Je déteste l'école. Ce n'est pas nouveau, déjà à la surface, je détestais le lycée. Mais là, c'est encore pire. On est arrachés à notre ancienne vie, enfermés dans ces tunnels pourris, et pour finir, même en me retrouvant dans la classe la plus vide de tout Paris, il a fallut que je me retrouve avec la seule ex que j'ai jamais eu. J'ai rien contre Alice, mais si on devait recommencer, je passerais mon tour. Elle est tellement joyeuse, tellement pleine d'énergie et d'idées, je n'arrivais plus à suivre. Et franchement, les autres n'ont pas l'air mieux. Il y a son frère Eliott, un autre mec qui m'a l'air très à l'aise financièrement et une fille rousse qui a l'air insupportable.
En plus, le type qui nous accueille pue la clope et a un humour de merde. Je sais, je suis en train de râler, mais je suis un pessimiste de première. On se retrouve dans une petite salle de 30 mètres carrés avec juste assez de chaises et de tables pour qu'on en ait une chacun. Et avec ma chance, je me retrouve au dernier rang, derrière Alice. A sa gauche se trouve son frère, la rousse est devant elle et l'autre riche à côté. Je suis le seul sans voisin et ça m'arrange. Le type fait l'appel. L'autre mec s'appelle Hugo et la fille Jeanne. Putain, leur prénoms leur vont bien. J'aimerais pouvoir dormir pendant le cours, mais ça va s'avérer compliqué. Avec 36 autres élèves autour, c'est facile, mais là ce n'est pas le cas.
-Bon, je suis monsieur Gauthier et j'ai été chargé par l'Etat de m'occuper de la plus petite classe d'élèves de cette ville. J'en suis très honoré... fait le type, ironiquement.
Donc c'est ça les profs sous terre? Et beh, ça s'annonce bien...
-Je suis chargé de m'occuper de vous du lundi au mercredi. Jeudi et vendredi, ce sera monsieur Beautre. Me demandez pas qui c'est, je sais pas. Je suis tout aussi nouveau que vous ici, et j'ai eu du mal à trouver la salle d'ailleurs. Je ne serai pas en retard comme ça tous les matins.
Personne ne pose de question. Ni sur les cours qui vont nous être proposés, ni sur lui, ni sur ce monsieur Beautre ou même sur pourquoi on n'est si peu. Il nous distribue des papiers qu'il faut remplir. C'est un genre de questionnaire à choix multiples, du genre "Avez-vous déjà pratiqué du sport?" "Avez-vous des allergies?"... Je ne vois pas en quoi ça les avance, mais bon, je réponds quand même aux questions. Au bout de cinq minutes, il les reprend. Il les pose sur son bureau, enfin la table de bois qui a l'air au bout de sa vie. Il se met alors devant, se tient aussi droit qu'un militaire au garde à vous, et arbore un air très, voire trop sérieux. Il prend une inspiration avant de commencer d'une voix grave.
-Vous n'êtes pas ici dans un établissement scolaire, comme les autres mineurs de la ville. Je ne suis pas un professeur ou un enseignant, et ceci n'est pas une salle de classe qui va vous aider à passer quelque brevet ou bac. Nous sommes ici dans un lieu classé top secret par l'Etat, et vos parents ne sont pas tenus au courant de ce que vous y ferez. Si vous leur révélez le réel but de l'éducation qui vous sera donnée ici, le gouvernement se mettra à votre recherche et vous, comme votre famille, aurez des ennuis. Vous avez été sélectionnés parmi les milliers de jeunes de ce pays pour le représenter en tant qu'espions. Vous allez recevoir une formation intensive afin de passer l'E.E.M., l'Examen d'Espions Mineurs. Vous n'avez aucun mot à dire face à votre situation. Si vous refusez ce rôle, la vie sous terraine risque d'être compliquée pour votre famille. Vous devez prendre le métro n°2999 tous les matins pour venir ici, à moins d'une excuse validée par les agents de sécurité. Les cours se dérouleront de 8h20 à 18h00 précises tous les jours. Vous aurez trois pauses; le matin à 10h, le midi à midi pile et le soir à 16h. Je serai chargé de vous apprendre les règles, la théorie et tout ce qui est physique vous sera enseigné par monsieur Beautre. Si vous révélez à qui que ce soit extérieur à l'établissement quelque information confidentielle que je viens de vous délivrer à l'instant, vous savez ce qui vous attend.
Nous nous taisons. Pendant des minutes qui semblent des années, c'est le silence. Je pense que tout le monde était sous le choc, y compris moi. Une école d'espions?? C'est une blague?? On est dans Spies-X?? J'attends impatiemment le moment où le gars va se mettre à rigoler et à retrouver la personnalité qu'il nous a montré au début. Mais ce moment n'arrive pas. Il est vraiment sérieux. Et personne n'ose dire quoi que ce soit. Il brise le silence en allant s'asseoir à son bureau. Il tire sa chaise et elle grince comme dans un film d'horreur, c'est horrible.
-Bon, je sais que ça peut faire peur mais je vous assure que je vais faire mon maximum pour que ça se passe bien.
C'est une blague?? Il nous séquestre illégalement et va nous donner des "cours d'espionnage"? Mais il est malade ce bougre. Il nous distribue alors un courrier chacun marqué confidentiel. C'est une lettre qui explique en gros ce qu'il vient de nous dire, mais avec le symbole de l'Etat et la signature du maire de Paris. On commence alors tous à réaliser que ce n'est vraiment pas un prank et qu'on est vraiment coincés dans cette situation, et qu'on ne peut rien y faire qui n'affectera pas notre famille. C'est littéralement de la corruption. Enfin du chantage. Enfin bref, c'est pas légal tout ça. Et j'ai bien peur que ce ne soit que le début.
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Sous nos pieds
General FictionDans un futur proche, le gouvernement français a fermé toutes les stations de métros sous-terraines du pays. Eliott, Alice et leurs proches se retrouvent dans une situation plus que dystopiques, dans laquelle l'Etat veut se servir d'eux.