Il est midi, et j'ai l'impression que je vais exploser de l'intérieur. Personne ne s'adresse la parole en dehors de "merci" quand on se tient la porte. Comment c'est possible? Un bonjour vous tuerait? Le seul à parler est le prof, monsieur Gauthier. On fait des cours de physique niveau lycée, je dirais, et j'ai un peu du mal à suivre. Le prof va trop vite! Mais je n'ose pas demander d'aide, ça briserait la "coutume", puisque le silence omniprésent se ressent comme tel. On a une pause déjeuner, le repas est immonde. Le riz est plus sec que le sable du Sahara, et le poulet a un goût de plastique. Je déteste la solitude, personne ne veut me parler, et je ne veux pas leur parler non plus. Au secours, Rose! Tiens, on ne s'est pas parlées depuis la dernière fois. Hier, un homme du personnel de sécurité m'a suivie jusque chez moi en me disant que je ne devais absolument pas parler à mon père de mon école. Il connaissait mon nom, mon âge, l'appartement où je vis, le nom de mon père, tout. J'étais trop sous le choc pour parler à Rose.
Jeanne_s_ennuie:
Rose? Tu es en vie?
Je stresse un peu, et si elle m'en voulait de ne pas lui avoir parlé avant?
rose<3:
oui, je survis malgré mon établissement et ses règles éclatées...
Jeanne_s_ennuie:
oh purée, au moins nos établissements sont similaires... au fait, désolée de pas avoir envoyé de messages hier, j'étais trop crevée.
J'espère qu'elle ne va pas trop poser de questions sur ces règles, je n'aime pas lui mentir.
rose<3:
T'inquiètes, la même ici. ça va toi? tu connais des gens?
Jeanne_s_ennuie
pas du tout, personne ne se parle, j'ai jamais vu une classe si silencieuse
rose<3:
eh ben, ça doit être trop chiant. Ici, c'est super bizarre, on se croirait dans une école des années 60! y a que des filles et les règles sont super strictes!
Jeanne_s_ennuie
et ben, ça a l'air insupportable...
rose<3:
tu m'étonnes...
désolée, faut que je cache mon téléphone, je suis pas censée avoir le droit de l'utiliser. (règles éclatées, je te dis)
Elle quitte la conversation, je suis alors forcée de reposer mon téléphone. Je ne touche pas à la compote immonde du plateau. De toute façon, la pause est bientôt finie, on y retourne.
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-Hé, bonhomme, je te vois!
Je me réveille en sursaut. Tout le monde s'est retourné pour me regarder. Merde, je me suis endormi en cours... Et maintenant le prof va sauter sur l'occasion pour me foutre la honte...
-Bah alors, t'as pas assez dormi cette nuit? il commence. Tu voudrais que je te conseille des berceuses peut être?
Il ricane. Bah oui, c'est ça, c'est drôle les problèmes de sommeil, ducon.
-Non, désolé m'sieur, je marmonne.
Je déteste attirer l'attention. Je jette un oeil à l'horloge: 17h48. Ouf, c'est bientôt fini. Je ne supporte pas cet environnement. Je ne supporte déjà plus cette école de merde. Hier soir, un gars m'a suivi jusque chez moi pour me "mettre en garde"? On se croirait de retour en 43, traqués par la Gestapo... Je suppose que les autres aussi ont dû subir un truc similaire, parce que ce matin encore, dans le métro, pas un mot. Tout le monde est à bout, et aucune complicité n'existe entre nous. On reste chacun dans notre coin, pas un mot, même pas un "merci" ou quoi quand on te tient la porte. Le prof parle toujours de physique quantique et autres, c'est franchement barbant. J'ai aucune énergie, je comprends rien... Je vais encore m'assoupir si ça continue...
Et non. La sonnerie vient de retentir (je sais même pas d'où elle sort c'est fou) et nous libère. Je m'empresse de sortir, ma sacoche sur l'épaule. Je choppe ma veste et suis le premier à sortir sur le quai. Je ne prends pas la peine de dire au revoir au prof, franchement, je m'en fous. Je sors mes écouteurs et les fourre dans mes oreilles. J'ai besoin de ne plus entendre autour de moi, alors Limp Bizkit est une bonne idée.
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chapitre légèrement inutile si vous voulez mon avis, tout comme le précédent d'ailleurs, en fait à mes yeux ils servent pas vraiment à avancer dans l'histoire mais plus à dresser un portrait un peu plus précis des personnages
désolée si vous vous êtes un peu ennuyé.e.s pendant ces 2 chapitres, j'espère que les autres vous intéresseront plus
bisouuuuuuus
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Sous nos pieds
General FictionDans un futur proche, le gouvernement français a fermé toutes les stations de métros sous-terraines du pays. Eliott, Alice et leurs proches se retrouvent dans une situation plus que dystopiques, dans laquelle l'Etat veut se servir d'eux.