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PDV Omniscient :

Un tir sec et franc résonne dans l'air, brisant le silence.

Un corps tombe sur le sol gelé et blanc, vulgaire poupée de chiffon.
Sol se teintant instantanément d'un profond rouge rubis, seul élément de couleur dans la nuit.

Une silhouette de noir vêtue, range son arme après avoir soufflé dessus, créant un petit volute de fumée dans l'air givré de l'hiver.
Volute qui flotte un instant, simple nuage, avant de s'évaporer.

À la lueur du lampadaire, ses yeux se dessinent, étrangement dénués d'émotion. Comme s'il n'avait pas, il y a à peine un instant, ôté la vie d'un homme sans une once de douleur.
Soudain, le silence, brume pesante,
se rompt sous les pas furtifs d'un chat, qui dans son évasion déclenche un tumulte assourdissant, sûrement effrayé par l'écho de la détonation précédente.

Au bout d'un petit moment, la silhouette tourne les talons,  démarche assurée, et quitte la ruelle sans se retourner.

Un peu plus loin, cachée dans un recoin non éclairé, une voiture noire drastiquement assortie à son funeste propriétaire attend patiemment son retour. A l'intérieur de l'habitacle, masqués par les vitres teintées, deux hommes patientent, l'œil aux aguets. Un soupir bref de soulagement peut-être, quitte l'un d'eux en voyant son supérieur apparaître à l'angle de la rue, sain et sauf.

- C'est bien lui qui nous avait trahi, cette putain d'ordure. Claque la voix froide de l'homme alors que ses longs et fins doigts aux veines légèrement ressorties se serrent fortement sur son arme, cachée dans la poche de son très chic manteau noir, sans aucun doute d'une marque luxueuse.

Sans rien dire de plus, l'homme venant d'entrer dans la voiture fait signe au chauffeur de démarrer,
alors que ses yeux se posent derrière la vitre, où la neige s'est remise à tomber.

Le trajet se passe rapidement mais la nuit est loin d'être finie, car une fois de retour dans l'énorme building d'une centaine d'étages, l'inconnu se dirige vers une des nombreuses salles d'entraînement troquant son habituel costume contre un simple t-shirt et un pantalon ample.

Il reste durant un bon moment, frappant sans relâche les sacs de frappe, ses poings se craquelant légèrement sous la violence de ses coups.
Il a besoin d'extérioriser ses sentiments en usant la force, n'ayant plus assez de mots.

Ce n'est qu'en retirant ses gants de boxe qu'il remarque ses phalanges ensanglantées, un soupir las franchissant la barrière de ses lèvres gercées.
Puis il passe sa main dans ses cheveux bruns légèrement humides après l'effort, les coiffants en arrière.

Alors il se pose, perdus dans ces pensées qu'il aurait préféré ne pas avoir.
Il regarde le plafond en quête de réponses à ses questions bien trop nombreuses.

Il ferme les yeux quelques instants, se souvenant du graffiti qu'il avait découvert ce matin même, peint sur
le pan de mur non surveillé.
Un œil, en apparence pas grand chose, mais capable d'allumer la flamme de son irritation dès les premières lueurs du jour. C'était probablement l'œuvre d'un jeune délinquant issu de quartiers moins favorisés, cherchant amusement et défi en maculant d'encre les murs d'une des plus imposantes entreprises du pays.
Cependant, la source de son agacement résidait dans la beauté exceptionnelle du tag, une œuvre si bien exécutée qu'elle lui donna une impression d'étouffement et d'angoisse au plus profond de son être.

Et s'il avait déjà croisé ce regard ?

PDV Jungkook :

Plusieurs jours sont passés depuis notre dernière sortie avec les gars.
On l'avait prédit, il ne restait plus aucune trace de nos tracts.
Le mur était redevenu une toile vierge, vierge de ma souffrance et de mon désespoir.
Elle avait été effacé ou que sais-je, repeinte peut-être, mais elle n'était plus là, comme si elle n'avait jamais existé.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant