LA VERITÉ MENT TOME1

CHAPITRE 40

ATMOSPHÈRE : «Haunted, Isabel Larosa » ♪

Ma main agrippa le volant de justesse voulant éviter une voiture venant d'en face. Cela faisait maintenant plusieurs heures que je roulais. Je ne savais pas où j'allais, je savais simplement qu'il fallait que je continue à rouler.

La fatigue commençait à prendre le dessus et la route s'étirait devant moi, déserte. Mais Enzo rôdait encore et je ne voulais pas risquer de me faire repérer. Je savais que je devais agir vite. C'était moi qu'il voulait et je n'allais pas lui rendre la tâche facile. Je m'étais arrêtée quelques heures plus tôt seulement pour appliquer un bandage sur ma jambe blessée et avait repris la route directement.

— Fait chier putain...

Je passai mes mains sur mon visage, essayant de me réveiller. Un accident.. S'ils pensent que je suis morte..

Je venais de trouver la solution ou, du moins, de quoi me faire gagner un peu de temps. Je m'arrêtai sur le bas-côté, prenant l'un de mes canifs en main. Si je voulais que mon plan marche, la scène devait être plus que réaliste. Enzo était intelligent et moi j'avais été trop insouciante. J'avais négligé l'une des règles les plus importante ; « ne jamais sous-estimer son ennemis » et je ne comptais pas refaire cette erreur.

Après avoir pris une grande inspiration, je m'entaillai la main, éparpillant mon sang sur le volant, le tableau de bord ainsi que sur les sièges. J'ai reculé ma tête pour observer la scène théâtrale et, le 4x4 donnait désormais l'impression qu'un sérial killer y était entré.

Je pris le sac à l'arrière, venant y disposer toute arme en tout genre qui traînait dans le véhicule. Je ne remercierais jamais assez Alaric d'avoir pensé aux départs en missions non prévus et d'avoir laissé des armes à l'intérieur. Une fois le sac fait, je le lançai au bord de la route. Il ne me restait plus qu'à foncer droit dans le mur.

Le pied de biche reposant sur le siège passager, mon cœur battait la chamade dans un mélange d'excitation et de peur. Je fis tourner la clef du moteur, agrippant le volant avec force prête à foncer tout droit. J'avais déjà entendu dire qu'il fallait plus de courage pour abandonner que pour continuer de vivre et je venais de comprendre à quel point cette phrase était vraie.

Accéléré, pied de biche sur le levier de vitesse, sauter.

Dit comme ça, ça paraissait simple, mais c'était risqué. À tout moment, je risquais de rater mon coup et de me prendre réellement ce mur en pleine face. Néanmoins, ma mort serait brutale, et je ne sentirais rien. Quoi qu'il en soit, je devais le faire, je devais me battre. Ils s'étaient sacrifiés pour me sauver la vie, et je comptais vivre pour eux.

Je fixai l'accélérateur, mes doigts tremblant en saisissant le pied de biche. Je le bloquai en position maximal, sentant la voiture rugir sous moi.

Je n'allais pas reculer, je ne voulais pas cavaler toute ma vie à l'intérieur de cette voiture. J'allais faire le reste à pied avant de trouver un plan potable. Il me fallait juste un peu plus de temps.

Mon cœur battait plus fort, me préparant à sauter. Le pied de biche glissa entre mes doigts et je m'élançai hors du véhicule. L'asphalte défila sous mes pieds, le vent fouettant mon visage laissant derrière moi le bruit du moteur enragé. Mes jambes fléchissent, et je bondis.

L'instant d'après, la voiture percuta la bâtisse au bord de la route. Un fracas assourdissant résonna dans l'air. Des débris volèrent en éclats, et la poussière s'éleva. Je roulai sur le sol, me protégeant le visage de mes bras. La chaleur de l'impact me parvint et je savais que j'avais réussi.

Le crash l'avait réduite en miettes. Il n'en restait plus qu'une vulgaire carcasse pliée en deux avec des bouts de verres éparpillés aux quatre coins de la route. De la fumée noire s'en dégageait ce qui allait certainement alerter les secours. Je devais faire vite.