Ma boussole

Stella ?

Ce matin, je suis réveillé par un appel de Melina et depuis je fixe mon téléphone. Celle que je connais sous le nom de Stella essaye aussi de me retrouver. Cette dernière veut qu'on se rencontre et elle attend ma réponse.

- Ici la terre ?

- Ho désolé, tu disais ?

- Je voulais la télécommande, mais ce n'est pas important. Tu sembles ailleurs, ça va ?

Je lui donne malgré tout.

- Ta mère m'a appelé et... Stella veut me voir.

- C'est une bonne nouvelle ! Où ça ?

- À l'occurrence en France, près de la Tour Eiffel. Dès que possible.

- On peut se mettre en route maintenant si tu veux. Il n'est pas trop tard.

- J'ai peur d'y aller...

Je cherche la chaleur de son corps pour du réconfort.

- Si c'est pour ta réaction, je serai là.

- Un peu, mais la sienne aussi. Ça fait longtemps et disons qu'on a jamais été en bons termes. Et si c'était un piège ?

- Il y a qu'une façon de le découvrir. En plus on pourra se faire une sortie en amoureuse après.

- Tu as raison, je vais donner ma réponse et lui dire qu'on la rencontrera demain dans l'après-midi.

C'est comme ça qu'on se retrouve dans la ville de l'amour. Nous louons un pied-à-terre. Elle a la vue sur la Tour Eiffel. C'est magnifique ! Je m'y précipite comme une enfant pour la regarder.

- Je vais dire à ma mère qu'on est bien arrivée. Je te laisse profiter de la vue.

Ma copine m'embrasse sur le front et je viens chercher un baiser sur ses lèvres. Elle sépare délicatement, revenant après quelques minutes.

- Tout est beau, elle m'a aussi confirmé à nouveau pour demain.

- Je suis nerveuse, tu crois qu'elle a pris conscience de tout ce qu'on a fait.

- C'est possible, en général, c'est le premier constat après le réveil. Si je te faisais un massage pour te détendre ?

Je me débarrasse de mon haut et la traine vers le lit en guise de réponse. Elle se met à rigoler et commence à parcourir mon corps de ses mains. L'huile se réchauffe au contact de ma peau et je me laisse peu à peu sombrer malgré moi. Le lendemain, elle me réveille délicatement pour déjeuner. Par la suite, nous allons vers le lieu de rendez-vous. Je reconnais Stella subitement sous la Tour Eiffel. Elle n'a pas changé à part avoir vieilli.

(images de Artbreeder)

Son regard me cherche activement, mais ne m'a pas encore remarqué. Je bouillonne intérieurement. Elle a tué mes parents. Je pourrais faire la tuer sans qu'elle s'en aperçoive, ça ne serait que justice. Je m'avance d'un pas décidé, mais je suis arrêté par une pression sur mon épaule droite.

- Range ce couteau de lancé, c'est pour nous défendre en cas besoin. Pas pour tuer, me rappelle ma copine, ne fait pas la même erreur que moi.

- Pardon...

Je m'exécute, sachant très bien qu'elle a raison. Son regard me rassure et Yel prend ma main. Nous avançons ensemble vers Stella qui finit par nous remarquer. Son regard est plus doux qu'à l'époque. Ma copine nous laisse discuter et reste silencieuse.

- Arina ?

- C'est moi... Comment je dois t'appeler maintenant ?

- Sophia, qui t'accompagne ?

- Yelena, sa copine. Je suis là comme support moral et votre sécurité à tous les deux, répond ma blonde préférée.

- Enchanté, je ne savais pas que tu étais gay Arina.

- C'est un problème ?

Le pouce de ma copine vient caresser le dos ma main, me permettant de garder le contrôle.

- Non, pas du tout. Tu as toujours des problèmes de colère à ce que je voie.

- Je gère grâce à Yelena. Tu pratiques toujours le sabre ?

- Seulement dans un dojo, désormais, j'enseigne. D'ailleurs, je... je m'excuse... pour tes parents... biologiques... J'espère que tu sauras me pardonner un jour.

- Ça va prendre du temps... J'ai déjà eu... du mal à me pardonner.

- Une seule destinée... J'espérais au fond de moi que tu y aies échappé.

- Impossible, mais Yelena m'a libéré. J'étais le dernier rempart.

Je plonge mon regard dans celui de ma douce, un instant. Me rappelant tout le chemin parcouru jusqu'à maintenant.

- Est-ce que tu sais ce qui est arrivé à tes parents ? Demande Yelena curieuse.

- Ils se sont battus à la mort de Dreykov. Mon père voulait prendre la relève et ma mère a dû le tuer pour l'empêcher. Je l'ai retrouvée, après le « Blip » et elle m'a tout raconté. Elle en a été victime d'ailleurs, c'est comme ça que je l'ai retrouvée. Ici en France et depuis, je reste avec elle dans un appartement.

Comme si mon empathie avait pris le dessus, je détache ma main de celle de ma copine et vais serrer ma grande sœur dans mes bras. C'est horrible de savoir qu'Evelyne a dû se battre avec l'être aimé et que du même coup... Stella... Sophia a perdu son père. Elle se crispe au départ, puis vient me serrer à son tour. Je suis sûre que Yelena sourit derrière moi.

- C'est un couteau de lancer que tu as dans la poche de ta veste Arina ?

- Je peux te renvoyer la question.

On dissimule tous les deux un rire avant de se séparer.

- Tu crois qu'on peut garder contact Arina ? Je dois aller donner un cours.

- Oui большая сестра (grande sœur).

On échange nos numéros et ma sœur me sourit avant de quitter sans se retourner. Mon attention est ensuite dirigée vers Yelena.

- On dirait que ça c'est très bien passé.

- Oui... Je suis contente de l'avoir fait.

On termine la journée en visitant les catacombes. Yel avait réservé et m'en a fait surprise. C'est morbide, mais adorable de sa part.