre confession.

Alors oui, il se persuadait qu'il faisait tout ça pour le maintenir en sa possession. L'obliger à garder le silence. S'il le brisait, encore et encore, Stiles ne dirait rien. D'un autre côté, il savait que l'hyperactif était un jeune homme de parole. En fait, Théo savait... Que simplement menacer d'attenter la vie de Noah aurait suffi. C'était le seul parent qu'il restait au châtain, l'être qui lui était le plus précieux au monde. Il le savait, alors... Pourquoi continuait-il ? Pourquoi était-il en train de réfléchir à ce qu'il pourrait faire lorsqu'il rentrerait pour le maintenir dans cette soumission morbide ? Il était en train de vriller. Parce qu'il était terrifié. Que si Stiles parlait, tout était foutu. Tout le monde en subirait les conséquences. Lui, et celui qu'il protégeait.

Comment les choses se passeraient-elles actuellement si Théo, au lieu de le briser à répétition, lui avait tout expliqué ? S'il lui avait montré du doigt celui pour qui il faisait tout ça ? Stiles ne lui aurait pas obéi. Même s'il était du genre à vouloir aider tout le monde, il n'aurait pas... Sacrifié la meute pour Liam. Pour un jeune homme transformé il y a peu, pour quelqu'un qu'il connaissait, au final, beaucoup moins que les autres. Quelqu'un qui n'avait pas d'importance pour lui.

Mais qui en avait une, aux yeux de Théo.

Parce que si Stiles était prêt à tout pour sauver son père, Théo pouvait être capable de soulever des montagnes pour protéger Liam.

Bien sûr, Théo était égoïste. Il en avait conscience, tout comme il savait être en train de faire n'importe quoi, de... Foutre la vie d'un humain en l'air. Pour sauver quelqu'un qu'il aimait, lui. C'était tordu. Malsain.

Mais Théo ne savait pas faire autrement. Était-ce de sa faute si on l'avait éduqué de cette façon ? Si tout, dans sa vie, n'avait été que violence et manipulation ? La chimère savait pertinemment que rien de ce qu'il faisait n'était justifiable ou excusable. Sauf qu'il n'arrivait pas à s'arrêter, à redresser la barre. Comment faisait-on ? Lui épargner la sortie en forêt avait été difficile, d'autant plus... Que Théo avait déjà tout prévu. Tout prévu pour lui faire mal. Mais... Stiles avait su le convaincre. Et si Théo ne se dégoûtait pas lui-même de lui faire subir tout cela, la détresse de l'hyperactif ne l'aurait pas atteint. Or, elle l'avait fait. Stiles avait été prêt à s'effondrer, à vriller à son tour. Alors, son bourreau avait trouvé une alternative. Moins dure physiquement. Plus cynique. Peut-être plus horrible sur le plan mental. Une alternative qui, si elle restait atrocement morbide, lui permettait de se dire, que, peut-être... Il pourrait ralentir la cadence. Ne pas sans arrêt augmenter d'un cran dans la torture qu'il lui faisait vivre jour et nuit.

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