ATMOSPHÈRE: "Shadow preachers, Zella Day" ♪
Entendant le médecin m'appeler, je revins à moi non sans mal, clignant des yeux plus de fois que je nécessaire, retrouvant peu à peu mes esprits. J'étais de nouveau à l'hôpital, mais cette fois-ci, huit ans plus tard.
— Ou... Oui ? répondis-je, le ton incertain, à mon médecin.
— As-tu au moins écouter ne serait-ce qu'une bribe de cette conversation, Lara ? me demande ma mère.
Je tourne la tête vers elle, m'apercevant de la mine agacée qui se dessinait maintenant sur son visage. Cela me changeait de celle habituelle, lorsqu'elle me regardait avec pitié. A vrai dire, j'apprécierais presque qu'elle soit en colère contre moi à cet instant précis.
Je secoue négativement la tête en guise de réponse, ce qui provoqua un soupir de sa part.
— J'étais en train de t'expliquer, Lara, que nous allons devoir doubler ta dose ; visiblement, l'actuelle ne suffit pas.
Je cesse de l'écouter. Ce psychiatre me rendais vraiment dingue. Déjà, étant gosse, je ne le supportais pas, et je le supportais encore moins maintenant. Plus je venais ici, plus j'avais l'impression de perdre un peu plus de moi-même.
Chaque médicament ajouté, chaque gorgée que je prenais en avalant un comprimé me changeait.
Pour le moment, j'en étais à cinq et il voulait encore m'en ajouter ? Voulait-il m'aider, ou bien me tuer ?
J'avais cette impression d'être dans un de ces films hollywoodiens où l'on aperçoit les médecins demander au patient de faire un décompte afin qu'il s'endorme sur la table d'opération.
Dans mon cas, j'avais déjà perdu le compte à trois et ensuite ce n'était plus qu'une épave de moi-même qui se tenait debout. Dénuée de toute émotion. Mes gestes et actions se faisaient machinalement. Mon cerveau se mettait sur pause et j'avais l'impression de n'être rien de plus qu'un vulgaire pantin perdant tout contrôle sur sa propre vie.
Trois, trois petites secondes et je n'existais plus.
— Lara, je...
— C'est bon, le coupai-je. J'ai compris, je n'ai pas le choix. Enfin si, rigolais-je amèrement, je peux choisir de prendre ces comprimés ou bien de me retrouver dans un asile de fou. N'est pas, Docteur M.
M. Pour le mal incarné. Tatoué de tout son corps, il portait une simple chemise noire recouverte de sa blouse blanche avec en- dessous, un pantalon de costume. Malgré son corps caché par sa tenue professionnelle, son cou ainsi que ses mains restaient à découvert, dévoilant ce qu'il était réellement.
À travers ses yeux verrons, je pouvais apercevoir les flammes de l'enfer. L'un était d'un bleu pur, aussi clair que l'océan, ressemblant aux portes du paradis. Quant à l'autre, il était brun foncé, presque noir, comme ses cheveux toujours ébouriffés et sa barbe mal rasée.
Je ne les avais jamais vus lisses ni coiffés correctement d'ailleurs. À l'intérieur de cet iris en particulier, je pouvais voir comme un petit point lumineux tel une flamme qui me dirigeait tout droit vers les profondeurs des abysses.
De sa carrure imposante, il se redressa soudain. Je pus voir les veines de son cou, dissimulées sous ses tatouages, palpiter. Ses biceps quant à eux se contractèrent sous sa chemise mal repassée.
Il croisa ses mains recouvertes d'encre noire sur le bureau, me fixant dangereusement du regard.
Il détestait ce petit surnom, tout comme moi, je le détestais de me faire subir tout ça.
Un médecin, c'est fait pour soigner les patients, pas pour les rendre cadavériques. J'avais l'impression d'être morte une fois sous l'effet de ces foutus médocs. Et grâce à ma réflexion, il venait tout juste de m'ouvrir la porte des enfers.
Je me déteste parfois de ne pas savoir tenir ma langue, mais c'est plus fort que moi. Tout particulièrement avec lui qui pensait me connaitre et m'aider depuis cinq ans maintenant. Depuis que le Docteur F. Alias « froussard » avait disparu. Dès qu'il avait vu mon état, il avait déguerpi aussi vite que mon avenir. Remettant, par la même occasion, mon dossier entre les mains de James Stevens. Alias, monsieur M.
Il se racla la gorge avant de poursuivre.
— Je peux comprendre que tu ne sois pas d'accord avec mes pratiques, mais comme tu l'as dit toi-même, tu n'as pas le choix.
— Le libre arbitre, vous connaissez? demandai-je.
— Te souviens-tu de comment tu réagis quand tu l'obtiens?
Je serre les dents. Il savait tout de ma vie, de mes crises. Il savait tout de moi et s'en servait pour me faire taire.
Un mauvais sourire se forma au coin de mes lèvres ; m'imaginer lui arracher la tête à cet instant était un beau spectacle.
Il passa une main dans ses cheveux d'ébènes, avant de me regarder, à nouveau, en ouvrant la bouche pour poursuivre, mais il la referma aussitôt coupé par ma mère qui mit fin à la discussion en se levant d'un bond.
Elle prit l'ordonnance posée sur le bureau du psychiatre, se contentant d'un simple «à bientôt» accompagné d'un signe de tête en guise de remerciement avant de quitter la pièce.
Je ne me fis pas prier pour la suivre à mon tour, n'oubliant pas de foudroyer mon interlocuteur du regard. Il fronça les sourcils, levant ensuite les yeux au ciel.
— C'est ça... Regardez vers le ciel. De là où vous êtes, vous ne l'atteindrez jamais, murmurai-je.
Il leva un sourcil interrogateur tout en soutenant mon regard. Il m'avait entendue, mais je m'en foutais royalement. D'un autre point de vue, je ressemblais peut-être à une gamine. C'était peut-être parce que depuis mes 13 ans, quand ce foutu James Stevens avait débarqué dans ma vie, je m'étais arrêté de grandir.
Comme si toutes les années suivantes n'avaient été qu'illusion et que j'avais gardé mon âme d'enfant meurtrie. Je m'étais toujours comportée de façon immature avec lui parce qu'il me rappelait sans cesse l'enfant vulnérable que j'avais pu être.
Sans attendre de réponse de sa part, j'ai refermé la porte derrière moi dans un claquement et suivi ma mère jusque la voiture.
Une fois à l'intérieur, j'ai posé ma tête contre la vitre, regardant le paysage défiler devant moi. Je regardai ces oiseaux voler, espérant qu'un jour, moi aussi je pourrai prendre mon envol. Le calme avait envahi l'habitacle. À vrai dire, aucune de nous deux ne voulait parler et je préférais ça.
J'ai fermé les yeux dans un soupir d'aise, profitant de l'heure à venir pour me reposer. Je voulais juste dormir... Pitié, laissez-moi dormir.
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LA VERITÉ MENT TOME1
Teen Fiction"𝐽'𝑎𝑖 𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑑𝑢 𝑑𝑖𝑟𝑒 𝑞𝑢'𝑖𝑙 𝑛'𝑒𝑥𝑖𝑠𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑑'𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟 𝑠𝑎𝑛𝑠 ℎ𝑎𝑖𝑛𝑒 𝑒𝑡, 𝑝𝑒𝑢 𝑎̀ 𝑝𝑒𝑢, 𝑗𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑎̀ 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑣𝑟𝑎𝑖." Lara Blake, jeune adulte déjà bien rodée par la vie...