CHAPITRE V, Jeanne

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Il est 10heures et on arrive enfin au contrôle. J'ai vu Rose rentrer il y a 30 minutes, on ne devrait pas avoir du mal à se retrouver. J'ai entendu dire qu'on aurait tous des appartements attitrés. J'espère qu'on aura de la place pour 2 chambres, je ne supporte pas les ronflements de mon père.

Mon père et moi se retrouvons séparés dans deux couloirs de fouille différents. Je vais dans celui que l'on m'indique sans regarder mon père. Un militaire me prend ma valise et la place dans une machine. Elle m'a l'air bien plus sophistiquée que celles que l'on trouve dans les aéroports. Un autre regarde l'écran qui se trouve en face de lui pendant que le premier me demande mon sac à dos. Ils sont très secs et silencieux, ce qui rend l'atmosphère encore plus pesante et angoissante. 

Après les contrôles, j'ai retrouvé mon père dans l'escalier qui descend. Plus de retour en arrière. Deux gendarmes nous guident vers l'entrée, où un contrôle d'identité aura lieu. En effet, les guichets de vente de tickets ont été transformés en guichet de contrôle. Nous nous dirigeons vers le guichet libre le plus proche. Une femme aux cheveux plaqués y est installée. 

- Pièces d'identités, s'il vous plaît. dit-elle sèchement.

Mon père lui tend nos deux cartes d'identités sans rien dire. Je me rends alors compte que malgré la vingtaine de personnes qui se font contrôler et tous le personnel de la sécurité, le silence est total. La femme prend un temps pour étudier nos cartes. Je l'observe les passer dans une machine quand un cri se fait entendre derrière moi. Je me retourne et la scène qui se passe sous mes yeux est terrifiante. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, les cheveux blonds rasés, l'air épuisé et portant des vêtements abîmés crie tandis que deux militaires le portent. Il se débat mais n'est pas de taille face aux deux montagnes de muscles qui le tiennent. 

-AU SECOURS! SAUVEZ-VOUS TANT QUE VOUS LE POUVEZ! ON NOUS MANIPULE!!!

Les militaires tentent de le faire taire tout en avançant, mais le jeune homme continue de crier:

-ON SE SERT DE VOUS!

Je suis tétanisée. Personne ne parle ou ne prend sa défense. Nous sommes tous terrorisés. Les militaires le portent vers une pièce, mais juste avant d'y entrer, le jeune homme croise mon regard et crie:

-NOUS SOMMES TROP JEUNES POUR VIVRE CETTE SITUATION! REFUSEZ CE MODE DE VIE DONT LE GOUV-

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase  que la porte de la pièce où les militaires l'avaient amené s'était refermée. 

Lentement, les contrôles d'identité reprenaient. La femme nous rendit nos cartes en nous demandant de les garder près de nous, car on aurait des contrôles tous les soirs. Elle nous donne deux clefs identiques, une pour mon père et une pour moi. Le numéro 1109 y est inscrit. C'est le numéro de notre appartement. La femme nous explique qu'un métro va nous emmener dans notre "quartier". Notre quartier est le 110, par rapport aux numéros. Nous devrons donc utiliser le métro 110. 

On nous indique le chemin vers un quai où tous les métros vont passer. Un écran indique les durées que l'ont doit attendre avant l'arrivée de chaque métro. Nous avons 22 minutes à attendre avant de prendre le métro 110. Nous nous asseyons donc sur un banc et débutons une autre attente, espérons que ce soit la dernière de la journée...


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