Alexandra
Garden Street,
Boston, Etat du Massachussetts
— Lexie ? Lexie, tu m'entends ?
La voix de mon père me parvient au loin, derrière les brumes de mon cerveau qui essaie de remettre en place les morceaux du puzzle que représente ma soirée.
— Ça ne peut plus durer, Christian. C'est la troisième fois en moins de deux mois... prononce une voix que je connais bien.
Mon père soupire de lassitude.
— Elle a besoin d'aide ! Il faut que tu la laisses partir, maintenant...
Mon bras tressaute nerveusement et j'écarquille les yeux dans une supplique pour les dissuader de prendre cette décision.
Alors que ma tête me hurle de me lever, mes membres refusent d'obéir. C'est comme si je flottais hors de mon corps et que je pouvais voir et entendre ce qui se passe, sans être capable de réagir.
Je commence pourtant à connaître ces sensations étranges. Ce n'est pas la première fois que j'avale ce petit cachet à l'effet engourdissant.
La pièce, bien trop grande et bien trop blanche avec ses immenses plaques de granit et ses murs aveuglants, commence à tanguer devant mes yeux. La nausée ne tardera pas à arriver.
— En tant que médecin, Christian, tu dois comprendre mieux que quiconque ce que je veux dire ! Ta fille devient incontrôlable. C'est un établissement de repos, pas un asile ! Elle a besoin d'être suivie. Ses excès ressemblent à des tentatives de suicide, même si elle assure que non !
— Elle ne me le pardonnerait jamais...
Pitié papa, non ! Ne m'emmène pas là-bas ! Ne m'enferme pas ! Je ne suis pas folle !
Je hurle dans ma tête et pourtant aucun mot n'arrive à sortir de ma bouche. Je me débats intérieurement luttant contre ce poids qui m'assomme de plus en plus.
— Elle n'a pas besoin d'apprécier ! Alexandra a besoin d'être sauvée !
La voix de Lauren devient de plus en plus inintelligible et je ne distingue bientôt plus qu'un bourdonnement strident avant de sombrer dans le néant.
***
— Allie, réveille-toi...
Cette voix qui murmure à mon oreille... C'est impossible ! Cela ne peut pas être elle. Je jurerais pourtant que son léger parfum de jasmin flotte dans l'air et embaume la pièce. Et elle était la seule à me donner ce surnom. Allie...
Même si je sais qu'il s'agit d'une hallucination, un fol espoir m'incite à me relever et à m'asseoir sur mon lit, si vite que je dois retenir ma tête douloureuse de mes mains. Le sang bat à mes tempes et mon cerveau menace d'imploser. Un soleil bien trop lumineux baigne la pièce et se reflète dans le miroir en pied au bout du lit.
— Alexandra ?
Lauren passe la porte, suivie de mon père. Immédiatement, je sens se profiler un orage bien plus dangereux que celui déjà installé en moi. S'asseyant sur le couvre-lit en jacquard, elle me sourit comme à un enfant malade. J'ai beau essayer, il m'est impossible de ne pas la détester. J'attrape le verre d'eau qu'elle me tend et essaie d'en avaler une gorgée, mais la nausée qui m'assaille est trop forte. Mon estomac est vide depuis plus de quinze heures, c'est donc de la bile qui monte en me brûlant la trachée. Je vomis presque sur le couvre-lit et tousse en essayant d'avaler ma salive. Lauren me tend une serviette pour que je m'essuie la bouche et nettoie mon édredon. Visiblement, ma belle-mère avait prévu le coup.
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You kill me Boy (Publié Chez HUGO ROMAN en 2018)
Romance"- Pourquoi ? Cette fois, c'est la voix d'Austin qui retentit à mes oreilles. Je me force à le regarder en face. - Parce que tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches ; méprisables et sensuels. Je...