22. Escapade mouvementée

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J'ai toujours apprécié les belles maisons.

Et par apprécier, j'entends les observer.

M'imaginer vivre à l'intérieur , écouter leurs histoires, leurss vibrations, ce à quoi elles aspirent.

Comprendre le choix des matériaux, le temps qu'a pu prendre la conceptualisation, la construction. 

La maison telle une œuvre achevée que l'on vient exposer aux yeux de tous. Certains s'arrêteront pour les regarder, d'autres passeront devant sans même y prêter attention.

Vivant dans la banlieue londonienne, la mienne était victorienne avec son porche et son bow-window, pas très grande à côté de celles qu'elle avoisinait mais élégante avec une âme.

Je me plaisais souvent, lorsque je me baladais notamment, à m'imaginer dans une de ces demeures des beaux quartiers.

Celles qui d'extérieur donnent cette impression que la vie à l'intérieur est parfaite.

Un couple marié, heureux qui ne se dispute pratiquement jamais, avec deux, trois enfants qui gambadent dans le jardin en compagnie de leur golden retriever.

Une sorte d'histoire avec une fin heureuse que l'on raconte aux enfants avant de s'endormir.

Une histoire que l'on raconte avant qu'ils ne deviennent trop grands et comprennent que cela ne leur arrivera peut-être pas.

Une histoire qui lorsqu'elle est vécue et déviée nous conduit à voir nos semblants de perception s'envoler.

Et qui finit par nous conduire indéniablement à voir nos rêves s'en aller.

"Pourquoi mentir, je connais déjà la vérité" Avais-je demandé à Caleb alors que nous nous étions assis sur le toit de la maison qui était accessible depuis la fenêtre du grenier.

C'était notre échappatoire à lui et moi.

Ici nous n'entendions pas les cris des parents.

Nous n'entendions pas non plus la chute affreusement lente dans laquelle notre père sombrait.

Il n'y avait que lui, moi et le ciel étoilé.

"Parfois, il vaut mieux être bercé d'illusions que d'être confronté à la réalité" m'avait -il répondu.

J'avais dix ans, il en avait quatorze.

Et déjà à cet âge, nous savions qu'il n'y avait pas de fin heureuse pour l'histoire de nos parents.

La maison de l'oncle Marco est aussi belle d'extérieur que d'intérieur.

Chacune des pièces a été décorée avec goût, avec soin. Une harmonie que l'on retrouve entre chaque mur.

Quelque chose de réchauffant, accueillant se dégage de l'endroit. C'est comme si la maison possédait une âme.

Elles en possèdent toutes une d'après ma mère.

Le jardin, quant à lui, offre une vue superbe sur la mer et ce qui s'apparente à de petites montagnes, on peut l'observer via la piscine chauffée qui donne envie de plonger dedans tant l'eau est claire et attrayante.

Caleb et moi nous sommes vu attribuer une chambre. Je ne sais pourquoi l'oncle Marco en possède autant, cinq en tout alors qu'il ne semble posséder ni femme ni enfants.

Peut-être a- t- il voulu conserver l'étage en l'état, le papier peint semble dater de plusieurs années déjà.

D'ailleurs, c'est dans ma chambre, que l'on retrouve une sorte de graduation tout le long de l'encadrement de la porte comme si des enfants s'y étaient mesurés au fur et à mesure de leur croissance.

All around meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant