Crawlers - I don't want it ( VERSION NON CORRIGEE)

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"Non.... C'est impossible..."

Tout l'air existant dans mes poumons disparait brutalement. Mes jambes tremblent. La dernière fois que le ciel était comme ça....

C'était avant.

C'était impossible. Totalement impossible. Je reprends ma route, sous le choc, essayant de me persuader qu'il ne s'agit en réalité que d'un mensonge inventé par mon cerveau malade. Je me promets à moi-même que si c'est le cas alors je ne boirai plus jamais.

Mais plus j'avance, plus ma théorie s'effondre. Je vois des professeurs affolés courir dans les champs autour de l'école en hurlant aux élèves de rentrer, des enfants sprintent dans tous les sens pour rentrer à l'intérieur. Un enfant, pas plus de 12 ans, qui pleure, au sol. Il s'est tordu la cheville en courant. Je l'aide à se relever et le porte jusqu'à une des infirmière présente devant le bâtiment, puis je me mets à courir moi aussi.

Raveen.

Je dois retrouver Raveen.

Mon dieu, faites qu'il soit toujours dans sa chambre.

Je coure de toute mes forces, je n'ai plus peur de tomber, je vole presque au-dessus des marches des escaliers. Au 2ème étage, je croise Athènes.

"Athènes !! Tu as vu Raveen ?"

Il est en bas, avec Orion !

Merde ! Qu'est-ce qu'ils foutent là-bas ???

Sorts de protection, il a pris le violoncelle de la salle de garde, et Orion le protèges. Ils sont partis dès que la couleur du ciel a changé. Raveen a réagi hyper rapidement.

On doit faire quelque chose

J'étais totalement en panique

Calme-toi. Respire. On va descendre, et les aider. On y va

Sans concertation, nos pas s'accordent. En quelques minutes, je retrouve mon frère. En vie. Orion à ses côtés, transformé en panthère, près à attaquer tout ce qui risquerait de déranger Raveen. Ils avaient toujours formé un incroyable duo, très performant. Orion avait sauvé la vie de Raveen la dernière fois.

La dernière fois.

Je retire mes chaussures à toute vitesse, et pendant qu'Athènes récite ses formules sans qu'aucun son ne sorte de ses lèvres, les mains posés au sol, et qu'il fait grandir les arbres existants pour protéger l'école, je chante. Je chante à en perdre ma voix, je ne m'arrête pas. Il faut repousser ces espèces de tentacules brumeuses qui tentent de détruire tout ce qu'il y autour de nous. Mes vieux réflexes reviennent, mon corps n'obéit plus à ma raison mais à ma mémoire. Je suis de nouveau une Echos-chant, de nouveau protectrice de l'école, de nouveau proie facile face à la pire monstruosité existante de notre monde. De nouveau proie facile jetée vivante dans une fosse aux lions, proie suicidaire qui se bat pour ne surtout pas mourir. Je suis de nouveau l'ado que j'étais.

Je l'ai toujours été.

Ça n'avait jamais attaqué comme ça avant. Ça se préparait pendant 10 ans, puis ça nous attaquait, et on devait se défendre. Comme une sorte d'accord tacite passé entre un dieu qui s'ennuyait et voulait détruire sa création, et ses créations terrifiés par la mort qui avaient acceptés de mourir à la loyale : une fois tous les 10 ans, la divinité enverrait ses foudres sur le peuple, et le peuple enverrait ses meilleurs citoyens, les plus puissants, les plus fous peut-être (car il faut être fou pour accepter un tel sort) pour se battre contre la toute-puissance incarnée. Un jeu amusant pour une partie, dévastateur pour l'autre. Mais notre survie ne tient qu'à ça apparemment. Ça se passe de la même manière dans les autres pays, personne n'y échappe, mais je ne suis pas sûr que notre défense soit la même partout. Le concept d'Echos est partagé par une bonne partie de l'Occident, et certains pays de l'Orient, mais d'autres pays ont d'autres concepts ou façon de se défendre. Au Vénézuela je crois, ce sont tous les personnes comprises entre 40 et 60 ans qui se battent, sans distinction de compétences particulières. C'est un des pays avec la plus forte union entre tous les membres de sa population.

Je ne sais pas si tout cela dure des quelques minutes ou plusieurs heures. Je sais qu'à un moment ma voix ne portait presque plus, j'ai donc remplacé le chant par la danse. Pieds nus, dans l'herbe, avec mon seul maillot de bain, ce qui ne nous mentons pas était bien plus pratique que mes vêtements habituels qui sont soit trop lourds, soit trop serrés, soit trop encombrant.

Et puis c'est fini. Le ciel garde sa couleur rouge menaçante, mais la... Présence disparait. Epuisé et encore sous le choc, je m'écroule au sol, haletante. Je pleure de rage et hurle. Je frappe le sol et griffe mes bras. Raveen s'approche et me prends dans ses bras, Orion à sa suite qui porte son violoncelle sur le dos. Il me serre fort et prends mes mains pour que j'arrête de me griffer, ce que je fais sans vraiment m'en rendre compte. J'explose juste. C'est trop, c'est trop, c'est trop, je ne peux pas. J'entends Orion jurer derrière moi et Athènes pleure en silence, les mains sales et déchirés par les plantes. Ils regardent tous deux le ciel rouge et Orion est de plus en plus vulgaire. Dans le château, les élèves sont massés près des vitres et nous observe. Ils ne nous avaient jamais vu faire ça. Bien sûr il y avait eu des démonstrations de pouvoirs, mais on était resté dans le soft. Dans l'impressionnant mais doux. Orion avait multiplié les transformations en quelques secondes, passant de chat à cobaye à lapin à rossignol sans se fatiguer, Raveen avait inscrit tout une présentation et un petit poème sur le tableau juste en utilisant son violon, et Athènes avait planté une petite graine dans un pot et l'avait transformé en rosier en moins de 5 minutes. C'est très impressionnant quand on est un élève de 10 ans, mais c'est de la fascination pour le talent. On rêve d'être capable de faire la même chose un jour, vite vite vite pouvoir faire ces choses si belles et magiques.

Personne ne rêve de faire ce qu'on vient de faire. Je suis à deux doigts de l'évanouissement et je ne pense qu'à boire une dizaine de verres de magic cherry, Raveen me serre si fort que je sais que ses yeux sont clos pour ne pas voir ce qu'il vient de se passer, Orion est maintenant en train de détruire tout ce qu'il trouve à sa portée, à savoir un tronc d'arbre mort, et Athènes pleure toujours silencieusement ce qui est le maximum de démonstration d'émotions dont il est capable en public. Ce qu'on vient de faire est effrayant, parce qu'on est les plus puissants et que cette attaque minable qui n'avait rien de comparable avec la Grande Bataille nous a éreintés. Nous, les Echos, avons eu du mal à nous battre.

Le Tue-Mage est revenu.  

Echos : Partie 1 ; DestructionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant