- Mais Ciele ! Il n’y a que toi pour faire des choses comme ça !'' Un éclat de rire, le bruit de verre qui s’entrechoquent.
- Je te jure Vic, il est tombé, mais c’était tellement drôle, j’ai fini par l’aider, mais je riais tellement fort que j’arrivais pas arrêté.
- J’aurais voulu voir ça je te jure.Comment je passe de cette triste histoire du début, à rire avec une autre ?
C’est assez simple, j’ai fini par atterrir dans un centre d’aide pour jeunes, puisqu’il ne me resté qu’une année d’attente, j’ai demandé mon émancipation qui a été prise en compte très vite, l’accord parental n’a pas été longue à attendre, je me suis trouvé des petits jobs pour vivre, je dois avouer que ça a été dur de travailler au début, moi qui avais l’habitude de l’argent, qu’on soit à mon service, finalement je me suis retrouvé à la place de Miranda.
Je me suis pas fait beaucoup d’amis au début, c’était difficile, ça aussi, interagir avec les autres, le temps d’adaptation dans une société qui n'est pas la mienne, ils ne sont pas riches, ils ne sont pas pauvres, ils sont comme moi.Je leur ai raconté ma vie, comment j’en suis arrivé là, ils m’ont raconté la leur. J’ai compris qu’on n’était pas différent, je leur ressemble plus que toutes ces personnes que j’ai eu vent d’avoir dans mon entourage avant.
Et si je donnais un peu de mes nouvelles?Je ne peux plus jouer de piano, l’articulation de mes doigts à été prise en charge en retard, ça me chagrine j'aime beaucoup cet instrument, mais j’ai trouvé d’autres hobbys.
J’aime le maquillage et les habits, j'ai découvert une certaine passion pour les réseaux sociaux, pas mal de gens m'envoient des messages de soutien ou encore des remerciements d'être seulement moi, après tant de photos, j'ai fait un peu de pub pour certaines parties de mon corps, les mains, les pieds, ou même encore mon dos, je me suis tellement amuser, que j'ai finalement poussé plus loin dans mes recherches.J’essaie de rentrer dans une agence de mannequinat depuis un mois, ça ne m’empêche pas de travailler à côté, je suis en colocation avec un couple que je trouve absolument adorable, j’aide pour la location de leur appartement, on est du même âge, on n'a pas mal de points communs et on s’entend bien.
D’ailleurs, Vic, enfin Victoria, c’est la petite de Fred, mes deux colocataires, après mon petit travail de la supérette, on aime se rejoindre à l’extérieur boire quelques verres, décompresser de la semaine, et nos amis nous rejoignent toujours plus tard.- Ciele, je trouve que ce haut te va trop bien. Tu l’as acheté où ?
- Sur un site, j’ai trouvé plein de débardeurs et des petits crocs top vraiment beaux ! Je te montre en rentrant.'' Lui montrant mon téléphone avec le site ouvert.
- Tu crois qu’ils vont en avoir pour longtemps encore ?'' Victoria gonfle ses joues, de nature impatiente ça fait bien quinze minutes qu’on est là.
La musique de fond est douce, l’endroit est calme, la couleur beige des murs donne cet aspect apaisant à ce lieu, les tables bleues font contraste, plusieurs tableaux de portrait, je reconnais Picasso, le visage de Beethoven, un portrait d’une vieille femme sur le profil. Les peintures, plus ou moins grande, habille les murs et je trouve ça à mon goût.
C’est ici que j’ai trouvé mon premier emploi, le patron est vraiment gentil, je me suis présenté pour la première fois en débardeur et un jean slim, un trait de khôl sous les yeux, un rouge à lèvres rose qui pulpe mes lèvres, je pense lui avoir tapé dans l’œil, mais ce n’est pas mon cas de mon côté malgré que je le trouve très bel homme pour son âge.
Malgré sa gentillesse, après quelques conflits avec certains clients qui trouvaient inadmissible que je travaille là, Serge m’a dit qu’il ne pourra pas reconduire le contrat, bien sûr ça ne m’empêche pas d’apprécier sa personne et de le trouver honnête.
La méchanceté des gens, ça, je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée qu’elle existe. C’est vrai que pendant des années j’étais ligoté à une prison d’or, je ne m'étais jamais aperçu que le monde extérieur pouvait être si ignoble. Je n'avais pas vraiment accès aux réseaux sociaux ou de côtoyer les gens qui n'était pour mes parents pas de leurs mondes. Les insultes, les regards de travers, les sous-entendus sexuels comme si le trottoir était ma place. Mais non, je ne vendrai jamais mon corps, je ne suis pas comme ça.
Je me respecte trop, je m’aime trop, pour devenir un bout de viande qui passe de main en main, jamais j’ai eu l’idée de finir mal, non, ça ne me représente pas, je ne suis pas ce genre de personne qui laisse tomber, on peut dire que j'ai un caractère bien trempé, trop sur de moi et sans honte. Et ils ont absolument raison. C’est fini le temps où je devais me cacher, on m’accepte comme je suis aujourd’hui, sinon je trace mon chemin.
Les gens, je les vois comme des êtres éphémères, c’est comme des mirages, un jour ils t’aiment, un jour ils disparaissent.
Il faut juste savoir prendre les leçons qu’il nous apportent pour pouvoir être plus fort et ne pas reproduire le même schéma, tourner en rond, ce n’est pas ma philosophie, avancer tête fière et haute, je n’ai pas honte.
- Hello tout le monde ! Serge ? Ont est tous là.'' S’exclame Frédéric, serrant dans le dos Victoria, un baiser dans le cou, et s’installe à côté d’elle, main dans la main sur la table.
- Arrêtez tous les deux. On a compris que c’était les bisounours chez vous mais quand même, penser un peu aux célibataires !'' Roule des yeux Annie, un peu plus âgée que nous, un brin de folie, et sa voix cristalline. Tu me rends jalouse avec ce haut là, ça te va magnifiquement bien ! Tu es splendide ! Me dit-elle en terminant son verre d'une traite.
Ce sont ses mots là, que j’aime entendre, elle ne dit pas, beau ni belle, juste magnifique et splendide, et ça me touche toujours autant de voir tous leurs efforts, je sais que parfois c’est compliqué pour parler, quand on à pas l’habitude, mais je remercierais jamais assez de le faire tous les jours.
-suite-
VOUS LISEZ
Ciele
Short StoryMon éducation m'a appris à marcher, parler, m'habiller, sourire, être aimable, éduquer. Évidemment, vous pensez bien que c'est ce que j'ai fait. Même si je ne suis pas à l'aise, m'effacer, je me suis rangé dans la bonne conduite qu'on m'a ordonné.