Ciel de constellations [BxB]

Deuxième corrélation

De : estachethebest@gmail.com

A : starguy@gmail.com

Objet : On se « voit » bientôt

J'ai pensé à toi aujourd'hui. Je suis allé à la gare Centrale de Belfast. C'est mon éditrice qui en a eu l'idée, et je me suis rendu au quai numéro huit. Je sais que ça fait des lustres que ça a eu lieu et que tu n'es pas aussi féru de trains que moi, mais tu souviens-tu de cet endroit ?

Plus sérieusement, je t'écris ce mail à l'aéroport d'Oxford. Je suis enfin arrivé après un retard de mon avion. Je suis crevé et j'ai mal à la tête, mais j'ai hâte d'être à demain. Le programme n'a pas changé ? Tu viens toujours me voir avec une pile énorme de livres à signer ? N'hésite pas à me donner l'heure à laquelle tu comptes passer, je me préparerais à faire chauffer mon stylo.

Je t'embrasse et à très vite,

Yahiko

PS Je sais que j'aurais pu t'écrire un SMS pour te demander tout ça, mais je n'en avais pas envie. Étrangement, les mails avec toi sont tout à fait plaisants et j'aime notre communication, un peu différente des autres.

De : starguy@gmail.com

A : estachethebest@gmail.com

Re : On se « voit » bientôt

Ce n'est pas parce que j'ai vingt-sept ans et que j'entre bientôt dans l'année de mes vingt-huit que je suis un vieil homme dont la mémoire est un gruyère (d'ailleurs, je te rappelle que tu as le même âge que moi). Je me souviens très bien de la gare Centrale de Belfast puisque c'est à cet endroit précis que je t'ai rencontré. Tu étais sur ton fameux quai numéro huit, tu avais un long manteau noir qui te descendait jusqu'aux genoux, des cheveux ébouriffés, car il y avait beaucoup de vent, de fines lunettes argentées sur les yeux, et tes écouteurs dans les oreilles (avec des fils blancs). Moi, je pleurais parce que je venais de me faire larguer à cause de la distance (décidément). On s'est vus. Tu m'as offert un rictus. Un train est arrivé et là, là, tu as souri avec tout ton cœur (et je pense que tu as conquis le mien par la même occasion, mais je ne sais pas trop si j'ai le droit de te le dire). La gare, c'est une bonne partie de ta vie, Yahiko. Tu regardais les trains passer, maintenant tu les écoutes et tu ressens le vent en fermant les yeux. C'est moi qui t'ai obligé à venir après le début de ta cécité. Tu as pleuré quand tu as compris que tu ne pouvais pas te perdre grâce au braille écrit sur les escaliers (même si tu ne le lisais pas encore). Mieux, quand le premier train est passé par le quai et que tu as pris pleinement conscience que les sensations étaient les mêmes, voire presque décuplées (pardon pour ce long paragraphe, je me suis un peu lâché sur mon clavier. Si seulement je pouvais le faire avec la Chose)

Ce jour-là, je me suis promis quelque chose. J'ai brisé cette promesse et je ne te la révélerais pas, mais à l'époque, j'y croyais dur comme fer.

Plus sérieusement (pour reprendre tes mots et éviter que ce mail fasse quinze kilomètres de long), je suis heureux que tu sois à Oxford. Je ne vais pas te balancer le discours bête de l'habitant au touriste (surtout qu'avec toi, ça ne sert à rien de dire que tu verras, c'est une très jolie ville). J'espère juste que ton court séjour te conviendra et que tu reviendras quand le Cycle d'Ambre sera finalisé.

Moi de mon côté, je suis toujours d'attaque à l'idée de venir ! (Encore une chose que je ne devrais pas te dire, mais je suis assez pressé de te revoir). J'ai préparé mon gros sachet avec toutes les éditions que je possède et comme je suis quelqu'un d'affreusement matérialiste et superficiel, j'en ai beaucoup. En plus, j'ai fait un marché avec moi-même. Je vais travailler sur la Chose pendant plusieurs heures, et ta séance de dédicace sera ma récompense, ma carotte si tu préfères. De ce fait, je pensais arriver en toute fin de matinée pour être le dernier et faire bosser ton poignet (bon sang, ce que cette phrase sonne bizarre). Est-ce que ça te convient ? Sinon, je peux réduire le nombre de livres et débarquer plus tôt. C'est toi qui es choisi.

Je t'embrasse, et à demain (c'est si étrange),

Hyp

PS Mon mail fait quinze fois la longueur du tien. Rappelle-moi qui est écrivain déjà ?

De : estachethebest@gmail.com

A : starguy@gmail.com

Re : Re : On se « voit » bientôt

Je serais heureux de faire marcher mon poignet pour toi en fin de matinée.

Vite à demain,

Yahiko