IC3PEAK - this world is sick

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TW alcool, TCAs, nourriture

Je n'ai aucune idée de comment on enseigne à des gosses, mais je ne devrais pas enseigner à tout ce beau monde longtemps. Les Echos n'enseignent qu'aux Echos. On propose des cours généraux au début, puis quand on a trouvé l'Echos de notre domaine, on se contente de lui enseigner à lui, ou à elle, pendant qu'un véritable professeur fait cours aux autres étudiants. Je revêts mes vêtements habituels, pantalon noir, haut noir avec de la dentelle. J'aurais probablement besoin de faire une démonstration, alors je cherche un élastique pour m'attacher les cheveux. Je tombe sur le ruban doré d'Athènes. Je le fixe, sans savoir si je peux le prendre sans que ça envoie un message que je ne souhaite pas envoyer. Finalement, je décide que je ne suis pas en état de me préoccuper de ce qu'il en pensera, et de toute façon il ne me verra peut-être même pas. Je prends ma dague que je glisse dans un étui près de ma cheville, et ma baguette dans celui situé près de ma cuisse. On pourrait penser que mes capacités magiques sont suffisantes, et elles le sont probablement, mais on n'est jamais trop prudent. Je me suis suffisamment fait agresser dans ma vie pour savoir que dans certaines situations, les gens sont plus forts physiquement que moi, et je suis facilement sidérée et incapable de chanter ou de danser. Une arme, ça envoie déjà un message, et c'est pour ça que ma dague est visible. Une dague, ça prévient les autres que je sais ce qu'ils pensent, et qu'ils ne devraient même pas y penser. Que j'ai de quoi me défendre. Que je sais le faire, et que je n'hésiterais pas. Ça me rassure.

En plus, ça me donne l'air badass de Rosa Diaz dans Brooklynn99, ce qui est forcément une bonne chose. J'adore ce personnage. J'adore l'aura menaçante, la puissance qu'elle dégage. Un peu le même type que Cristina Yang dans Grey's anatomy mais en flic. Et en beaucoup plus dangereux.

Une fois prêt, je prends une grande inspiration et m'observe dans le miroir. Je fais rarement ça, je déteste ça presque autant que monter sur une balance. Ça fait des années que je ne me suis pas pesée, et quand je n'avais pas le choix, chez le médecin par exemple, je faisais en sorte qu'il ne me dise rien. Le miroir, par contre, je ne pas y échapper aussi facilement. Je dois vérifier quand je sors qu'on ne voit pas à quel point je suis fragile physiquement. Par chance ou non, mon corps ne porte pas les marques de mes troubles alimentaires. Comme je n'ai pas un trouble fixe mais plutôt des phases qui alternent entre l'anorexie, la boulimie et l'hyperphagie, je ne porte aucun stigmate physique visible. Dans le miroir, je semble normal. Peut-être un peu fatigué seulement. Personne ne peut deviner qu'aujourd'hui, j'ai avalé en tout et pour tout un bol de céréales, que j'ai à moitié vomi, et un quart de bouteille de vodka pur. Si je réussis ce cours, si je ne foire pas tout, si ça se passe bien, alors j'aurais droit à un sandwich. Thon et salade. Pas trop de mayonnaise, même si j'adore ça. Mais seulement si ça se passe bien, sinon je ne mangerai rien. Ou alors je dévorerai les quatre paquets de gâteaux cachés près de mon lit. Je verrai bien.

J'espère que tout ira bien, parce que depuis que j'ai décidé de m'autoriser un sandwich que j'adore pour me récompenser de cette journée plus que stressante, je ne peux penser qu'à ça. Tandis que je marche dans les longs couloirs de l'école, je sens le croquant délicieux du pain frais, la fraicheur de la salade et le gout sans équivoque du thon. Ça m'obsède. Raveen a finalement décidé de faire cours seul, dans sa salle de classe, et il a déjà effectué son cours, auquel j'ai voulu assister. Il s'est très brièvement présenté à la classe à l'oral avant de passer au violon. Les mots se sont alors inscrits tout naturellement au tableau, et j'ai vu les yeux des élèves pétiller. Ils étaient émerveillés, et il y a de quoi. La musique de Raveen est l'association parfaite d'un don naturel puissant et d'un travail acharné pendant dix ans. Je suis si fière de lui. On a chacun nos heures de cours, mais on enseignera parfois ensemble aux Echos-chant et Echos-muse si cela s'avère pertinent.

Je finis par arriver devant la porte, et le parfum de mon plat préféré s'évanouit sur mes lèvres. 

Echos : Partie 1 ; DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant