6. Rencontrer l'obscurité

955 21 5
                                    

Cela fait maintenant une bonne heure que j'épluche les annonces concernant les contrats étudiants. J'avais déjà réfléchi lorsque j'étais encore à Londres, réaliser un petit travail à côté de mes cours une fois que j'aurai pris mes marques pour faire rentrer de l'argent sur mon compte.

Il était désormais grand temps que je m'active afin d'en trouver un.

Caleb a beau ne pas vouloir que je me charge de ça, je trouve cela légitime, il me loge et nourrit déjà. Un petit revenu en plus me permettrait de me faire plaisir, de cotiser pour mes années futures et aussi me permettrait de financer mes billets New York → Londres et vice versa.

Malheureusement, la plupart des jobs qui pourraient correspondre à mes horaires et qui ne nécessitent pas de spécialisation particulière requiert la majorité.

Cette barrière de l'âge est bien plus pénible que je ne le pensais.

Je finis par cliquer sur le lien d'un petit restaurant à la devanture accueillante et plaisante à mi chemin entre mon école et le duplex.

Ils sont à la recherche d'une serveuse en renfort pour les week-ends et pour les fermetures en semaine lorsque cela est nécessaire.

Tout de suite très intéressée, je m'empresse de glisser ma lettre de motivation afin d'avoir un rendez-vous dès que possible, j'espère qu'ils me recontacteront !

Je rabats mon écran d'ordinateur et fait face à deux enfants qui se chamaillent pour avoir un jouet. A bout de force et de geignements, ils tirent chacun l'un et l'autre sur l'une des extrémités.

Qu'est ce que les enfants m'insupportent...

Je me cache souvent de le dire, surtout devant ma mère qui ne cesse de me répéter à quel point elle veut être grand-mère. Mes anciennes amies ne comprenaient pas cette réticence à l'idée d'en avoir.

J'ai cette impression que pour beaucoup, le but ultime d'une vie est de fonder une famille, un petit foyer avec des êtres à quatre pattes qui courent partout.

Je ne vois pas les choses de cette façon.

Peut-être ceci est-il lié à mon enfance ?

Je n'en sais rien.

La petite à la chevelure fauve finit par se mettre à pleurer car son frère a réussi à lui retirer son jouet des mains et c'est ce moment que la mère choisit pour porter sa gamine et s'en aller avec ses deux enfants qu'elle semble adorer.

Je retrouve enfin un havre de paix.

Après mes cours, j'ai l'habitude de m'arrêter dans un parc pour profiter des derniers rayons du soleil de la journée. Une habitude que j'avais déjà à Londres et que je ne pouvais m'empêcher de perpétuer à New York.

Je profite une dernière seconde de la fine chaleur que crée les éclats de lumière sur ma peau. Assise sur l'herbe et non sur les bancs comme la plupart des gens, je me relève et défroisse ma jupe bleutée.

Il fait encore chaud, seule une légère brise vient caresser les feuillages des quelques arbres qui entourent l'étendu de gazon. Le chant des oiseaux viennent s'accorder à ce petit bout de nature. C'est apaisant, reposant. Impression qui contraste avec le centre de New York pourtant si bruyant.

J'ai promis à Alex que j'irais la voir à l'un de ses cours d'improvisation. J'ai finalement choisi ce moment pour y aller.

Je ramasse mes affaires et les range dans mon sac avant de prendre la direction de son école.

Une bonne trentaine de minutes plus tard, j'arrive face au guichet qui, je suppose, est l'accueil de l'établissement.

Derrière lui, une dame apprêtée d'un tailleur blanc qui s'oppose à ses cheveux noirs semblables aux plumages des corbeaux. Elle semble absorbée par ce qu'elle lit sur son écran d' ordinateur.

All around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant