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PDV Taehyng :

On ne m'a jamais appris l'amour.

L'amour... Un mot que j'ai appris à connaître davantage par son absence que par sa présence. Mon paternel, dans mes souvenirs tout comme aujourd'hui, n'avait jamais su distiller la moindre goutte de tendresse à mon égard.
Ses gestes étaient aussi rares que glaciaux, ses paroles aussi rares que tranchantes, laissant derrière lui un silence pesant, plus lourd que le plomb.

Il ne me parlait pas comme on parle à un enfant, mais comme on s'adresse un adulte, m'affiliant des tâches et des responsabilités bien trop compliquées pour mon jeune âge.
Je devais être le meilleur, surpasser tout ceux qu'il qualifiait d' incapables ou de bons à rien.
Et j'obéissais, mon cœur enfantin espérant silencieusement ne serait-ce qu'une infime lueur de reconnaissance et de fierté dans le regard éternellement froid de mon paternel.

Je me rappelle vaguement des jours d'école, lorsque mes camarades de classe parlaient avec joie de leurs parents, de leurs familles, de ces moments chaleureux partagés autour d'une table que je n'avais jamais connue.
À la sortie, la cour se remplissait de sourires, de bras tendus, d'éclats de rire ou de discussions animées.

Mais pour moi, il n'y avait que le vide, le silence, l'absence.

Mon majordome venait me chercher, purement professionnel, sans sourire éclatant ni douceur sucrée à offrir au gosse que j'étais. Et c'était blessant. Terriblement blessant pour un enfant âgé de sept années seulement.

La jalousie me rongeait comme un poison, et très rapidement j'avais appris à mentir pour ne pas perdre la face et montrer ma faiblesse. Je ne mentais pas qu'aux autres, mais aussi à moi-même, me raccrochant à une réalité qui n'était aucunement la mienne, une illusion tout aussi douce que cruelle.

"- J'en ai pas besoin, de toute ça. C'est pour les faibles. Je me débrouille moi-même !" Je disais fièrement lorsqu'on me demandait où étaient mes parents.

Je souriais, adoptant une attitude hautaine et n'hésitant pas à rejeter l'amitié des autres car je les enviait en secret.

Les regards complices échangés entre enfants
et parents devenaient des lames qui transperçaient mon cœur d'enfant solitaire, laissant des cicatrices invisibles mais profondes, indélébiles. J'enviais ces moments de complicité, ces marques d'affection qui semblaient si naturelles pour les autres, mais qui étaient pour moi des mirages lointains, inaccessibles.
Puis indéniablement, j'ai fini par les haïr.
Haïr leur bonheur et leur complicité, leurs visages heureux, les petites attentions.

Haïr l'amour que je n'avais jamais reçu :

" - L'amour ? C'est pour les faibles." Litanie que je connaissais sur le bout des doigts et ne cessait de répéter, mon père m'ayant appris que je ne devais y accorder d'importance.

J'y croyais. Je le croyais.

Mais chaque soir, en rentrant chez moi, je m'enfonçais dans un mutisme douloureux, partageant mon goûter solitaire préparé par
les cuisiniers de mon père avec mes pensées amères, amertume qui s'installait en moi comme une compagne indésirable mais fidèle. Compagne que j'avais fini par accepter car elle était ma seule échappatoire, toujours présente à mes côtés.

Et dans ce vide, dans cette solitude, j'ai appris à vivre, à grandir, à me forger une carapace pour protéger mon cœur des coups invisibles que la vie me réservait.
.

Puis vint le collège. Mon père, dans sa quête insatiable de faire de moi une réplique de ses ambitions inassouvies, intensifiait sans cesse la pression.
En plus des cours dispensés dans l'établissement le plus prestigieux de Séoul, des professeurs particuliers vinrent s'ajouter à ma routine quotidienne, me soumettant à un labeur incessant jusqu'aux heures les plus avancées
de la nuit, tandis que mon corps exigeait le repos que mon esprit refusait de lui accorder

Remember MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant