Carpenter Brut - Turbo Killer (VERSION NON CORRIGEE)

1 0 0
                                    


Il fallait maintenant parler de Vassil. Athènes allait mieux, et il était encore trop tôt pour découvrir les Echos de toute façon. On en était toujours à faire passer des tests, et à ce stade environ la moitié des élèves avaient été envoyés dans les cours normaux. Mais c'était maintenant qu'arrivait le plus dur : les élèves envoyés en cours normaux étaient les moins doués dans nos matières, c'était facile. Ne reste maintenant plus que ceux qui sont doués, et commence maintenant le départage équitable puisqu'environ tous les élèves ont maintenant le même niveau dans les trois domaines. Dans tous les cas, on ne saura pas avant au minimum la fin du mois, mais ça prendra peut-être deux ou trois mois supplémentaires. On peut donc se concentrer sur Vassil pour le moment, se concentrer sur ce qu'on va lui dire. On a décidé de l'accueillir le samedi de la semaine suivante pour manger, et de parler chacun notre tour pour répondre à ses questions. Mais on ne veut pas discuter entre nous avant, on s'est dit qu'on risquerait de se limiter face aux autres, et qu'on aurait peut-être besoin de temps seuls face à nous-mêmes pour repenser à Jared et Leah avant de mettre tout ça en commun. Surtout qu'il est plus facile de penser que de parler d'eux. On n'a jamais parlé d'eux. On n'a pas réussi. Enfin si, on a parlé d'eux le jour de la dispute, avant qu'ils n'emmènent Raveen. On sortait juste de la Grande Bataille, on était épuisé, sous le choc, traumatisé, et quand Pirus avait commencé à nous parler de courage et d'honneur de plein d'autres blablas censés minimiser la mort de Jared et Leah, on avait tous hurlé contre lui, on a parlé des vraies Jared et Leah, et de comment de nous tous, iels étaient bien celleux qui n'auraient pas dû mourir, celleux qui méritaient le plus de vivre. On a tous crié, sauf Raveen, qui lui avait lancé son violon à la figure. Il y avait échappé de justesse, et je me souviens qu'après son geste il n'y avait plus un bruit dans la salle. Quelques heures plus tard, des gardes l'avait pris et emmené loin.

Je n'ai pas envie de repenser à tout ça. Je voudrais me cacher sous mes draps et faire comme si le monde n'existait pas, comme si tout pouvait disparaitre si je dormais suffisamment longtemps. Que je si faisais une énorme sieste, alors à mon réveil tout se serait réglé. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais plus y penser. Je ne voulais pas penser, je ne voulais plus penser. Plus du tout. Je suis fatigué, si fatigué, et tout ça me brise encore un peu plus. Je n'en peux plus, je suis à bout, je n'arrive plus à rien, tout ça c'est trop, ça fait trop de choses à penser et j'en suis incapable. Je n'arrive pas identifier ce que je ressens, je ne sais plus faire la différence entre la colère la frustration, la haine et le ressentiment, la joie et la nostalgie. Je ne me fais pas confiance, pas confiance en ce que je ressens, parce que je me trompe constamment. Par ce qu'on ne m'a pas appris à faire confiance à ce que je ressentais. On m'a tellement répété que j'étais une menteuse, que j'exagérais, que maintenant je ne peux plus me faire confiance. Je ne peux plus me croire. Même si je le voulais, j'en suis de toute façon incapable.

Je pense trop trop trop trop et je suis épuisé.

Mais je n'ai pas le choix. Je ne suis pas la seule personne concernée, alors je n'ai pas le luxe de choisir si je suis prête ou pas à me confronter à ça. Le bon côté, c'est que rien ne m'oblige à repenser uniquement à ce jour-là. La Grande Bataille. Je peux penser uniquement à avant, quand on était tous ensemble et que tout allait presque bien.

Un souvenir. On a tous décidé d'un souvenir. Je dois juste choisir un souvenir et c'est tout.

Un souvenir de Jared et Leah. Ou on était tous les trois.

J'essaie de rassembler mes souvenirs et de les trier entre réels, factices, et aucune idée. Certains sont tellement troubles que je suis incapable de savoir s'il s'agit d'un vrai souvenir ou d'une invention de mon cerveau traumatisé.

Je reste allongé là, sur mon lit, et d'un coup, je sais.

J'ai trouvé mon souvenir.  

Echos : Partie 1 ; DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant