Chapitre 13

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Calme-toi.

Stiles trouvait son reflet terrible et peu convaincant. Sa pâleur s'accentuait, devenait graduellement maladive et ses joues commençaient lentement mais sûrement à se creuser. Ses cheveux ? Un peu gras et encore plus difficiles à coiffer que d'ordinaire – ils lui donnaient l'air d'un fou. Puis ses yeux... rouges et cernés, ils témoignaient et de ses pleurs, et de son épuisement. Il se gifla doucement. Qu'importe ce dont il avait l'air, il devait s'arranger coûte que coûte. Il avait cours. Ne pourrait pas sécher – son unique cartouche était grillé. Il devait... Continuer d'amasser des informations concernant la meute. Confirmer celles qu'il avait déjà.

Et peut-être commencer à participer à quelque chose... De plus gros. Qui lui donnait envie de gerber tant il se dégoûtait d'avoir accepté. Quoiqu'il s'agissait d'un bien grand mot dans la mesure... Où il n'avait pas d'autre choix que celui d'obéir.

- Tu as une semaine.

La voix de Théo le caressa à rebrousse-poil et le fit instantanément frissonner.

- Je sais, articula-t-il péniblement.

Il détourna les yeux du miroir, lequel lui renvoyait son reflet et... Celui de Théo, dans le fond de la pièce. Dire qu'il ne l'avait pas entendu ni vu arriver relèverait de l'euphémisme. Il était en hypervigilance en permanence mais... Se retrouvait toujours surpris par sa présence. C'est tel qu'il ne l'entendit même pas s'approcher.

- Ne joue pas avec moi, Stiles.

Il était tout près, derrière lui. A deux pas, peut-être un seul. Son souffle, il le sentait non loin de son oreille. Stiles sentit le froid habituel le gagner et s'efforça de garder les yeux rivés au sol pour ne pas les fermer, ni les relever en direction du miroir. Sa tétanie était totale.

- Arrange-toi. Tu fais peine à voir et si tu continues, ils vont tout découvrir... Et tu ne veux pas que ça arrive.

Non, Stiles ne le désirait effectivement pas. Mais... C'était à cause de Théo qu'il en était arrivé là, à devoir... Camoufler n'importe laquelle de ses faiblesses actuelles. A peiner à « s'arranger », comme il le disait. A en avoir les mains qui tremblaient.

A se sentir si faible et si vide à la fois.

Théo contrôlait tout de lui. Il contrôlait jusqu'à sa nourriture, ce qu'il avait le droit ou non de garder dans son estomac. La seule exception, c'était le lycée. Là, Stiles avait le droit de se servir ce qu'il voulait – sauf qu'il n'avait pas faim. Rien ne lui faisait envie tant il passait son temps à s'angoisser et à cacher ses malheurs. S'il prenait la peine de manger quelque chose au réfectoire, c'était uniquement pour ne pas s'évanouir au milieu de la journée – quoiqu'il lui arrivait de frôler la crise d'angoisse et de voir des étoiles.

Mais voilà, les mots de Théo eurent un arrière-goût amer dans sa bouche. Parce que Stiles faisait tout ce qu'il désirait. Il lui obéissait. Se pliait en quatre pour exécuter chacun de ses ordres. C'était humiliant, dégradant, destructeur. Stiles ne se reconnaissait tout bonnement plus. Lui qui aimait sa meute du fond du cœur était en train de, lentement, l'empoisonner de l'intérieur. Pour la détruire. Parce que ceux qui avaient commandé la mission de Théo trouvaient que les choses prenaient d'ores et déjà trop de temps. Impatients et sanguinaires, ils commençaient à désirer plus que de simples informations.

Ils voulaient plus. Car la meute de Beacon Hills faisait peur. Son rayonnement, bien que peu étendu, faisait parler de lui. Alors il fallait passer à la vitesse supérieure.

Et Stiles n'avait d'autre choix que de trahir au sens propre du terme. Être l'origine d'une nécrose sans précédent. Pourtant, il réfléchissait, sans arrêt. Pour éviter d'avoir à faire ça. Théo allait l'y forcer, c'était certain. Mais Stiles, même s'il n'était qu'un humain, savait qu'il existait d'autres alternatives, des moyens de gagner du temps... Il lui fallait juste les trouver.

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