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PDV Omniscient :

Une semaine était écoulée.

C'était rien une semaine, à l'échelle humaine, mais pour le jeune noiraud, c'était une éternité.

Fatigué, il se laissa tomber sur une sorte de lit
de camp dans une chambre aux murs fades
et impersonnels dont il ne supportait plus l'existence.
Tel un oiseau maintenu en cage trop longtemps, le jeune homme ressentait un terrible besoin de sortir, d'enfourcher sa vieille moto et s'élancer à toute vitesse sur les routes, porté par le vent dans son dos et par le rire de ses amis à ses côtés.

Une semaine qu'il était officiellement un simple pion dans l'empire miniature de la famille Kim et déjà, il perdait la notion du temps.

Il avait été assigné à des tâches dont personne ne voulait, à savoir faire le ménage ou encore du rangement dans le petit immeuble qu'il connaissait désormais comme sa poche.
C'était, comme il l'avait supposé, dans cet endroit qu'étaient logés les hommes de main
de la famille, autrement dit d'autres pions insignifiants. Cependant, il n'allait pas se plaindre de sa situation, sachant qu'il avait eu de la chance dans son malheur et qu'il aurait pu recevoir des tâches bien moins agréables et contraignantes. Et puis il n'avait pas oublié son plan, qu'il échafaudait soigneusement dès qu'il avait une minute de répit.

- Putain. Il jura en massant les muscles engourdis de son cou, les paupières closes, la respiration profonde.

Il n'avait plus revu l'héritier depuis leur dernière rencontre et avait rapidement appris
la hiérarchie qui régnait dans cet endroit.
Tout le monde, sans exception, directement ou indirectement, était lié à la famille Kim, qui manipulait et contrôlait chacun comme un marionnettiste invisible. Mais le noiraud ne voulait pas faire partie de ce théâtre hypocrite sous lequel se cachait une soif de pouvoir et de domination qu'il haïssait.

Jungkook ouvrit lentement les yeux, tendant
sa main vers le plafond dénudé et morosse,
si différent du plafond de sa chambre, qui scintillait de petites étoiles lumineuses et enfantines, accrochées innocemment pour
qu'il puisse rêver de la voie lactée, synonyme
de liberté. Un sourire triste étira ses lèvres torturées par ses dents lorsqu'il repensa aux nuits qu'il avait passé à regarder le cosmos qui s'étendait à l'infini, allongé dans l'herbe sèche et jaunie du mois d'août, parlant de tout et de rien avec Jonghyun. Jonghyun, qui lui avait transmis sa passion pour l'astronomie et le ciel puis qui l'avait rejoint de façon brutale sans avoir pu réaliser son plus grand rêve. Il serra les poings, enfonçant douloureusement ses ongles dans sa peau, se faisant la promesse silencieuse de réaliser le rêve de ce dernier et de le venger,
peu importe le prix.

Sa vue se fit trouble d'un coup, lorsque le visage souriant de son meilleur ami apparut dans son esprit et une larme roula sur sa joue pâle, larme qu'il essuya d'un geste vif, presque énervé de se laisser ainsi submerger par ses émotions.

- Jimin... Il murmura dans le silence lourd de la nuit, sa gorge se nouant tant ce nom, qu'il prononçait autrefois tous les jours en souriant, était devenu aujourd'hui difficile à dire sans qu'un douloureux sentiment ne s'empare de lui, comprimant son coeur dans un étau de fer.

Jamais, en une quinzaine d'années d'amitié, les deux meilleurs amis n'avaient été séparés aussi longtemps et Jungkook craignait une chose, oublier ce à quoi ressemblait l'être le plus cher
à ses yeux. C'est pour ça, que tous les soirs il fermait les yeux, redessinant de mémoire les traits doux et joviaux du petit blond et se remémorant tout ce qu'ils avaient vécu.

Les ombres qui hantaient ses nuits depuis bien trop longtemps s'étaient faites encore plus présentes et menaçantes, perturbant son sommeil au point de le réduire à néant certains jours. Elles ne semblaient plus vouloir le quitter, planant en permanence à ses côtés.
Ses draps, éternellement froissés, reflétaient
les tourments qui le poussaient parfois à se réveiller en sursaut durant ces nuits interminables, l'étonnant parfois lorsque ses joues opalines étaient parsemées de larmes clandestines.
Il était hanté par des cauchemars et terreurs nocturnes qui lui filaient tel du sable entre les doigts à son réveil, le laissant sans aucun souvenir.
Le tic-tac intarissable de l'horloge, compagnon indésirable de son insomnie, le torturait des heures durant, jusqu'à ce que l'épuisement n'éteigne ses dernières forces.

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant