Alex et Sierra - Little do you know (VERSION NON CORRIGEE)

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Je ne reviens pas de ce que j'ai lu. Ils m'ont cherché. Ils m'ont cherché, et s'iels ne m'ont pas trouvé c'est uniquement de ma faute. Ma faute parce que j'étais tellement explosé par la fatigue la peur et l'alcool que je ne lisais rien de ce que je recevais. C'était mon assistante qui le faisait, et je ne compte plus le nombre de fois où elle a prévenu la police pour des colis piégés. Comme si qui que ce soit pouvait vraiment vouloir porter atteinte à ma vie. Comme si j'en avais quelque chose à faire à ce moment-là.

J'ai raté leurs messages. Je les ai ratés.

Toute la rage et la colère que je pouvais encore ressentir contre eux se retournent contre moi si rapidement que j'en ai le tournis. Je suis effrayé. Effrayé de la violence de ce que je ressens, de la violence que j'ai envie de m'infliger. Je pourrais me faire du mal. J'ai l'habitude de m'en faire. Me couper. Boire. Me frapper. Prendre un bain d'eau glacé. J'ai besoin de me faire mal.

Alors je prends tout simplement mes chaussons et sors m'entrainer.

Dehors, je ne danse que pieds nus. C'est plus facile et fluide. En gymnase, je danse en chaussette ou avec les embouts de protections de mes pointes. C'est très pratique, ça me permet de glisser facilement tout en étant capable de m'arrêter aussi simplement. Mais dans cette salle, le sol est en bois, et à la barre, c'est toujours avec des chaussons.

J'adore mes chaussons. Ils sont mauves avec un petit symbole berbère, le yaz, brodé en noir. C'est Athènes qui me les avait offerts au Noël de notre huitième année je crois. Elles sont abimées, mais ça n'a pas vraiment d'importance. Je ne les utilise plus qu'exceptionnellement. Le classique demandait trop de rigueur pour que j'en fasse à un niveau professionnel. Notamment au niveau du poids. Ça aurait une pente trop glissante, et je le savais. Parfois, je savais me débrouiller pour me préserver. Parfois seulement. Cependant, dans certains moments, ce genre de danse me sauve. Ça demande une précision si intense que je ne peux penser à rien d'autre qu'à ma position. Dos droit, main levée, arabesque, et je répète. Ce ne sont que des mouvements basiques, mais je les répète jusqu'à avoir mal partout, jusqu'à ne plus sentir mes pieds. Je retire alors mes chaussons, et observe les bleus, cloques et coupures sur mes pieds. Je me sens déjà mieux, mais pas encore apaisé. Alors je change de salle, met de petites socquettes et lance Bloody Mary de Lady Gaga en boucle, puis je dance de nouveau. Sans m'arrêter une seule seconde. Je ne sais pas ce que je fais, ni même si mes mouvements sont corrects, et je m'en fous. J'explose juste. Je ne fais pas attention autour de moi, pas attention à ma réception. Je me fous de me fouler la cheville ou de me cogner, d'ailleurs tant mieux si ça arrive. Je danse jusqu'à avoir les poumons qui brûlent à en éclater.

Je finis par m'écrouler au sol, à bout de souffle. Je reste là, allongé, avec la musique qui tourne autant que ma tête, à tenter de retrouver ma respiration. Je ne sais pas combien de temps je reste là, allongé par terre ; mais je sais que je mets longtemps avant de pouvoir me relever. Je rentre à l'appartement sans me sentir bien, même si je me sens mieux.

J'ai encore envie de boire. Enfin, c'est un peu bête de dire ça, parce qu'en réalité j'ai tout le temps envie de boire. Ça ne s'arrête jamais. Je rentre dans ma chambre et reprends une bouteille. Puis je me souviens d'hier soir, et des mots d'Athènes.

"Je sais ce dont tu avais envie ce soir. J'en ai envie aussi. Quand tu seras sobre, si tu le veux, avec plaisir. Mais quand tu seras sobre"

Alcool. Athènes. Alcool ou Athènes. C'est le choix que je dois faire.

Ma décision est rapide. Je repose la bouteille. Puis je la reprends, et la renverse dans l'évier de ma salle de bains. Je boirai ce soir. Demain. Ou après-demain. Mais pas maintenant. Maintenant, je me sens capable de ne pas boire. Maintenant, je veux m'enivrer avec autre chose. Maintenant, je ne veux plus avoir mal. Juste me sentir bien.

Alors je me dirige vers la chambre d'Athènes, je le regarde depuis la porte, et prononce ces simples mots :

"Je suis sobre. Je n'ai rien bu aujourd'hui. Je ne compte pas boire. Je ne veux pas boire".

Il me regarde, et son sourire m'indique tout ce dont j'ai besoin de savoir lorsqu'il me dit d'entrer et de le rejoindre. J'avance alors vers le plaisir.  

Echos : Partie 1 ; DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant