𝐉𝐔𝐒𝐐𝐔'𝐀 𝐂𝐄 𝐐𝐔𝐄 𝐋'𝐎𝐍 𝐒𝐄 𝐑𝐄𝐓𝐑𝐎𝐔𝐕𝐄

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Achilles descendit l'escalier poussiéreux de l'entrée Est 3, respirant bruyamment à cause de son épais masque en fer. Ses pas produisaient un son sec, tel un lancé de sable sur un sol de marbre. Tout semblait particulièrement singulier, personnel, c'étaient des moments qu'Achilles vivait seul. Seul, chaque bruit n'était qu'une réflexion de son existence, chaque chose qu'il voyait n'était offerte qu'à sa vue à lui. Derrière son masque lourd, cependant, aucune odeur ne parvenait à ses narines. Cette barrière de fer l'isolait du monde avec un malin plaisir, au départ cela avait été angoissant, être privé d'un de ses sens était un sentiment désagréable qui menait souvent à une impression de vulnérabilité. Achilles détestait être vulnérable.

Quand il arriva à la fin des escaliers, le jeune garçon déboucha dans une petite pièce modestement meublée. Cette salle semblait refuser l'apport de couleur, celle-ci était scindée en deux, séparée par un mur et pour seul passage une porte massive à l'allure imposante. Seule une cheminée décorait la première partie de la pièce, un peu de bois et du papier étaient mis à disposition et une centaine de boîtes d'allumettes étaient alignées et empilées sur le rebord épais de la cheminée.

Achilles s'empara d'une des boîtes qui était déjà entamée et posa plusieurs bouts de bois et de papiers dans la cheminée. Dans un bruit clair et velouté la petite allumette se décora d'une flamme orangée, dansant dans l'air comme si elle n'avait été fabriquée que pour offrir ce spectacle à la vue de celui qui la tenait. Mais Achilles avait déjà vu ce spectacle si bien que le dandinement de la lumière le rendit indifférent et bien vite la danse symbolique de l'allumette cessa quand elle rencontra un bout de papier dans la cheminée.

Peu à peu la flamme engloutit le papier, le noircissant, affirmant sa domination, s'attaquant aux bouts de bois. Elle ne dansait plus pour plaire, désormais sa danse n'était là que pour montrer sa supériorité. Victorieuse, indomptable, elle brillait, prenant sa teinte rouge aux nuances chaleureuses. Le crépitement du feu n'était que son chant de gloire, c'était un rituel, une fierté, la flamme avait vaincu et dans sa guerre elle était devenue un feu brûlant et menaçant.

Le feu non plus n'était pas inconnu à Achilles, ces flammes mouvantes ne le captivaient plus comme avant. Il se déshabilla rapidement, gardant uniquement son masque qui lui pesait. Puis sans y prêter grande importance, il jeta ses habits dans le feu. Un nouveau défi pour l'élément destructeur qui s'attaquait déjà au coton rugueux des habits sans propriétaire qui se soumettait face à la puissance des flammes.

Le garçon ouvrit alors la porte, porte appelée antivirus. Il entra à la l'intérieur et traîna ses nombreux sacs de toiles remplis au maximum puis la referma derrière lui et sentit chaque parcelle de son corps se faire aspirer. La porte était une merveille des sciences, par un phénomène complexe elle détectait tout virus et envoyait des cellules pour tout simplement éliminer le virus. La porte ne s'ouvrira que lorsque le corps sera éliminé de n'importe quel virus. La première fois Achilles avait paniqué, cela prenait longtemps, le froid était mordant, le masque lourd et stressant, Achille avait failli paniquer. Pourrait-il un jour rentrer ? Mais la porte s'était ouverte et les battements de son cœur s'étaient calmés. Ainsi, le jeune garçon attendait toujours et quand la porte s'ouvrît il se dépêcha de sortir avec ses sacs, entendant le vibrement caractéristique de la porte qui se refermait derrière lui.

Ce n'est qu'après avoir entendu ce vibrement et vérifié que la porte était fermée qu'il enleva son masque. Achilles prit de grande goulée d'air, regardant son masque d'un regard noir. L'autre côté de la pièce était un peu plus joyeux concernant les fournitures que la précédente. Une rangée de petits casiers carrés y résidait, tous de la même couleur crème maussade que les murs et le sol.

Achilles composa son code sur son casier et un petit bruit indiqua que les verrous s'étaient ouverts et que le casier pouvait être ouvert. A l'intérieur résidait que très peu de choses, des habits propres que le jeune garçon se dépêcha d'enfiler, et un petit sachet de baies souterraines qu'il prit. Il déposa dans son modeste casier son masque et ses ustensiles de chasses et de pêches qu'il avait récupéré d'un des sacs de toiles. Il referma le casier, composa son code et s'éloigna qu'après avoir vérifié que le casier était fermé, le masque ayant coûté une fortune.

𝐉𝐔𝐒𝐐𝐔'𝐀 𝐂𝐄 𝐐𝐔𝐄 𝐋'𝐎𝐍 𝐒𝐄 𝐑𝐄𝐓𝐑𝐎𝐔𝐕𝐄 | [ᴏɴᴇ ꜱʜᴏᴛ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant