CHAPITRE 6

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ATMOSPHÈRE : « No time to die, Billie Eilish »

Nous avions loupé la sortie depuis plusieurs minutes déjà.

Je ne le voyais pas faire demi-tour, ni se diriger vers une autre route pour rejoindre son cabinet. Ayant déjà fait le chemin avec ma mère plus de fois que nécessaire, je le connaissais par cœur et même s'il m'avait sauvé la vie, je ne connaissais rien de lui. Rien ne me disait qu'il n'avait pas décidé de m'enlever pour me séquestrer dans son sous-sol.

Je tentai malgré tout de garder une attitude impassible, analysant chaque panneau, chaque tournants dans le cas où je devrais m'enfuir..

— Où tu m'emmènes ? décidai-je tout de même de lui demander.

Il se mit à froncer les sourcils, ne comprenant peut-être pas ma question. Il m'avait dit que je passerais la nuit chez lui, mais nous ne prenions absolument pas la bonne route.

— Chez moi, je te l'ai dit.

— C''est pas la bonne route, lui fis-je remarquer.

Il jeta un œil dans ma direction avant de regarder à nouveau la route et un sourire narquois rejoignit ses lèvres.

— Perspicace.

— James, réponds à ma question.

— Je ne passe pas ma vie dans mon cabinet, Lara. J'y dors, parfois, mais loin de moi l'idée d'y vivre. Je t'ai dit que tu dormirais chez moi, pas que tu y passerais la journée.

Je fronce les sourcils. Ce fut à mon tour de ne pas comprendre où il voulait en venir.

Il soupire, terminant sa phrase.

— Je vis à Dallas.

Dallas se trouvait à plus de vingt heures de route de Los Angeles. Je comprenais donc pourquoi il avait insisté sur le fait que j'y dormirais.

Je me sentis soudain gênée. J'avais tiré des conclusions hâtives sur un homme qui m'avait sauvé la vie et qui m'offrait un toit. Ma mère m'aurait giflé si elle était toujours là.

— Je...Désolée...dis-je doucement.

— Pas la peine, tu repars demain matin.

— Comment ça? Partir où ? Le questionnai-je, perdue.

Il se mit à rire.

— Tu penses peut-être que j'allais t'héberger pour une durée indéterminée ? Désolé, mais j'ai mieux à faire que de chaperonner une gamine.

Évidemment, il ne va pas s'encombrer d'un poids, je me suis fait des idées.

Mon répondant se fit la malle et je me contentai d'hocher la tête, ravalant mes larmes en reportant mon attention sur le paysage qui défilait devant moi. Et cette sensation d'être importante, d'enfin compter pour quelqu'un était déjà partie.

— Je...Je suis censée partir où demain ?

—Il y a un centre pour jeunes orphelins à Manhattan , je t'y ai inscrite quand tu étais encore endormie.

J'acquiesce en silence, posant ma tête sur la vitre. De toutes manières, je n'avais visiblement pas le choix, et pas d'autres options.

Le silence planant à nouveau autour de nous, il s'alluma une énième cigarette dont la fumée enveloppa l'habitacle avant d'allumer la radio tentant de combler le malaise qui s'était installé.

Je ferme les yeux aux premières notes de « No time to die » de Billie Eilish, murmurant ses paroles.

—That I'd fallen for a lie, you were never on my side. Fool me once, fool me twice, are you death or paradise? Now you'll never see my cry. There's just no time to die...

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant